Promotions sur la viande de porc : « on bat tous les records »
Les traditionnelles promotions de janvier sur la viande de porc battent leur plein. Qu’ne pensent les producteurs ? Réponses avec Yvan Fourré, président de la section porc de la FRSEA de Normandie.

>> Les promotions de janvier sont en cours. Quelle est votre appréciation ?
On bat tous les records ! Il suffit de lire les dépliants publicitaires déposés dans nos boîtes aux lettres : on trouve des pièces, longes ou côtes de porc, à des prix voisins du porc sorti de l’élevage. Je ne vois pas comment l’abattage et la découpe peuvent trouver leurs marges avec ces prix-là.
>> Vous mettez toutes les enseignes dans le même panier ?
Les bons élèves sont rares car les habitudes ont la vie dure dans ce métier-là. J’observe tout de même que les distributeurs qui adhèrent à la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) font moins de dégâts que les autres dont certaines se disent pourtant « producteur et commerçant ».
>> La promotion sur la viande est pourtant un outil de dégagement du marché ?
Oui, mais je fais une différence entre promotion et braderie. Nous avons effectivement besoin, à certaines périodes, de doper la consommation grâce à des promotions. Cela fait partie d’une politique commerciale dont toute la filière a besoin. Mais ce à quoi l’on assiste, c’est autre chose. Cette braderie ne laisse personne rémunérer son travail dans la filière. Et cela délivre un double message catastrophique auprès des consommateurs : la viande de porc ne vaut rien, et il faut surtout attendre les promos pour en acheter. L’effet est donc contreproductif.
>> Pourtant, lors des États Généraux de l’Alimentation, des engagements ont été pris. Sont-ils respectés ?
On voit bien que non. En attendant la loi qui doit formaliser les conclusions des EGA, une charte d’engagement a été signée en novembre par tous les opérateurs, y compris les enseignes de distribution. On voit ce qu’elles font de leur signature. Car ce qu’on voit sur les promotions est comparable aux négociations commerciales annuelles qui sont en cours : la distribution est plus agressive que jamais. Créer de la valeur n’est toujours pas son credo, c’est plutôt la recherche du profit maximal à court terme, et tant pis pour l’amont de la filière et l’attente des consommateurs qui souhaitent, je le rappelle, acheter de la viande française. Mais cela, ce n’est pas le souci des distributeurs.
>> Peut-on espérer, malgré tout, un effet positif sur le prix du porc?
Faire des prévisions est un exercice bien périlleux et je ne m’y livrerai pas. Je constate que le prix baisse continuellement depuis six mois, promotions ou pas promotions. Nous vendons nos porcs en dessous de leur prix de revient, le cours affiché au cadran est de 1,10€/kg. Cela ne va pas pouvoir durer.
>> Doit-on en conclure que des actions sont à prévoir ?
Nous allons en discuter mais nous n’allons pas nous laisser piller sans réagir. Il faudra bien que les coupables rendent des comptes.