Marché de Noël en Pays de Falaise : première réussie
De bons produits, de nombreux promeneurs et des visiteurs satisfaits. La première édition du marché de Noël des producteurs de Falaise a été une belle réussite.

Si le marché des producteurs locaux a lieu tous les vendredis à la ferme d’Ailly à Bernières d’Ailly, ce 15 décembre, les producteurs du Pays de Falaise ont vêtu leur bonnet de Père Noël. Une vingtaine d’exposants présentent leurs produits. Locaux, cela va de soi. Les visiteurs, accueillis par un vin ou un chocolat chauds, rencontrent leurs producteurs et peuvent imaginer leur repas de fêtes. « C’est important de donner les informations aux clients sur la provenance, les méthodes de production et de créer un lien social avec les consommateurs», explique Aurélien Castel, éleveur de bovins de race Aubrac. Sur son étal, toutes les pièces de bœuf, mais également du veau rosé. « Il faut par exemple donner des conseils de cuisson pour lui donner toute sa saveur».
À ses côtés, Séverine Lepetit élève, elle, des Salers. Comme Aurélien, sa viande est en vente sous vide pouvant ainsi être consommée immédiatement, ou congelée. L’Earl de la Chasse de Armand d’Hautefeuille propose quant à elle de la viande bovine (Blonde d’Aquitaine), mais aussi d’agneau et de cochon. Quelques mètres plus loin, Delphine et Vincent Varin présentent leur viande de porc, élevée à quelques kilomètres. « C’est ça aussi l’association des producteurs du Pays de Falaise… Nous vendons tous de la viande, mais il n’y a pas de rivalité, au contraire, nous nous entraidons… Sévérine peut, par exemple, vendre mes produits, et vice-versa. » L’idée pour cette association, née depuis un an et demi, serait d’ouvrir un magasin à Falaise afin de mutualiser les coûts (vitrines frigorifiques, loyers…) et d’être force de vente en proposant différents produits. Comme ici, outre les producteurs de viande, ceux de légumes alignent également leurs produits au marché de Noël. Les pommes de terre « grenailles » de la ferme d’Ailly y font sensation. Mathilde Vermès, l’hôte de l’évènement, cultive des céréales, des betteraves sucrières, des pois fourragers, des pommes de terre et des oignons. Et depuis quelques années, elle vend la totalité de sa production de pommes de terre (et une partie de ses oignons) directement aux consommateurs et aux restaurants.
Mais certains préfèrent les poireaux des Jardins d’Arlette, ou les légumes anciens biologiques de l’association Vit’Actif. Deux associations qui accompagnent les demandeurs d’emploi de longue durée à un retour à la vie active.
Placé au fond de la grange, l’étal de Josselin Peschet attire grâce à l’odeur de crêpe qui en émane. Le paysan-boulanger ne sait plus où donner de la tête. Une crêpe au sucre, une boule aux céréales, un pain raisin-noisette… Ça se bouscule, et ses corbeilles de pains au levain se vident. Il est l’un des seuls de la région à proposer ainsi du pain cuit au feu de bois et fabriqué à partir des céréales (blé, seigle, épeautre) et donc de la farine qu’il produit. « Ce principe est fréquent en Bretagne, mais pas trop en Normandie », explique le timide jeune homme de 24 ans. « Quand je me suis installé dans la ferme avec mon frère, je cherchais à diversifier les produits, j’ai donc fait des stages à droite et à gauche dans la transformation des produits laitiers, de la viande ou des céréales. J’ai adoré celui de boulanger. J’ai donc repris un CAP boulanger ». Josselin cumule les deux métiers : celui d’agriculteur et de boulanger. Et enchaîne les heures dans la salle de traite, dans les champs, dans la boulangerie et sur les marchés. Un travail récompensé par le succès. Depuis qu’il a lancé son projet, il a fidélisé une clientèle. Avec le marché de Noël, peut-être même gagné de nouveaux clients. Sûrement comme Jean-Pierre Larose, producteur de cidre, ou l’élevage avicole de la Févrie de Sévérine Chauvin. « Nous sommes de Port-en-Bessin, et venus visiter des amis qui nous font découvrir ce marché. C’est très bien, il y a de nombreux produits qui donnent envie », explique Françoise Lelièvre, panier au bras. Martial et Elisabeth Haizé ont, eux, opté pour le cabas roulant. « Nous venons en voisin pour la première fois, mais nous reviendrons désormais le vendredi. C’est très agréable et nous sommes très demandeurs de produits locaux ».
Les producteurs comptent, eux aussi, leurs habitués, et des nouveaux. C’est le cas du producteur de foie gras, de la safranière, mais aussi de Gérard Sanson, le vigneron de Grisy (14), venus spécialement pour le marché de Noël. Son domaine « Arpents du soleil », à proximité de Saint-Pierre-sur-Dive, bénéficie d’un climat sec et chaud et d’un sol exceptionnel. « L’expérimentation commence en 1995, avec un demi-hectare et le premier millésime a été produit en 1998. Au début, tout le monde me prenait pour un fou », explique l’ancien notaire aujourd’hui vigneron. Son pari semble pourtant réussi puisque 16 de ses millésimes sont aujourd’hui sélectionnés par le guide Hachette des vins. Les Japonais ont été conquis, et les Normands « commencent à l’être. Mais ils sont moins curieux », sourit Gérard. Ils l’ont pourtant été, ici, à la ferme d’Ailly. Un vin normand sur la table de Noël, l’idée a su convaincre. Le Marché de Noël également. L’opération est donc amenée à se répéter. Mais pas besoin d’attendre l’année prochaine. Dès vendredi, les producteurs retrouveront leur place et aligneront encore leurs produits pour le traditionnel marché du vendredi de la ferme d’Ailly.