L’interview de Bertin George
" Nous avons géré la crise, sous la responsabilité de l’ancien maire "
Dimanche 15 mars, le premier tour des élections municipales est organisé. Deux jours plus tard, Covid-19 oblige, les Français sont confinés. Les conseils électifs dans les communes où les conseillers sont élus au premier tour sont interdits. C’est donc l’ancienne équipe municipale, celle d’avant les élections, qui reste aux manettes et s’attelle à la gestion de la crise sanitaire. Deux mois plus tard, lundi 18 mai, les nouveaux conseillers municipaux prennent leur fonction. Ils ont jusqu’au jeudi 28 mai pour désigner le maire et ses adjoints. Illustration à Saint-Aubin-d’Arquenay, commune située entre Caen et Ouistreham.
Dimanche 15 mars, le premier tour des élections municipales est organisé. Deux jours plus tard, Covid-19 oblige, les Français sont confinés. Les conseils électifs dans les communes où les conseillers sont élus au premier tour sont interdits. C’est donc l’ancienne équipe municipale, celle d’avant les élections, qui reste aux manettes et s’attelle à la gestion de la crise sanitaire. Deux mois plus tard, lundi 18 mai, les nouveaux conseillers municipaux prennent leur fonction. Ils ont jusqu’au jeudi 28 mai pour désigner le maire et ses adjoints. Illustration à Saint-Aubin-d’Arquenay, commune située entre Caen et Ouistreham.
>> Quelle était, au soir du 1er tour, la situation à Saint-Aubin-d’Arquenay ?
Notre liste a été élue, avec 66 % des voix et 53 % de participation. Le maire sortant, âgé de 81 ans, ne s’était pas représenté. Beaucoup de conseillers ne repartaient pas. Nous sommes deux adjoints à avoir monté chacun une liste. Je suis à la commune depuis trois mandats, dont deux en tant qu’adjoint. J’ai voulu monter ma liste car j’ai ma façon de travailler. Notre liste est apolitique, composée d’habitants : retraités, mamans de l’école, des personnes soucieuses de l’environnement. Le but est de confronter les avis de tout le monde, de travailler dans l’intérêt du village.
>> Puis le Covid-19 a tout stoppé. Comment se sont passés les deux mois de confinement ?
J’ai la chance de bien m’entendre avec Gérard Caux, l’ancien maire, dont j’étais l’adjoint. Nous avons géré la crise ensemble, mais sous sa responsabilité. Nous avons commandé les masques, contacté les habitants de plus de 70 ans par téléphone pour connaître leurs besoins. Nous avons coordonné la collecte des ordures ménagères, la distribution du courrier et plein de choses de la vie courante. Le maire a eu beaucoup de travail, mais nous avions la chance de ne pas avoir de divergences, la secrétaire de mairie a assuré beaucoup de missions de chez elle. Ça s’est très bien passé.
>> Et à partir du 11 mai ?
Après, nous avons travaillé à la reprise de l’école. Le maire était indécis, le retour des enfants en classe étant de sa responsabilité. Nous nous sommes réunis en commission, avec la directrice de l’école, la présidente du conseil de l’école, un médecin volontaire de la commune, le maire et ses adjoints. Le parti a été pris d’ouvrir l’école, la garderie et la cantine pour aider les parents qui travaillent, tout en respectant les normes de sécurité : 15 enfants par classe, 4 m2 par enfant. Une société de nettoyage libère le personnel de ménage, qui aident les instituteurs. La première semaine, nous avons accueilli les grandes sections, les CP et les CM2. À partir du 25 mai, nous accueillons les CE1, CE2 et CM1. Les petites et moyennes sections ne reprendront qu’en septembre.
>> Quelles sont les conséquences de la crise sur la commune, peuplée d’un peu plus de 1 000 habitants ?
Le budget Covid-19 est estimé à 20 000 €. La salle communale, normalement louée tous les week-ends à cette période, est inoccupée. Les mariages sont annulés. Rien ne se passe en matière d’animations comme le bridge ou le ping-pong. Nous avons célébré le 8-Mai à cinq personnes. Toutes les festivités du D-Day sont en stand-by ou se tiendront à minima. Mais le confinement a permis de se retrouver dans le village, de rencontrer ses voisins.
>> Lundi 18 mai, les conseils municipaux élus au 1er tour sont entrés en fonction…
Oui, il n’y a plus que le maire qui est en place pour expédier les affaires courantes. Mercredi 27 mai, le conseil désignera le maire et ses adjoints. Nous avons décidé d’organiser la réunion dans la salle polyvalente afin des respecter les mesures de distanciation. La moitié de la pièce sera préparée pour accueillir des habitants et leur laisser la possibilité de participer. Normalement, je suis le seul candidat. La nouvelle équipe traitera en priorité la sécurisation des abords de l’école, la fin de travaux en cours et la communication avec les habitants.
>> Ancien adjoint, agriculteur. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter comme maire ?
La fonction de maire est une charge, mais mon fils s’est installé, j’ai un salarié. Je peux me dégager du temps. J’ai été adjoint pendant deux mandats, m’investir davantage pour la commune me semblait logique. Nous, les agriculteurs, travaillons dans une commune, à la vue de tout le monde. Nous devons communiquer sur notre façon de travailler avec les élus et les habitants. Les gens se posent des questions sur notre profession. Avant le Covid-19, on se faisait arrêter quand on sortait avec le pulvé. Pendant le confinement, un agriculteur a été applaudi.