Daniel Epron et la filière bovine
“Notre première force : la proximité”
Les producteurs bovins, lait et viande, ont investi en 2008. 2009 démarre avec quelques signes de frilosité mais le pire n’est peut-être pas à venir. Tout dépendra en réalité des niveaux de cours pratiqués. L’analyse de Daniel Epron, président du Crédit Agricole Normandie.

Concernant les éleveurs bovins, quelle analyse financière faites-vous de l’année 2008 ?
Sur l’année 2008, les choses ne se sont pas trop mal passées. Dans un département comme la Manche, les investissements (en matériels ou bâtiments d’élevage) ont progressé de presque 20 % par rapport à 2007. Début janvier 2009, les trésoreries des éleveurs laitiers ou bovins viande étaient relativement saines. Attention cependant, on sent poindre à ce jour un peu de tension du côté des spécialisés viande.
Ces bons niveaux d’investissements 2008 vont-ils trouver un prolongement en 2009 ?
A ce stade, il est difficile de se prononcer. Tout dépendra des niveaux de trésorerie. L’autre élément, c’est la baisse des prix à la production. Si elle se poursuit, le niveau des investissements devrait baisser.
Le plan bâtiment et la mise aux normes des bâtiments d’élevage pourraient-ils se trouver impactés par une conjoncture défavorable ?
Notre région avait et a encore un réel besoin de mise aux normes. Elle a besoin aussi de moyens de productions confortables et compétitifs pour que les éleveurs puissent travailler dans de bonnes conditions. En ce sens, le Crédit Agricole Normandie est là et sera là encore demain pour les accompagner dans ces investissements. Néanmoins, chacun doit intégrer la réalité des prix de marché. C’est bien la condition pour que les éleveurs puissent répondre à leurs obligations de remboursement d’emprunts.
La crise boursière, financière, de confiance (...), touche-t-elle également notre agriculture dans ses outils amont ou aval ?
Nous vivons une interrogation car nous sentons là aussi une tension et un besoin d’accompagnement. Pour eux aussi, le prix des intrants, le prix des fournitures a augmenté. La demande des partenaires de l’agriculture est donc aussi à la hausse. Mais nous avons la chance, en Basse-Normandie, de disposer d’industries agroalimentaires et de fournisseurs à la santé financière satisfaisante. Ce qui devrait nous permettre de passer, sans trop de difficultés je l’espère, cette crise annoncée.
La mondialisation fait peur. On pense, en production bovine, au Brésil, à l’Argentine... Quels sont nos atouts locaux pour préserver le devenir de notre troupeau ?
Notre première force, c’est la proximité. On peut tout produire, partout dans le monde, eu égard aux notions de distances dont on s’affranchit de plus en plus. N’empêche, le consommateur veut savoir d’où vient la viande et la production locale le rassure. Ça restera son premier élément de choix . L’autre atout, c’est la qualité de nos produits et le savoir-faire de nos éleveurs.
Je suis donc convaincu que le Grand Ouest, et plus particulièrement la Manche, conservera la place qui est la sienne.
Manche : terre d’élevage ! Pourquoi ce lien si fort ?
“Sur un territoire qui totalise plus de 50 % de sa surface en herbe, par définition, l’élevage bovin (lait et viande) est roi. Citons aussi le cheval. Nous sommes le fleuron français de l’élevage équin avec une place de leader dans le domaine du trotteur et une place très enviée au niveau du galopeur”.
Vous êtes plutôt côte de bœuf ou bœuf bourguignon ?
“Je suis viandard donc j’aime les deux. Je me régale à chaque fois que j’ai de la viande dans mon assiette”.
Vous avez déjà goûté au hamburger ?
“Non. Ce n’est pas à cause de la viande qui est à l’intérieur mais c’est parce qu’il y a autour des ingrédients que je ne peux pas accepter.”.