Pas facile d’être agriculteur en bord de mer
La pression foncière en bord de mer est réelle et constante. Le référent territorial de Granville Terre et Mer, Laurent Deguelle, le constate. A chaque projet, un agriculteur est impacté. Alors, il veut défendre l’outil de travail de ses collègues lors des prochaines rencontres avec les élus de la collectivité.
La pression foncière en bord de mer est réelle et constante. Le référent territorial de Granville Terre et Mer, Laurent Deguelle, le constate. A chaque projet, un agriculteur est impacté. Alors, il veut défendre l’outil de travail de ses collègues lors des prochaines rencontres avec les élus de la collectivité.
Depuis 1989, Laurent Deguelle, est adhérent au syndicalisme. D’abord au CDJA puis à la FDSEA, responsable du canton de Bréhal, et depuis la dernière élection, référent territorial à l’échelle de la communauté de communes Granville Terre et Mer. « Le syndicalisme a son importance. Il faut défendre la profession, il faut toujours se mobiliser », assure-t-il, même s’il reconnait qu’il est « difficile de se faire entendre, se faire comprendre. »
La côte, gourmande en terres
Avec ce rôle de référent territorial, Laurent Deguelle veut défendre la profession surtout sur un territoire où « la côte est gourmande de terres », se désole-t-il. Il fait notamment référence au dossier du moment, l’extension de la carrière Cosnicat mise en valeur par le groupe Pigeon granulats à Saint-Pierre-Langers, engendrant une révision du Plan local d’urbanisme de la commune. Cette extension sur une surface de 18 hectares en zones A et N du PLU actuel ne contrebalance pas les besoins en matière de consommation de terres agricoles. Trois exploitations seraient impactées. « L’entreprise Pigeon a besoin de terrain, mais il faut respecter le monde agricole. Il ne faut pas que cela perturbe l’emprise sur la branche agricole. On essaie de restructurer au mieux nos fermes pour ne pas courir sur les routes et espérer continuer d’être exploitants. Alors, il ne faut pas que la ville sectionne nos fermes. En bord de mer, ce n’est pas évident d’être agriculteur », avance le référent territorial.
200 ha en 10 ans
Ces exploitants et d’autres sur le territoire granvillais ont déjà payé un lourd tribut face à l’urbanisation ou encore l’implantation de zones d’activités, d’aménagements routiers… Entre les zones dévolues aux activités commerciales, celles au logement et à l’aménagement routier nécessitant une compensation environnementale, plus de 200 hectares de foncier agricole du territoire de Granville Terre et Mer ont ou vont changer de destination en moins de 10 ans. « Tous les problèmes se cumulent », regrette-t-il.
Un agriculteur impacté par projet
Alors Laurent Deguelle espère que la profession aura son mot à dire notamment dans l’élaboration du PLUI (plan local d’urbanisme intercommunal). « Il y a un travail sérieux à mener parce que le terrain coûte cher pour tout le monde », rappelle-t-il. « A chaque projet, il y a toujours un agriculteur impacté », poursuit-il. Par conséquent, les responsables des communes sont appelés à se faire entendre parce qu’il y a « de moins en moins d’agriculteurs dans les conseils municipaux », constate-t-il. « On a une obligation de résistance. C’est notre métier qui en dépend. La solution n’est pas d’aller à l’affrontement, mais bien vers la discussion », assure-t-il.
La bête noire
C’était déjà le cas, mais dans les années à venir encore plus, « le foncier va être la bête noire parce que les villes s’agrandissent et la crise sanitaire fait revenir vers les campagnes », indique le responsable syndical. Mais le terrain est un bien foncier agricole. « C’est notre outil de travail », conclut Laurent Deguelle.
Installé depuis 1995 sur la ferme familiale à Le Loreur (canton de Bréhal), Laurent Deguelle est aujourd’hui à la tête d’une exploitation de 85 ha et d’une production de 400 000 l en Normande. À partir du mois de mai, il va entamer sa conversion en bio. Un choix guidé par une demande de lait bio par les Maitres laitiers du Cotentin et des terres asséchantes le conduisant à modifier ses cultures. « C’est une adaptation de mon système et une opportunité à saisir », indique-t-il. Et c’est surtout une réflexion d’une dizaine d’années. « Il faut avoir la technique et l’esprit pour passer le cap », prévient-il, encourageant les agriculteurs à s’informer, à visiter des exploitations. « Il ne faut surtout pas hésiter à s’adapter », conclut-il.