Manche : les élus rejettent le découpage de la préfète
Réduire le nombre de communautés de communes à 5 au lieu de 27 n’est pas du goût des élus du conseil départemental de la Manche. A la majorité, ils préconisent un nouveau redécoupage qui pourrait prendre en compte les bassins de vie.

Aujourd’hui, le département de la Manche
comprend 27 EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale) dont la communauté urbaine de Cherbourg et la communauté d’agglo de Saint-Lô. Dans le cadre de la loi NOTRe, ce découpage vieux de quelques mois seulement est remis en cause. La préfète de la Manche a rendu sa copie le 30 septembre dernier. Et les élus des différentes instances ont jusqu’au 10 décembre pour se prononcer.
Ce nouveau redécoupage prévoit de réduire le nombre de Communautés de communes à 5, soit “5,4 fois moins que précédemment” souligne le président par intérim, Marc Lefebvre. Un grand pas si cette carte reste en l’état, atteignant pour certaines d’entre elles plus de 100 000 habitants.
Conserver la proximité
Patrice Pillet (canton de Bricquebec) n’est pas prêt à laisser un chèque en blanc. “Il reste encore des questions importantes. Pour la CDC de Cherbourg, on compterait jusqu’à 268 délégués. J’ose parler d’armée mexicaine. Dans ce cas, la proximité s’éloigne”. Un point de vue partagé par Jean-Marc Julienne (Granville) qui a rejeté la proposition de la préfète à l’échelon départemental mais accepté au niveau de Granville. “Cette carte va-t-elle dans le sens des intérêts de nos concitoyens. Je ne le pense pas. Elle nous éloigne des centres de décision. Prenons garde à la méthode et aux conséquences”. Même message pour Bernard Tréhet (Isigny-le-Buat). “On a voté unanimement à la Communauté de communes du Val de Sée pour rejoindre celle du Mont-Saint-Michel. Mais je serai contre au niveau départemental. Il faut respecter le personnel et conserver la proximité. On ne peut pas s’engager pour les collègues. S’il y en 6, 7 ou 8, cela ne changera pas l’avenir du département ». Quant à Antoine Delaunay (Avranches), cette carte est avant tout “imposée. Elle est technocratique et non politique”. Pierre de Castellane (Quettreville-sur-Sienne) ne peut pas “forcer les gens à se mettre ensemble”. Sinon le résultat ne sera pas celui escompté. “On s’éloigne de la démocratie”, martèle Jean Morin (Créances).
30 élus contre la carte
Si la carte reste intéressante aux yeux de Marc Lefebvre, ce dernier espère que les avis et notamment ceux des maires qui représentent les habitants seront pris en compte. “On ne peut pas valider un projet sans écouter les élus de base. La démocratie doit être entendue”. Une nouvelle commission doit avoir lieu en janvier. Et le président par intérim espère obtenir un découpage moins restrictif. “Donner un avis favorable serait dédaigner l’avis des territoires” rappelle-t-il, tout en étant convaincu que le regroupement peut-être bénéfique en terme de mutualisation à condition que l’avis des territoires soit respecté.
A noter que l’opposition socialiste s’est prononcée favorable à la carte de la préfète.