Gérard Becher, Président de l’UFC-Que Choisir de Caen
“Non aux marges injustifiées”

évidemment, seules les professions et les syndicats agricoles ont la légitimité pour s’exprimer sur ce thème.
Votre combat en faveur de la vérité sur les marges rejoint celui des agriculteurs ?
Attention, nous ne battons pas campagne pour un revenu agricole minimum. Ces derniers mois, de nombreuses professions et syndicats agricoles ont communiqué, parfois violemment, sur la baisse de leur revenu, suite à l’effondrement des prix agricoles au niveau mondial. Souvent, à cette occasion, ils se sont également exprimés sur le niveau des marges pratiquées par l’industrie
ou la distribution. Cette communication simultanée sur ces deux thèmes a pu favoriser un amalgame dans les médias, alors même qu’il s’agit de problématiques différentes. En ce qui concerne le revenu agricole, nous rappelons que, bien
évidemment, seules les professions et les syndicats agricoles ont la légitimité pour s’exprimer sur ce thème.
Vous êtes contre les marges ?
Cette campagne ne vise pas les marges en général. Il est en effet inévitable qu’il y ait une différence, parfois même importante, entre le prix agricole et le prix en rayon. Au niveau industriel, l’abattage, la découpe et l’emballage de la viande ou encore le ramassage, la standardisation, la stérilisation et l’emballage du lait, sont des coûts qui se retrouvent nécessairement dans le prix au consommateur. De la même manière, la mise en rayon de produits bien achalandés, dans des locaux spacieux et propres, constitue un service réel qui doit être rémunéré. En revanche, pour certains produits, on peut observer que des marges
supplémentaires, inexpliquées compte tenu de l’évolution des prix agricoles, se constituent, notamment à la faveur des crises (exemple hausse puis baisse des prix agricoles). Ce sont ces marges que nous visons car elles sont injustifiées.
Vous êtes pour un retour du contrôle des prix ?
Non. Le but de notre campagne est de mettre en place un coefficient multiplicateur. Soulignons tout d’abord que cette demande ne porte que sur une partie réduite de l’ensemble des produits de consommation, puisqu’elle ne concerne que les produits alimentaires, bruts ou peu transformés. Concernant le système proprement dit d’encadrement des marges, il ne s’agit en aucune façon d’un retour aux prix administrés. Cette mesure se différencie en effet profondément du système du contrôle des prix abrogé définitivement par l’ordonnance du 1er décembre 1986. La mise en application du coefficient ne constitue pas la règle, mais bien l’exception.