La FDSEA et les JA de la Manche dénoncent le bradage des GMS
Paillage nocturne des grandes surfaces
Pas question pour les éleveurs de laisser la grande distribution faire la loi sur les prix. De Cherbourg à Pontorson, en passant par St-Lô ou Granville, les parkings des supermarchés ont été paillés, dès 4 h, ce vendredi. « Les prix de nos produits sortis des exploitations ne couvrent plus les coûts de production. La situation financière des éleveurs n’est plus tenable ».


5 h, vendredi sur le parking de la grande surface Casino, située à Saint Pair sur Mer, à quelques encablures de Granville. Jean-François Bouillon, président des Jeunes Agriculteurs et Ludovic Blin, vice-président de la FDSEA, tiennent une conférence de presse au milieu des caddies renversés (mais non dégradés), alors que des pailleuses déversent encore leur contenu sur le goudron. « Tout un symbole » soulignent les responsables agricoles, entourés par une cinquantaine d’éleveurs de la région. « Les GMS en ne répercutant pas la hausse du coût des matières premières nous mettent sur la paille. Pourtant, hausser de quelques centimes un produit à la vente permettrait aux éleveurs de maintenir leurs » productions ».
Ce que reproche la FDSEA et les JA 50, c’est surtout le manque de parole des distributeurs. « Le 3 mai 2011, un accord était signé entre les représentants des producteurs, les transformateurs et les distributeurs. Accord concernant trois filières : Porcs, bovins et volailles. Il devait être élargi aux secteurs laitier et vaches de réforme ; les distributeurs s’y étaient engagés. Aujourd’hui, une fois de plus, les grandes surfaces ne respectent pas leur parole en refusant de répercuter la hausse des charges (notamment aliment) sur nos produits ». Parmi les producteurs présents lors de ces manifestations, beaucoup indiquaient leur découragement. « On nous demande sans arrêt des efforts à tous les niveaux, notamment environnemental (directive nitrates) ou encore bien-être animal, tout en refusant de nous donner les moyens d’avoir des trésoreries correctes. Comment voulez-vous que les jeunes aient envie de continuer la production laitière par exemple ? Ils vont préférer labourer ». Et lorsqu’on parle de l’impact d’une augmentation sur le portefeuille du consommateur, argument souvent mis en avant par les GMS, la réplique fuse, « la part de l’agriculture dans les dépenses alimentaires des ménages ne représentent en moyenne que 7,4 € sur 100 dépensés ».
La FDSEA et les JA demandent donc d’urgence une nouvelle réunion avec les GMS d’autant plus que la situation devient vraiment alarmante. Tous les centres comptables sont d’accords. « Le prix du lait, la hausse des coûts de production, les intempéries récentes affectent durablement les fermes et se traduisent par une baisse significative des prélèvements privés des producteurs ». Dernier point, mais non des moindres, outre le lait, la viande bovine ou encore le porc, les producteurs ovins et avicoles souffrent aussi. « Les augmentations du prix de l’aliment, une fois de plus, ont impacté les prix de revient pour la volaille de plus de 25% en 2012. A ces difficultés, s’ajoute la diminution des restitutions pour la viande de poulet que la Commission Européenne a jugé bon de diviser par deux. Quand aux ovins, le prix au kilo s’est écroulé depuis décembre dernier. Aujourd’hui, il se situe à – 5% par rapport à mars 2011 ».