OMNISEM : le pari de la bonne variété
OmniSem, station de traitement de semences, propriété de la coopérative de Creully (92 % du capital)et de SEVEPI, va fêter ses 20 ans. Sa marque de fabrique : qualité et réactivité.
«On cible les variétés en fonction de notre politique qualité. Etre propriétaire de notre station de traitement de semences nous offre cette liberté de choix mais il faut faire les paris sur les bonnes variétés». Pascal Desvages (président de la coopérative de Creully-14) et Michel Henry (membre du bureau et gérant de sa filiale OmniSem) vantent les mérites de la semence certifiée sans pour autant l’opposer à la semence fermière. «Mais avec un différentiel de 20 €/ha et sans le boulot à faire...»
Multiplicateur : un état d’esprit
Ce boulot, c’est tout d’abord une trentaine de coopérateurs qui l’assume. «Etre multiplicateur, c’est un état d’esprit qui demande de la rigueur. Il faut obéir à des normes de qualité drastiques, veiller à la rotation des cultures, être plus exigeant sur le désherbage... Les parcelles avant récolte sont agréées par un technicien dédié qui vérifie la pureté variétale», insiste Pascal Desvages.
Un travail supplémentaire rémunéré: 20 à 25 % de plus-value. «Pas assez», avait-on pu entendre lors de la dernière assemblée générale de la coopérative «mais aucun multiplicateur n’arrête», fait remarquer Michel Henry .
Une fois récoltée, la future semence (blé, orge, avoine, féverole, pois mais aussi lin) est acheminée à Fontaine-la-Soret (27). Aux manettes de cette station de triage, de traitement et de conditionnement en sacs de 25 kg jusqu’au big-bag de 600 kg, Philippe Chauvin, la cheville ouvrière et figure historique d’OmniSem. Il a posé ses valises, ici dans l’Eure, en 1979 en tant que directeur de production. Le propriétaire des lieux s’appelait alors Ringot. Un semencier qui s’est taillé une solide notoriété en colza et betteraves sucrières.
Ringot jette l’éponge
Mais en 1996, Ringot, concurrencé par Cargill, jette l’éponge et décide de fermer l’usine avec 6 licenciements à la clé. «Je connaissais la clientèle locale. J’ai fait une étude de marché qui m’a confirmé dans mon projet de reprendre l’affaire mais le montant de la reprise était trop élevé», se souvient Philippe Chauvin. Le côté humain va l’emporter. Quatre négociants qui reconnaissent son savoir-faire vont mettre la main au porte-monnaie. OmniSem est porté sur les fonts baptismaux. Au fil du temps, l’actionnariat va évoluer vers la coopération. En 2002, Interface détient 51 % du capital puis passe la main à la coopérative de Creully et à SEVEPI.
45 000 à 50 000 qtx/an
OminSem produit aujourd’hui 45000 à 50 000 quintaux de semences certifiées par an. Si la coopérative de Creully reste son plus gros client, elle ne représente qu’un tiers environ de ses ventes. «Notre grande force, c’est notre réactivité et notre qualité de service, notamment au niveau des délais de livraison», souligne Philippe Chauvin, futur retraité. Il devrait passer dans quelques mois le flambeau de l’entreprise à son fils Guillaume. Un choix adoubé par Pascal Desvages et Michel Henry . «Avec cette succession, la pérennité de l’entreprise est assurée», se satisfont-ils. Et il faut en maîtriser des métiers pour faire tourner cet outil en non-stop de juillet à fin mars. Du flair aussi pour multiplier en N-1 la variété qui se vendra bien l’année suivante. A ce jeu-là, la modestie s’impose. Le catalogue ne compte par exemple qu’une quinzaine de variétés de blé dont une dizaine largement utilisée sur le terroir de Creully.
Tous les ans, une à 2 variétés sortent. Une à 2 entrent aussi au gré du résultat des essais de la coopérative et du verdict d’Arvalis-Institut du Végétal. Mais il ne s’agit pas d’une science exacte et le droit à l’erreur est permis. On travaille avec du vivant, même s’il est végétal, et la météo...