Cirlait
“Pas d’embellie avant 2010”
Entretien avec Jean Turmel suite à la réunion du Cirlait

Comment s’est déroulée cette réunion du Cirlait ?
Chacun connaît la fragilité de l’accord national. Chacun sait aussi comment les producteurs le reçoivent même s’il fallait bien trouver une issue à la crise. Nous avons donc décidé de l’application à la Basse-Normandie de cet accord. C’était notre responsabilité. Sur les autres dossiers, nos interlocuteurs ont compris que le moment était mal choisi. Nous verrons cela plus tard.
Quand pensez-vous que cela pourra aller mieux ?
Je ne suis pas Madame Soleil. Personne n’est capable de prédire le rebond des marchés laitiers. Nous subissons le retour de l’Océanie sur les marchés mondiaux. Nous subissons également la crise économique mondiale qui tend à réduire les achats de produits laitiers. Notre production n’est pas isolée sur son île, elle est insérée dans l’économie agricole et dans l’économie générale. Nous dépendons d’évènements sur lesquels nous n’avons aucune prise. Et les deux dernières années nous ont montré toute la difficulté de réaliser des prévisions. Néanmoins, je ne vois guère d’embellie avant la fin de l’année. Pour 2010, rien n’indique une reprise de la consommation mondiale.
La production européenne aurait quelque chose à voir avec le marché mondial ?
Bien sûr. Nous sommes dans une économie de plus en plus ouverte, qu’on le veuille ou non. Cela ne nous plaît guère mais c’est la réalité. Donc quand une région du monde voit sa production augmenter ou baisser, cela provoque des évolutions sur le marché européen. Encore une fois, nous ne sommes ni seuls au monde ni indépendants de ce qui se passe à l’extérieur de nos frontières.
La commission doit rendre son rapport sur l’état des marchés laitiers. Il semble qu’elle préconise de ne rien changer. Comment réagissez-vous ?
Cela montre bien que l’Europe marche sur la tête. Nous venons d’élire des parlementaires européens qui ont tous demandé une régulation des marchés laitiers. Les ministres français et allemands demandent la même chose. Malgré cela, la commission s’arque-boute sur la sortie programmée des quotas et juge que l’intervention sur les marchés ne peut aller au-delà de ce qui a été fait. C’est l’idéologie libérale qui domine et la commission a trop de pouvoir. Je me demande quels intérêts elle sert. Car enfin, c’est l’avenir de la filière qui est menacé et les emplois qui en dépendent, pas seulement de la production. Si l’Europe n’est pas là pour protéger nos filières et nos emplois, à quoi sert-elle ?