Moisson 2015 : la bonne nouvelle de l'été
Rideau sur la moisson versus 2015. Les craintes de juin se sont estompées. Une récolte abondante et surtout une qualité retrouvée : la seule bonne nouvelle de cet été chaud à plus d'un titre.




Malgré quelques accidents de parcours ici ou là et plus particulièrement en céréales de printemps, la moisson 2015 laissera un bon souvenir.
Démarrée fin juin puis stoppée plus ou moins longtemps selon les régions en juillet, elle s'est achevée au cours de la seconde semaine d'août.
Un premier point d'étape "sortie goulotte" et un grand tour de plaine , mais aussi de pâtures, avec respectivement Bertin George, Gilbert Michel et Jean-Pierre Prévost, en charge du dossier "grandes cultures" au sein des FDSEA du Calvados, de la Manche et de l'Orne.
Bertin George : "Quel avenir pour la féverole ?"
Blé. "La moisson s'est concentrée en un temps record : du 31 juillet au 7 août pour la plus grande partie. L'an dernier, nous avions été bloqués début août pour finir en septembre. Les conditions de récolte 2015 ont donc été idéales et je resigne pour l'an prochain.
En petites terres, la tendance est bonne néanmoins certaines variétés tardives ont décroché suite au coup de chaud de juin. En terres profondes, on enregistre de bons rendements qui devraient être supérieurs d'environ 5 à 10 % à ceux de 2014. Le temps de chute de Hagberg est bon de même que le PS, de bon à très bon. Le taux de protéines oscille de 10,5 à 12, voire 12,5 dans certaines parcelles. Le dernier apport tardif d'azote a produit son effet et les messages techniques portés notamment par Arvalis ont porté leurs effets.
Côté marché par contre, ça va moins bien. Nous sommes en dessous de nos coûts de production (160 e/T) aujourd'hui (ndrl le 13 août) avec 148 e livré moisson et 163 e départ ferme novembre.
Orge. "De bons à de très bons rendements avec de bons PS. C'est plus particulièrement vrai en petites terres avec les hybrides".
Colza. "En général bons sans pour autant être exceptionnel. Nous devrions nous situer aux alentours de 45 qtx en terres profondes".
Féverole. "Les premières parcelles ne sont pas bonnes avec un taux de bruche important. Nous ne disposons plus de moyens de lutte et risquons de perdre certains marchés arrachés à d'autres exportateurs. L'avenir de cette culture dans notre département pourrait être remis en cause".
Lin. "Ça commence à enrouler et la pluie de la semaine dernière va permettre une bonne fin de rouissage".
Betterave. "Elle commençait à souffrir mais la pluie de la semaine dernière est arrivée au bon moment".
Gilbert Michel : "bravo aux ETA"
Blé. "On a démarré vers le 20 juillet pour terminer, à 90 %, au 10 août. Même si le volume n'est pas là, la qualité est présente. Nous observons de bons PS et un niveau de protéine à 11,7-11,8 alors que nous avions auparavant du mal à dépasser les 11. Cela s'explique par le climat, pas de stress hydrique, mais aussi par un meilleur pilotage de l'azote avec un passage primordial après l'épiaison. Les messages techniques sont passés grâce à nos réseaux. En résumé, du très bon mais pas une année record, sans doute quand même supérieure à 2014.
Je tiens à souligner au passage le professionnalisme des ETA (Entreprises de Travaux Agricoles) qui ont investi dans des moissonneuses-batteuses. Quand on les appelle, elles arrivent. Le mien est allé chercher une 5ème machine avec barre de coupe de 9 mètres pour finir dans les temps".
Orge-colza. "Très bons !"
Paille. "C'est très hétérogène : de 1,5 à 6 t/ha mais les besoins sont couverts. C'est pour cela que la FDSEA n'a pas renouvelé son opération paille. Par ailleurs, il restait du stock. Certaines parcelles ont donc été broyées".
Maïs. "On peut s'attendre à de très bons rendements avec une qualité supérieure à 2014 où le rapport tige-feuille-grain était déséquilibré. Ils ont été semés plus tôt qu'en 2014. Précaution d'usage cependant : tant qu'ils ne sont pas rentrés..."
Herbe. "Nous sommes en déficit de production depuis 2 mois alors on tape dans les ensilages de printemps mais ça va revenir dans les marais".
Jean-Pierre Prévost : "une année dont on se souviendra"
Blé. "Nous étions inquiets, voire pessimistes, en juin à cause du coup de chaud. Au final, c'est une moisson dont on se rappellera. On retrouve les niveaux de 1984 avec des pointes à 100 qtx. La moyenne départementale, par rapport aux prévisions, devrait être remontée de 4-5 qtx pour atteindre 79-80 qtx contre 73 l'an dernier. Le temps de chute de Hagberg est très bon de même que le PS (jusqu'à 80-82) avec un taux de protéines dépassant 11 contre 10-10,5 en 2014. Quasiment pas de blé fourrager cette année. Cela s'explique en partie par le plan protéine lancé en 2014 qui commence à porter ses fruits. Arvalis a fait du bon boulot. Les messages passent. Le pilotage de l'azote avec des outils comme Jubil, N Tester ou Farmstar, se généralise et devient de plus en plus pointu. Bien sûr, il reste un peu de travail à faire pour atteindre les 11,5.
Côté maladies, nous avons eu à faire face à un peu de rouille et de septoriose mais qui ont été bien maîtrisées.
Niveau prix enfin, ils étaient bons avant le référendum en Grèce mais ont chuté par la suite. Parallèlement, la bonne météo aux USA nous a fait perdre 20-25 e.
Orge. "De très bons rendements avec une excellente qualité et un gros débouché sur la Chine jusqu'en novembre. Les prix sont quasiment identiques à ceux du blé".
Colza. "Ils sont très hétérogènes : de 30 à 45 qtx. Cela s'explique par une problématique de semis en 2014. Ils semblent que ceux qui ont été semés plus tôt tirent mieux leur épingle du jeu que ceux semés en septembre dernier".
Pois. "Décevant avec 40-42 qtx mais cela ne concerne que 2 000 ha environ".
recueillis par Th. Guillemot