Manche : appréhender la spécificité des marais
Le 28 juillet dernier, le préfet de la Manche, Jacques Witkowski, s'est déplacé sur l'exploitation de Pascal Férey, président de la Chambre d'agriculture de la Manche, où il a été question de la particularité des marais et bien d'autres sujets agricoles avec les responsables de la profession.

llll Un président de Chambre d’agriculture et représentant syndicat est avant tout un agriculteur. C’est ce que Pascal Férey avance. S’il est de « tradition d’inviter tout nouveau préfet chez moi, de venir voir le cadre où je travaille avec mon épouse » comme le précise Pascal Férey, cette visite permet d’aborder une multitude de sujets. Ce fut le cas après la visite de l’exploitation. Remembrement, drainage, réserve écologique, gabion, et surtout les typicités des marais.
Un tour dans les champs
Cet agriculteur qui s’est installé il y aune trentaine d’années à Saint-André-de-Bohon, a évoqué son quotidien et ses préoccupations. Un passage par les bâtiments a été l’occasion de parler de mise aux normes, un tour dans les champs a permis d’échanger sur la biodiversité et de soulever la problématique des drainages. Un sujet qui fait résonnance avec l’entretien des cours d’eau. « Aujourd’hui, nous n’aurions plus droit de drainer comme nous l’avions fait » précise l’éleveur.
Un enjeu de gestion
Entouré des représentants agricoles du département, Pascal Férey a conduit le groupe jusqu’à la réserve de Bohon, une réserve de 265 ha de prairies humides et tourbeuses. Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) des marais du Cotentin et du Bessin, elle est également zone humide d’importance internationale… Sur ces zones, les gabions se sont multipliés. Des zones où l’activité agricole n’est pas évidente. « Des hectares ont quitté l’agriculture au profit de la chasse » souligne Pascal Férey. La propagation des sangliers de manière assez conséquente a agacé également les paysans. Et Pascal Férey prône pour un agrainage après le 15 août et une battue en novembre. Une demande prise en compte par Jacques Witkowski.« Ce territoire a une vocation économique. La production de fourrage, la production laitière représentent une valeur. On tient à défendre cette spécificité. On ne veut pas être le garde-manger de la nature, de la faune sauvage… On veut bien l’entretenir, y participer mais d’abord y avoir une production agricole » martèle-t-il.
Ne pas faire flamber le foncier
A quelques centaines de mètres, les Roselières des Rouges-Pièces présentent également un intérêt écologique. Quand les collectivités souhaitent acquérir des parcelles pour des compensations écologiques, le responsable syndical n’y est pas opposé à condition que cela se fasse dans de bonnes conditions. Il dénonce l’attitude du conseil départemental qui a sollicité les propriétaires, prêt à leur acheter des hectares non pas à 1 500 €/ha mais à 3 000 €/ha. « Pour des besoins d’urbanisme et des travaux d’intérêt collectif, le prix a augmenté. Nous n’attendons pas de la collectivité de faire flamber le foncier. Nous avons déjà beaucoup de peine à garder des propriétaires en zone humide » argumente Pascal Férey.
Les réserves régionales
En plein cœur du parc des marais, une réserve régionale a été définie. Pascal Férey souhaite que le nouveau président région s’y déplace pour voir l’entretien parce que c’est en friche. « Ce sont des terres éligibles à la PAC. Et pour les agriculteurs, ne pas entretenir est synonyme de sanction. Nous ne voulons pas une iniquité de traitement » rappelle-t-il. En septembre, il préconise une visite de terrain pour se rendre compte de la situation. Au final, cette visite a permis au président de la Chambre d’agriculture de passer des messages avec les JA et la FDSEA au représentant de l’Etat. « C’est une visite à usage professionnel » conclut-il.