Moisson 2019 : des prévisions encourageantes dans l'Orne
La session Chambre d’agriculture de l’Orne s’est déroulée lundi 24 juin 2019 à Alençon. Xavier Goutte, responsable agronomie et productions végétales à la CA 61, a fait un point sur la situation pré-moisson et a lancé ses pronostics concernant le rendement des cultures du département.

Une moisson ne fait pas l’autre. Après une année de tous les excès en termes de conditions climatiques et des rendements en berne en 2018, les perspectives pour la moisson à venir s’annoncent meilleures. « La météo a été favorable d’octobre à février. Il n’y a pas eu de temps très froid, pas de manque ni d’excès d’eau. Les quatre semaines consécutives entre décembre et janvier sans pluviométrie et les températures presque estivales en février ont permis un assainissement des sols en profondeur, une bonne implantation des productions d’hiver et de superbes enracinements », introduit Xavier Goutte, responsable agronomie et productions végétales à la Chambre d’agriculture de l’Orne, lors de la session CA 61, lundi 24 juin à Alençon. Les mois de mars et avril ont, eux, connu un temps sec, venteux, avec des épisodes de gel tardifs « défavorables pour les cultures d’automne et dramatiques pour les fruitiers ».
Un mois de mai extraordinaire
La météo du mois de mai ne pouvait pas être meilleure pour les cultures ornaises. Les pluies, bénéfiques aux moments stratégiques (entre le 8 et le 10 mai en particulier), ont rétabli presque toutes les situations sans ennoiement préjudiciable comme en 2016 ou en 2018. Les températures fraîches ont également permis de prendre du temps pour récupérer. « Seuls les orges qui avaient trop souffert, les blés trop touchés par l’oïdium et les colzas trop faibles d’origine n’ont pas récupéré 100 % de leur potentiel. Ça représente moins de 5 % des surfaces départementales en céréales, mais 50 % en colza », détaille Xavier Goutte. Le blé reste la culture qui a le plus bénéficié du mois de mai.
Caniculaire et blé prometteur
La canicule de la semaine dernière était un danger pour les 80 000 ha de blés dans l’Orne, qui sont en pleine période de remplissage. Dans les parcelles, une journée où il fait frais correspond à 4 ou 5qx/ha de blé transformé sous forme de remplissage. Si le thermomètre et les conditions sont défavorables, soit à partir de 25°, le remplissage diminue de moitié. S’il monte à plus de 35°, il diminue encore des deux tiers voire des trois quarts. Lundi 24 juin, la canicule n’avait pas encore touchée l’Orne permettant en une journée de préserver entre 15 et 20 000 tonnes de blé, soit 2 à 3 millions d’euros de chiffre d’affaires pour la ferme Orne.
Surtout que la récolte de blé à venir semble prometteuse. Près de 550 épis/m2 sont recensés en moyenne dans les parcelles expérimentales. La moyenne de grains par épis est de 58, soit 15 % de plus que les standards. « Le seul facteur limitant pour le blé est les graminées. Une parcelle de l’Orne, qui semblait encore saine en mars, va perdre 5 à 10 qx/ha dans les ronds de vulpins», déplore le responsable agronomie et productions végétales.
Colza et betterave en mauvaise posture
Les autres cultures du département ne semblent pas si encourageantes. Le colza cumule les problèmes (grosses altises, pucerons virulifères, méligèthes, charançons de la tige) sans moyens de lutte efficace « Il y aura sans doute de grands écarts de rendements entre les parcelles », craint Xavier Goutte. Quant à la betterave, c’est la mauvaise surprise pour cette première année sans néonicotinoïdes. Des populations de pucerons non maîtrisées font craindre 10 à 20 % de pertes. Le coup de grâce après l’annonce de la fermeture de la sucrerie de Cagny.
Quels rendements ?
Sauf phénomène exceptionnel destructeur, une belle moisson régulière s’annonce en céréales, sauf en colza qui risque d’être moyenne et disparate. « Nous attendons 80 qx/ha en blé et en orge, 35 qx/ha en colza et 43 qx/ha en pois ». Le blé a toutes les chances d’être la culture gagnante de 2019, et pourrait se hisser dans le top 2 des dix dernières années. Les marges prévisionnelles au 24 juin devraient aussi redevenir normales, avec des prix de vente supérieurs à ceux de 2018 à date égale, « mais qui ne le seront pas forcement à la moisson », conclut Xavier Goutte.