Suite aux dysfonctionnement de collectes d'animaux morts
Qui va payer la facture d'Atemax ?
Après des délais conséquents de ramassage d'animaux morts dans les fermes par l'entreprise Atemax au mois d'août dû aux centres de collectes engorgés, 250 tonnes de cadavres ont été conduites au centre d'enfouissement de Cuves (50) les 11, 12 et 13 septembre. La facture globale va être lourde. Qui paiera ?
Après des délais conséquents de ramassage d'animaux morts dans les fermes par l'entreprise Atemax au mois d'août dû aux centres de collectes engorgés, 250 tonnes de cadavres ont été conduites au centre d'enfouissement de Cuves (50) les 11, 12 et 13 septembre. La facture globale va être lourde. Qui paiera ?
La situation d'Atemax est-elle en passe d'être assainie ? Les mesures prises ces derniers jours vont dans ce sens. La plus radicale aura été de conduire 250 tonnes au centre d'enfouissement de Cuves (Manche), les Champs Jouault, les 11, 12 et 13 septembre dernier selon une procédure bien précise et encadrée. "C'est la première fois qu'on est sollicité pour une telle situation. Nous n'y étions pas favorables. Mais nous avons une vocation d'utilité publique ", note Simon Loisel, directeur général de la SAS les Champs Jouault.
Une demande inhabituelle
Pour rappel des faits, l'entreprise Atemax, assurant l'équarissage, a rencontré des difficultés sur le site de Saint-Langis-lès-Mortagne (Orne) en raison d'une surmortalité d'animaux, des chaleurs importantes, des matières dégradées engendrant des délais de traitement plus importants. L'effet domino s'est fait ressentir sur les centres de collectes notamment dans la Manche, à Néhou et à Saint-Hilaire-du-Harcouët. L'entreprise n'était plus en mesure de faire face à la situation. "Ce dysfonctionnement est une conséquence et non une cause de cet afflux inhabituel ", souligne Sophie Grégoire, responsable de la communication de l'entreprise Akiolis. "En deux jours, nous avons reçu de l'ordre de 74 % de plus de matière à traiter", rappelle-t-elle. Le 19 août, journée noire, plus de 4 000 demandes d'enlèvement de cadavres restaient non traitées. "L'usine ne pouvait plus absorber les demandes", complète-t-elle.
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Des mesures d'urgence
Au fil des semaines pendant le mois d'août, les éleveurs ont élevé la voix face à des délais de ramassage d'animaux morts de plus en plus long. Il fallait attendre parfois jusqu'à 12 jours alors que le délai indiqué par Atemax stipule deux jours ouvrés. La sonnette d'alarme a été tirée par la profession agricole ou encore les riverains des centres de collecte. Le préfet de la Manche, Xavier Brunetière, a été amené à émettre un arrêté préfectoral prescrivant à Atemax des mesures d'urgences afin "d'évacuer dans les meilleurs délais les stocks présents sur les deux sites", et rétablir le service au plus vite. "Nous n'avons pas attendu cette date pour réagir", note Sophie Grégoire. Le temps de travail des agents a été prolongé, le délestage sur d'autres sites a été effectué.
Une demande d'indulgence
Cette situation n'est pas sans faire réagir les responsables agricoles, d'autant plus que des éleveurs ont reçu un mail préconisant l'enfouissement de leurs animaux avec l'accord de la Chambre d'agriculture et le GDS de la Manche. Ce qui n'était pas le cas. Immédiatement, les responsables sont montés au créneau conduisant à une réflexion pour une action en justice. Frédéric Bellanger, responsable des marchés ATM, s'est déplacé à Lessay le 7 septembre dans la Manche pour échanger. "C'est un malentendu. On a immédiatement envoyé un correctif aux six éleveurs concernés. On demande de l'indulgence", confie Sophie Grégoire.
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Une facture à 7 chiffres
Même si " on voit le bout du tunnel ", reconnaît la responsable de la communication, le dossier n'est pas clos. " Nous sommes optimistes mais restons prudents ", affirme-t-elle. Reste la facture à payer. "Le montant sera conséquent... bien plus que pour des ordures ménagères parce que nous avons mis en place un dispositif et fait appel à des entreprises compétentes ", note Simon Loisel. Et ce n'est pas la seule charge pour Atemax. "C'est un montant à sept chiffres", reconnait l'entreprise. Si le coût n'est pas arrêté ni annoncé, il ne sera pas sans conséquence. "Les éleveurs n'ont pas à payer la surmortalité", note Sophie Grégoire. Qui va payer ? La question reste entière. "C'est une réflexion qu'il faut mener ensemble", conclut-elle.
Enfouissement des cadavres : quel est le protocole ?
Les déchets ont dû être préalablement chaulés au dépôt d'Atemax avec 4 tonnes de chaux (1 tonne déposée au niveau des portes arrière et 3 tonnes répandues sur l'ensemble du contenu de la benne). Afin de limiter les risques de montée en température et assurer une siccite supérieur à̀ 30 %, chaque chargement a été chaulé au minimum 6 heures avant la livraison sur le site de Cuves.
À réception du chargement, un contrôle visuel du chargement a été effectué pour vérifier de la qualité de l'étanchéité du chargement. Une fosse de 5 m de profondeur minimum a été préalablement préparée avec un lit de chaux désactivé. Chaque déchargement du camion a été recouvert de 1,5 mètre de déchets ménagers. Une opération de chaulage complémentaire a été effectuée avant de refermer la fouille journalière. Ont été installés deux brumisateurs grande portée avec produits inhibiteurs de la molécule cadavérique.
Mesures spécifiques antiodeurs
Pour masquer les odeurs, deux brumisateurs automatiques grande puissance ont été installés à proximité de la zone de stockage pour diffuser un produit masquant valide par l'Anses et la DGAL. Pour effaroucher les oiseaux et les rongeurs, un dispositif d'effarouchement sonore sera installé à proximité de la zone de stockage.