Nouvelles aides PAC : la baisse remet en cause sa fin de carrière
S’il veut limiter des pertes de revenus PAC, Gabriel Jourdan, laitier dans la Manche, devra notamment garder les vaches allaitantes.

« J’avais instinctivement calculé une baisse des soutiens de 8 000 €. En réalité, vu l’orientation que je voulais donner à la ferme pour ma fin de carrière, avec l’arrêt programmé du troupeau de 13 vaches allaitantes, les pertes seraient de 12 100 € », constate Gabriel Jourdan, éleveur laitier à Breuville, dans le pays de Valognes (50), après avoir réalisé une simulation de ses aides PAC pour la période 2015-2019, avec la calculette du site Internet de la Chambre d’agriculture de la Manche. .
Primer 13 allaitantes
Pour se libérer un peu de temps à quelques années de son départ à la retraite et du départ à la retraite de son salarié, l'éleveur voulait en effet arrêter les vaches allaitantes. Celles-ci n'ont d'ailleurs pas été mises à la reproduction cette année. Pourtant, ce petit troupeau de 13 mères actuellement non primées et valorisées notamment en vente directe en caissette, pourrait rapporter à l’exploitation 3 700 € dès 2015 et réduire les pertes des soutiens PAC à
8 400 €. « Je vais demander conseil à mon comptable, mais c'est peut-être ce que je vais devoir faire. Comme quoi on ne peut jamais vraiment se relâcher quand on est agriculteur. On doit toujours remettre ses projets en question, face aux évolutions auxquelles nous sommes soumis », déplore l'éleveur.
Remise en cause obligatoire
« Personne ne peut dire qu’il va pouvoir perdre 12 000 € de revenu sur son exploitation et continuer comme avant. Pour une personne en fin de carrière, cela va encore, mais pour un jeune qui s’installe, c’est difficilement supportable, dénonce Gabriel. Je ne suis pas d’accord avec cette réforme de la PAC. Dès qu’on a un peu intensifié son système, on est très fortement pénalisé. Ce n’est pas comme cela qu’on va favoriser l’élevage et maintenir des emplois dans les filières qui participent au développement du territoire. Le signal donné n’est pas clair. Quant à activer une mesure agro-environnementale et climatique (MAEc), je n’y crois pas beaucoup dans notre système. Et pour quelle charge de travail en plus ? Et pour quel revenu ? s'interroge l'éleveur. Je ne crois pas que cela pourra combler 12 000 €. Rien qu’au titre de la diversité des assolements, nous sommes déjà obligés d’introduire 5 ha de blé. C’est beaucoup de contraintes pour très peu de revenus."
Taille humaine
Pour l'heure, Gabriel a levé le pied sur les investissements dans l’attente d'une éventuelle installation de son fils. « Mon fils préfère attendre mon départ pour reprendre l’activité à son compte, plutôt que de s’installer à mes côtés. Cela nécessiterait en effet un agrandissement, la reprise de références laitières et une remise à plat de toute l'installation, avec en bout de course un gros outil, et des besoins en main-d'œuvre importants, dans la perspective de mon départ à la retraite.
Simulation mode d’emploi
La calculette PAC est disponible directement sur le site de la Chambre d’agriculture de la Manche, en cliquant sur l'onglet "outils en ligne". Se munir de son dossier de déclaration PAC de 2013 et suivre les instructions. « L’outil est très intuitif et très facile à utiliser. Les résultats sont présentés de façon claire. On peut en faire une sortie papier ou recevoir le document .pdf par mail », constate Gabriel Jourdan. Un conseiller
« systèmes » de la Chambre d’agriculture note que "la calculette donne un ordre de grandeur, mais qu’elle n’est pas précise à l’euro près, d’autant que certains arbitrages sont encore attendus ».