culture
Que penser des engrais azotés foliaires ?
Les engrais pulvérisés sur le feuillage en fin de montaison ne présentent aucun intérêt par rapport aux formes solides lors du 3e apport d’azote, sauf en situation de sécheresse sévère mais avec présence d’eau en profondeur, phénomène assez rare en France.

Des expérimentations, réalisées en France de 2001 à 2010 par ARVALIS-Institut du végétal, ont permis d’évaluer l’efficacité de l’azote de certains des produits dédiés aux pulvérisations tardives sur le feuillage.Cette étude a été conduite sur blé tendre de 2001 à 2010, dans 6 sites*, avec des apports réalisés au stade “dernière feuille”. Les conditions climatiques ont été très différentes entre les différentes campagnes, avec des périodes de montaison présentant des scénarios humides ou secs (2010) Au total, 7 produits** dédiés aux pulvérisations tardives sur le feuillage ont été mis en comparaison avec de l’ammonitrate, dont 40 kg N/ha étaient appliqués au stade “dernière feuille”.A quantité totale d’azote identique, ces produits, appliqués selon les prescriptions commerciales, ont été aussi efficaces pour la production de grain que l’ammonitrate. En revanche, leur emploi a globalement engendré des teneurs en protéines plus faibles, de 0,4 % en moyenne que celles permises par l’emploi d’ammonitrate. Cela s’explique par la trop faible dose d’azote appliqué en fin de montaison (entre 6 et 16 kg/ha) et peut-être aussi par la nature de l’azote présent dans le produit.
Par temps sec, l’eau est plus limitante que l’azote
L’azote des engrais destinés à l’application tardive en pulvérisation sur le feuillage des céréales est donc apparu au mieux aussi efficace que celui de l’ammonitrate apporté sous forme solide au cours du développement de la dernière feuille. L’obligation de restreindre l’apport de ces produits à de faibles quantités d’azote pour éviter les brûlures des feuilles en limite fortement l’intérêt. Celui-ci ne peut se concevoir que dans les cas de sécheresses très sévères rendant impossible la dissolution de l’azote des engrais solides et son absorption par les racines. De telles situations sont assez rares en France. Lorsqu’elles se produisent, l’eau devient généralement le premier facteur limitant de la production. L’accumulation d’amidon dans les grains est alors beaucoup plus fortement affectée que la remobilisation d’azote des tiges et feuilles vers le grain. Il en résulte des teneurs en protéines élevées qui rendent inutile tout apport tardif d’azote. L’emploi de ces produits ne semble donc se justifier que dans des situations de sécheresse qui, malgré la dessication du sol en surface, n’altère pas l’alimentation hydrique des plantes. La présence de nappes d’eau peu profondes ou d’intenses remontées capillaires en sont des exemples, assez rarement rencontrés cependant.
Le risque de brûlures foliaires
Les engrais foliaires dont l’azote est sous forme de nitrate, d’ammonium, d’amide ou d’urée peuvent à forte dose provoquer des brûlures sur les dernières feuilles. Il en résulte une réduction de la surface foliaire et par conséquent de l’activité photosynthétique, qui affecte le remplissage des grains. C’est une des raisons pour lesquelles ces engrais sont préconisés à des doses ne dépassant pas 20 kg N/ha.
*Avail (18), Bignan(56), Caudan (56), Labergement Foigney (21), Plélo (22), Saint Cernin de Labarde (24).**Azofol, Azos, Azospeed, Cedazote, N eco 18, Nutriforce, Safe N.