culture
Quelle interculture choisir pour une valorisation fourragère ?
Après un début d’année particulièrement sec, de nombreuses exploitations se trouvent en situation de déficit fourrager. La valorisation fourragère des intercultures peut permettre de pallier plus ou moins partiellement le manque de stock.

Par ailleurs, la couverture hivernale est obligatoire réglementairement dans certaines zones de la région. Beaucoup d’éleveurs souhaiteraient profiter de cette obligation pour récolter un complément de fourrage. Avec un semis précoce (au plus tard début août), on peut espérer un rendement sur l’automne de 2,5 à 6 t MS/ha sur pied. Mais attention, le choix des espèces à semer est primordial, il dépend de nombreux facteurs : date de semis, conditions climatiques, destination du fourrage, période d’exploitation souhaitée…
Quelles espèces semer ?
Le choix de la ou des espèces à semer dépend surtout de la date de semis et de la période d’utilisation souhaitée. Il est préférable de semer une graminée associée à une légumineuse. Les avantages de ces associations sont multiples : économie d’engrais azoté et fourniture d’azote plus élevée pour la culture suivante, meilleure couverture et structuration du sol (ports et systèmes racinaires complémentaires), fourrage plus appétent et plus riche en protéines. En conditions chaudes et séchantes, le moha et le sorgho fourragers sont les plus résistants, mais ils ont quand même besoin d’un minimum d’eau pour démarrer ! Voici quelques espèces et associations possibles pour les principales situations.
Le moha + trèfle d’Alexandrie
Le moha est une graminée estivale moins exigeante en eau que le RGI ou que le sorgho mais qui a besoin de fortes chaleurs pour se développer. En bonnes conditions, il pousse rapidement (70 à 90 jours) avec une production potentielle de 2 à 4 T MS/ha selon les conditions climatiques (3,3 T MS/ha dans l'essai intercultures après méteil en 2007 à Carville dans le Calvados). Pour un semis fin juin, la récolte est possible mi-septembre. Gélif, il ne passera pas l’hiver.Du fait de sa faible valeur alimentaire, il serait plutôt destiné aux élèves et pour les vaches allaitantes (riche en fibres et plutôt encombrant). Il est pauvre en sucre et peut donc poser des soucis de conservation en ensilage. Il est plutôt conseillé en foin.Le moha, une fois coupé, ne repart pas. Le trèfle d’Alexandrie semble avoir une aptitude à la repousse variable selon les variétés. L’association peut-être pâturée car non météorisante. Semis à effectuer de mi-juin à début juillet à une densité de 25 kg/ha en pur ou 13 kg/ha en association avec 12 kg/ha de trèfle d’Alexandrie (60-65 €/ha).
Le sorgho fourrager
C’est un fourrage très exigeant en chaleur (attention si l'été est frais), plutôt destiné à l’ensilage. Une fois installé, il est beaucoup moins exigeant en eau que le RGI. Gélif, il ne passera pas l’hiver.Le sorgho est exploitable en pâturage mais il faut attendre qu'il atteigne une hauteur de 40-50 cm pour les sudan-grass, 60-70 cm pour les hybrides sorgho x sudan. En dessous de ces stades, il contient des substances toxiques pour les vaches laitières. En revanche, ces substances toxiques sont éliminées une heure après la fauche.Semis à effectuer de mi-juin à début juillet à une densité de 20-25 kg/ha (80-90 €/ha) pour les variétés de sudan-grass, et 30-40 kg/ha pour les hybrides sorgho x sudan.
Le ray-grass d’Italie
Si la sécheresse s'arrête (pluies régulières), le RGI est bien adapté, notamment dans les terres profondes. Pour une valorisation dès l’automne, il est préférable de semer avant le 15 août. Pour les semis d'été avec une exploitation dès l'automne, il est souhaitable de choisir une variété non alternative (= qui n’épie pas l’année du semis). Un type diploïde est préférable si le RGI est destiné à être fauché. Pour une pâture, un mélange 50 % diploïde + 50 % tétraploïde est possible. Le RGI pousse peu en été en cas de fortes chaleurs et de conditions sèches, et dans ces conditions les variétés alternatives montent rapidement à épis avec un faible développement et une faible production de feuilles. Attention également à une exploitation printanière trop tardive qui aura des conséquences sur le rendement de la culture de printemps à suivre. De plus le rendement maximum d’UF/ha est atteint une semaine avant le début de l’épiaison.On a intérêt à associer le RGI à un trèfle incarnat ou à un trèfle d’Alexandrie qui ne sont pas ou peu météorisants. Il n’est pas garanti que le trèfle incarnat reparte après l'exploitation d'automne. Dose de semis RGI pur : 15-20 kg/ha pour les variétés diploïdes, 20-25 kg/ha pour les tétraploïdes.Dose de semis RGI+trèfle d’Alexandrie : 10-15 kg/ha RGI + 10-15 kg/ha TA.Dose de semis RGI+trèfle Incarnat : 10-15 kg/ha RGI + 10-15 kg/ha de Trèfle Incarnat.Autre mélange possible : RGI 9-11 kg + trèfle incarnat 7-8 kg/ha + vesce commune d’hiver 9-11 kg/ha.
Le colza fourrager et les choux fourragers
Ces couverts sont plutôt destinés au pâturage ou à l'affouragement et présentent de très bonnes valeurs alimentaires au stade feuillu (0,91 UFL/kg MS / 124-97 PDIN PDIE pour le colza et 1,03 UFL / 104-98 PDIN PDIE pour les choux). Mais attention, les crucifères sont sensibles aux conditions sèches et chaudes.Le cycle de végétation du colza fourrager est très court. Suivant les variétés, 60 à 80 jours suffisent après le semis pour récolter 4 à 5 tonnes de matière sèche à l'hectare. Le colza fourrager s'intercale donc très bien entre deux cultures principales. C’est une culture facile à réussir et peu coûteuse. Il demande peu de travail du sol et s'adapte bien au semis direct ; il est peu exigeant en fumure. Il faut limiter la part du colza à 40 % de la matière sèche totale de la ration et complémenter avec du fourrage grossier (foin ou paille), et cela quelle que soit l'espèce animale. En pâturage au fil pendant 2 à 3 heures, il faut disposer d'un front d'attaque suffisant, d'un sol portant et arrêter la consommation une heure avant la traite pour que le lait n’est pas le goût du colza. L’ensilage du colza fourrager et des choux fourragers est difficile à cause des jus.Dose de semis du colza fourrager : 8-10 kg/ha (40€/ha). Il est nécessaire de faire attention à la gestion des repousses en cas de montées à graines (les variétés demi-précoces et tardives types “hiver” ne fleurissent pas à l’automne).Les choux fourragers sont moins rapides à pousser, moins productifs en semis tardifs (après le 15 juillet) mais sont plus souples à exploiter. Dose de semis des choux fourragers : 4 kg/ha.Dans les deux cas, ces couverts sont à éviter si du colza est présent dans la rotation.
Avoine diploïde + vesce
Ce mélange serait à semer au plus tard début août pour une récolte fin septembre/début octobre. Gélive, l’avoine diploïde ne passera pas l’hiver. La vesce commune est particulièrement bien adaptée aux sols argilo calcaires. En sols légers, lui préférer la vesce velue (diviser la dose de semis par 2 environ, en raison d’un PMG 2 fois plus faible).Densités de semis : avoine diploïde (15-20 kg/ha) + vesce commune de printemps (10-15 kg/ha). On peut remplacer tout ou partie de la vesce par du trèfle d’Alexandrie et l’avoine diploïde par de l’avoine de printemps (doubler le poids de semences).