Lait
“Moins de 240 €/1000 litres”
Jean-Philippe Fortier redoute l’arrivée de la feuille de paie de lait du mois d’avril. Faute d’accord, l’agriculteur craint le tarif évoqué par certains industriels : moins de 240 €/1 000 litres. Sa solution : la mobilisation.


"Les prochaines paies vont tomber vers le 12 mai. Certains producteurs ne s’attendent pas à une baisse de cette ampleur. Il faut réagir dès maintenant !” Alignés sur la table, les chiffres des paies de lait des dernières années semblent révélateurs. Jean-Philippe Fortier les énumère. Histoire de se rappeler “d’où l’on vient et où l’on va”. L’accord refusé par les transformateurs à 250 €/1000 litres l’inquiète. “L’année dernière, nous étions payés 305 €/1000 l. En 2006 et 2007, nous étions à 240 €/1000 l, en 2005 à 250 €/1000 l et en 2004 comme en 1999 à 260 €”.
Indicateurs au rouge
“En face, les charges ont considérablement augmenté. Il y a toujours une baisse au printemps, nous sommes habitués. Mais cette année, elle va faire mal”, résume l’éleveur. Jean-Philippe Fortier est l’un des quatre associés d’un gaec produisant 800 000 litres de lait. La ferme livre sa production au groupe Lactalis. Déjà à l’automne, il a participé au blocage de la laiterie de Lisieux. “Quand nous nous rencontrons aux manifestations, on se rend compte que les problèmes de trésorerie sont partout : chez les petits comme les gros producteurs”.
Jean-Philippe Fortier est aussi membre de la section lait de la Fdsea 14. Fin mars, il a participé au congrès de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait au Mans. Point positif : “nous étions tous d’accord pour geler les augmentations de quotas de Bruxelles. Cependant, je suis ressorti de cette réunion sans prix et particulièrement inquiet. Tous les indicateurs sont également au rouge dans les pays voisins. Les réunions entre la FNPL et les transformateurs n’aboutissent à rien”. Au printemps, les manifestations des producteurs risquent donc de germer. “A l’automne, nous n’étions pas très nombreux au début des mobilisations. Hélas, le temps nous a donné raison. Et agriculteurs syndiqués ou non se sont joints à notre mouvement”.
La grande distribution est visée
Cible envisagée dans les prochains jours : les grandes et moyennes surfaces. “C’est la volonté de la plupart des producteurs. Il faut faire pression sur la grande distribution qui a profité de la loi de modernisation de l’économie pour écraser un peu plus les prix. Je crois que ce type d’action a aussi un sens pour le grand public. Car, il n’observe pas de baisse pour le prix de son yaourt”. Pour finir de convaincre les indécis, Jean-Philippe Fortier invite les producteurs à observer leurs paies de lait depuis 10 ans. “Je ne connais pas de fonctionnaires qui accepteraient de reprendre leur salaire des années 90. Pourquoi le tolérerions-nous ?”
Appel à mobilisation le jeudi 23 avril
Opération stickage
Les sections laitières de la FDSEA et des JA du Calvados appellent à mobilisation pour dénoncer les pressions exercées par la grande distribution. Le marché des produits de grande consommation en France doit rester valorisant pour la filière laitière et ne pas être impacté par la dégradation des marchés des produits industriels.
Contacts: FDSEA 02 31 70 88 16 / JA 02 31 70 88 49