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Pascal Lebrun (branche lait Agrial): « ne perdons pas confiance »

«Je comprends l'inquiétude et l'impatience des producteurs de lait, insiste Pascal Lebrun, président de la branche lait d'Agrial. Cependant, cela ne fait que 5 ans qu'Agrial a réinvesti la transformation laitière. Le retour n'est peut-être pas assez rapide pour certains, mais c'est un beau projet. La direction est donnée. Notre objectif, à court et moyen terme, est bien de redonner de la valeur à nos producteurs».

© DR

>> Vos réunions de secteur se sont achevées vendredi dernier. Quel a été le niveau de participation?

Je tiens tout d'abord à remercier tous les éleveurs qui se sont déplacés, mais avec une participation de l'ordre de 50 %, on ne peut que regretter qu'un éleveur sur deux ne fût pas présent. D'où l'importance, d'ailleurs, d'apporter l'information pas d'autres canaux.

>> Quel en était l'ordre du jour ?

Un déroulé en 3 temps : le contexte laitier et le prix, la politique laitière et, enfin, la stratégie de la branche lait d'Agrial.

>> Le contexte laitier a évolué ces dernières semaines ?

On constate effectivement une remontée des cours particulièrement pour le beurre. Cela s'explique par une production mondiale de lait en baisse notamment en Europe (France Allemagne et Grande-Bretagne).

>> Mais cette embellie ne se traduit pas au niveau du tank du producteur créant une frustration, une incompréhension voire de la colère ?

Le prix du litre de lait qui est fixé jusqu'à la fin de l'année a été établi sur la base du premier ou second semestre à un moment où les cours étaient au plus bas. Il y a donc un décalage d'environ 6 mois.

>> Peut-on considérer que le plan d'aide visant à diminuer la production a fonctionné ?

Il est arrivé bien trop tard malgré les interventions des différentes fédérations nationales et celle du ministère de l'Agriculture auprès de Bruxelles. Nous nous sommes retrouvés dans un premier temps face à un afflux de production avec de la consommation mondiale certes en hausse, mais aussi des marchés fortement perturbés comme la Russie ou la Chine.


>> Le syndicalisme agricole cible en priorité le moins-disant, logique non ?

Les prix diffèrent d'une entreprise à l'autre en fonction du mix produit. Il faut donc comparer ce qui est comparable. Par ailleurs, à Agrial, nous sommes sur un prix de base sans les primes. Il faudra donc se comparer en fin de campagne et nous ne serons pas le moins-disant. Nous serons dans la moyenne. Je finirai mon propos en indiquant qu'il faut aussi tenir compte des années antérieures.

>> Et pour 2017 ?

Il nous faut travailler sur le premier trimestre en nous appuyant sur ce contexte qui est meilleur pour faire progresser le niveau de prix.

>> Le pire pour les producteurs de lait est donc derrière eux ?

J'ai ressenti dans nos réunions de secteurs beaucoup d'angoisse. Normal, les producteurs sont dans le doute. Malgré tout, on a la chance d'avoir une consommation mondiale qui ne cesse d'augmenter. La chance aussi d'avoir une coopérative qui souhaite et qui a les moyens de développer sa branche laitière. C'est un atout très fort pour nous, producteurs Agrial. Le dialogue a été très nourri au cours de ces rendez-vous c'est pourquoi j'invite chacun à y participe. Il faut garder cette proximité, ce temps d'échanges qui sont une vraie richesse contrairement à certaines entreprises qui ne diffusent aucune information ou seulement ce qui les arrange.

>> Et quid de votre politique laitière ?

Elle va forcément évoluer avec une période de transition, mais nous restons dans une gestion globale jusqu'au 31 décembre. Gestion globale qui a permis à certains producteurs, il faut le souligner, de faire du volume payé à 100 % au prix A.

>> Et à partir du 1er janvier 2017?

On se devait d'harmoniser notre politique laitière avec Eurial. On revient donc à une gestion individuelle avec la volonté de faire un point d'étape à chaque trimestre et un point global en fin de campagne, c'est-à-dire au 31 mars. L'idée n'est pas de remettre en cause les systèmes, mais d'inciter les producteurs à une régularité de production parce que nos outils de transformation ont besoin aussi de cette régularité d'approvisionnement.Cependant, la production du 3ème trimestre est libre et ne sera pas comptabilisée dans le dépassement annuel.

>> Quel est votre objectif?

Pouvoir reprendre l'attribution des 3% dès que possible et honorer les projets individuels, mais il nous faut encore un peu de temps.

>> Vous allez-en faire quoi de ce plus 3%?

Continuer à acquérir des marques et développer les nôtres. Je pense au Pavé d'Affinois qui a un goût moderne et qui s'exporte très bien. Il présente un gros potentiel.

>> Agrial a fait l'acquisition d'outils hors périmètre coopératif alors que des outils locaux (Graindorge ou Réaux) étaient à vendre. Pourquoi ne vous êtes-vous pas positionné?

C'est une question qui est revenue souvent dans nos réunions de secteur. On doit se fixer des priorités en fonction de notre stratégie et notre stratégie, ce sont des marques, des produits avec du potentiel de consommation demain, des marques qui s'exportent... Malheureusement, les pâtes molles sont plutôt en régression.

>> Ce qui signifie que demain vous allez faire du Pavé d'Affinois avec du lait Normand?

Pour l'instant «non», mais demain «pourquoi pas ?» Normand ou Breton d'ailleurs.

>> Et concernant les autres marques?

Nous avons la volonté de développer Grand Fermage, Agrilait, Soignon... Ces grandes marques arrivent à résister en période de volatilité. L'addition d'Agrial et d'Eurial nous donne les moyens de travailler dans cette direction.

>> Tout cela s'accompagne d'un volet industriel?

Bien sûr à commencer par un investissement de 100 MEUR sur notre site d'Herbignac (44) pour faire passer l'outil d'une capacité de 50 000 à 90 000 tonnes. Ce n'est pas qu'un projet fromager. L'objectif est de valoriser aussi le lactosérum et la crème. C'est un projet global.

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