Nicolas Tison : « j’aime être force de propositions »
Nicolas Tison, éleveur dans le Perche, préside le Groupe vivre en agriculture à l’échelle départemental. Il enfile la casquette de Ferme en fête. Son credo : cohérence, proximité et collectif.

>> Pouvez-vous présenter votre exploitation ?
Je suis agriculteur dans le Perche, à Saint-Fulgent-des-Ormes. Nous sommes trois associés en Gaec et employons un salarié en apprentissage. Nous produisons 720 000 l de lait en race Prim’Holstein, élevons une quarantaine de Blondes d’Aquitaine et comptons 250 ha de cultures : blé, maïs, orge, colza, betteraves. Le colza est transformé dans l’exploitation : nous gardons le tourteau pour les animaux et vendons l’huile. Le lait est vendu à Lactalis et la viande à des boucheries locales.
>> Devenir agriculteur, c’était une évidence ?
Oui. J’ai travaillé à l’extérieur pendant dix ans, avant de m’installer, en tant que commercial dans un négoce. J’avais envie de passer du conseil à la pratique, d’être indépendant, de prendre mes décisions seul et d’en assumer les choix. Je me suis installé en 1996, j’ai été rejoint par Arnaud Juglet en 1997 puis par Laurent Étienne en 2008. Je suis passionné par mon métier.
>> Qu’est-ce qui a évolué dans l’exploitation depuis 1996
L’association en Gaec a permis de mettre en place une organisation du travail. On trait un week-end sur trois. Nous avons réalisé une mise aux normes en 1998. Le Gaec développe l’autonomie alimentaire des animaux : en 2014, nous avons investi pour stocker les céréales et dans un séchoir de maïs au bois déchiqueté. Nous sommes actuellement adhérents à un GIEE Agriculture écologiquement intensive qui teste en collectif des changements de pratiques pour être plus indépendant vis-à-vis des intrants.
>> Quel outil souhaiteriez-vous transmettre ?
L’exploitation telle qu’elle est aujourd’hui : viable économiquement et cohérente par rapport au territoire. Son équilibre financier est intéressant, l’organisation du travail permet de se dégager du temps. Mon neveu et mon fils commencent des études agricoles, c’est une motivation supplémentaire.
>> Quels sont vos engagements professionnels ? Qu’est-ce qui vous plaît ?
Je préside le Groupe vivre en agriculture (GVA) pour la troisième fois au niveau départemental. Je suis aussi président local. Je siège à la commission régionale environnement, ainsi qu’au comité stratégique innovation, recherche et développement. J’aime être force de proposition, monter des projets collectifs au sein du territoire.
>> Que dites-vous à un voisin qui n’aurait pas envie d’aller voter ?
La démocratie se joue dans les urnes, pas dans la rue. Surtout par les temps qui courent. Je dirais qu’il faut être dans le contrat de solutions plutôt que dans la contestation. C’est comme cela que l’on monte des projets cohérents, partagés par les agriculteurs.
>> Quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur ?
Le collectif agricole qui rend service sur le plan social et économique. Le volet environnemental et le recyclage : le GVA organise deux collectes de plastiques usagés pour tous les agriculteurs. Les volumes collectés ont augmenté de façon exponentielle ces cinq dernières années. Nous pouvons encore progresser. La collecte de pneus est en place depuis trois ans, les agriculteurs s’engagent et supportent un coût financier supplémentaire. Cinq cents tonnes sont ramassées par an. Désormais, le Conseil départemental nous accompagne : il prend en charge 20 % du coût par tonne de pneus collectée. Toutes ces démarches sont mises en place en partenariat avec la Chambre d’agriculture, il existe une réelle complémentarité entre les associations d’agriculteurs sur le terrain et le réseau de compétences de la Chambre.
>> Y a-t-il un dernier sujet que vous aimeriez aborder ?
J’ai pris la présidence de Ferme en fête lors de l’assemblée générale, jeudi 6 décembre. Cette manifestation, une des seules Normandes portée par la profession agricole et la Chambre d’agriculture, est un évènement authentique dans le paysage Ornais . C’est un lieu d’échange entre les agriculteurs, ses partenaires et le grand public.