Laurent Beauvais (président de la Région Basse-Normandie)
“Ne pas faire de l’installation un jeu politique”
Carton rouge”, tacle Laurent Beauvais à la lecture du billet d’humeur signé Jean-François Bouillon, encore président de JA 50 au moment de sa publication (voir notre édition du 3 avril). “Il ne faudrait pas faire de la Région le bouc émissaire d’un éventuel échec de la politique d’installation”, insiste son président avant d’ajouter : “non les dossiers installations ne passeront pas par la commission permanente. On vise l’harmonisation avec la CDOA. On gagnera même peut-être du temps”.

Dans sa prise de position, le président de JA 50 exprime sa crainte d’un allongement des délais quant au déblocage des fonds FEADER sur le dossier “installation”. Une crainte justifiée ?
Je m’inscris totalement en faux. Nous nous sommes au contraire efforcés de simplifier les choses en favorisant la dématérialisation. Nous sommes et resterons très vigilants sur cette notion de délai.
Mais avec le passage par la commission permanente, vous ajoutez du temps au temps ?
C’est de la désinformation. Il n’a jamais été question de passer par la commission permanente qui, soit dit au passage, se réunit tous les mois 1/2 et pas tous les 2 mois. Les dossiers passeront par le CRP (Comité Régional de Programmation) et une commission de programmation dans une période qui suivra la CDOA. In fine, on gagnera peut-être du temps.
Pas de commission permanente mais une commission de programmation donc. Pourquoi ce passage via le Conseil régional qui n’est pas à proprement parlé “instructeur” du dossier d’autant plus qu’il s’agit de fonds européens non abondés?
C’est une séquence de conformité qui nous est imposée. Avant Bruxelles déléguait à Paris qui déléguait aux Préfets. Cette délégation incombe désormais aux Régions. Nous sommes entrés dans un contexte de décentralisation et de proximité. L’idée que les Régions soient désormais gestionnaires des fonds FEADER est une réalité du temps actuel. Notre responsabilité est engagée et nous aurons à rendre des comptes.
Les fonds FEADER vont passer de 130 à 300 Me pour les 7 années à venir avec un cofinancement européen qui va passer de 50 à 63 . Quelle sera la stratégie du Conseil régional? Une enveloppe bas-normande constante, voire diminuée, et faire quelques économies ou au contraire investir plus pour développer plus ?
Hors de question que la Région se désengage sur ce dossier. Nous avons même la volonté d’aller plus loin en exploitant les fonds FEADER à 100 . A ce titre, et durant cette période charnière, certains craignaient une année blanche. Il n’en a rien été. Reste que les discussions entre Paris et Bruxelles ne sont pas totalement finalisées. On en saura un peu plus avant l’été.
Pour conclure sur ce sujet, quel message souhaiteriez-vous faire passer aux jeunes ou futurs agriculteurs ?
Attention, l’installation est un sujet trop important pour en faire un jeu politique. Il mérite mieux.
Stéphane Le Foll vient d’être reconduit dans ses fonctions de ministre de l’Agriculture. Il est aussi porte-parole du Gouvernement. La première fonction ne constitue-t-elle pas pourtant une mission à temps plein?
J’ai appris que cette fonction lui donnait droit, et à lui seul, de prendre des notes en conseil des ministres. Au-delà de cette anecdote, c’est une bonne chose. Il franchit un grade supplémentaire. Il saura conjuguer l’expression publique tout en étant ministre de l’Agriculture à 100 . L’autre point positif, c’est qu’il y a continuité dans l’action. Il pourra suivre les réformes qu’il a entreprises.
Les élections régionales, c’est l’an prochain. Vous êtes candidats à votre propre succession?
Ce n’est vraiment pas le sujet. On vient à peine de sortir des municipales. Dans quelques semaines les européennes, alors les régionales... Mais oui, et je l’ai déjà dit, je serai candidat.