EBE
Rapport prix/intrants... vers un effet ciseaux pour la récolte 2023
Depuis la récolte 2021 les prix se sont envolés, permettant à l’EBE par hectare de dépasser tous les plafonds, et ce, malgré l’inflation galopante des coûts des intrants. Avec l’impact de la crise ukrainienne, cette situation se pérennise avec la récolte 2022, l’EBE par hectare du 3e trimestre 2022 se stabilisant à 754 €/ha. Par contre, les charges d’engrais ayant doublé alors que les prix euronext repassaient sous les 260 € en mars 2023, les résultats de la récolte 2023 risquent d’être fragilisés, la crainte d’un effet « ciseau » étant de mise.
Depuis la récolte 2021 les prix se sont envolés, permettant à l’EBE par hectare de dépasser tous les plafonds, et ce, malgré l’inflation galopante des coûts des intrants. Avec l’impact de la crise ukrainienne, cette situation se pérennise avec la récolte 2022, l’EBE par hectare du 3e trimestre 2022 se stabilisant à 754 €/ha. Par contre, les charges d’engrais ayant doublé alors que les prix euronext repassaient sous les 260 € en mars 2023, les résultats de la récolte 2023 risquent d’être fragilisés, la crainte d’un effet « ciseau » étant de mise.
La récolte céréalière 2022 cumule à la fois des valeurs d’achats d’engrais à des prix raisonnables et, dans le même temps, des prix des céréales au plus haut depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Malgré la hausse des coûts de l’énergie, l’EBE des producteurs céréaliers qui naviguait entre 350 et 400 €/t depuis 2018, a plus que doublé en un an, atteignant 754 €/ha au 3e trimestre 2022. Cette hausse de trésorerie est un atout, certes, mais encore faut-il le faire fructifier avec la future récolte…
Des prix qui décrochent
Les cours du blé ont décroché depuis novembre face à un marché toujours plombé par l’alourdissement de l’offre lié à la reprise des exports ukrainiens et la hausse sensible de la récolte russe. À ce jour, la cotation euronext pour septembre s’établit à 265 € fin mars 2023 contre 420 fin mai 2022… prix auquel il convient encore de retirer 25 €/t pour arriver au prix « départ exploitation ».
En France, au niveau des mises en cultures 2023, Agreste a dévoilé ses dernières estimations de surfaces de blé tendre pour la prochaine récolte, et celles-ci sont en hausse de 1,7 % par rapport à l’année précédente. De plus, l’impact de la sécheresse actuelle inquiète la filière. Toutefois, les pluies arrivées en mars redonnent de l’espoir.
Vers un « effet ciseaux » ?
À partir des résultats résultant de la récolte 2022, essayons de nous projeter dans le contexte de la future récolte 2023. En effet, sur la base de l’évolution des éléments conjoncturels connus à ce jour, les indices Ipampa-Insee pour la future récolte correspondent :
• pour les engrais achetés en morte-saison : indice août 2022,
• pour les frais de récolte : indice juillet 2023,
• pour les autres charges, moyenne des indices d’août 2022 à juillet 2023.
Si on applique ces évolutions d’indices sur les composantes permettant d’évaluer le point d’équilibre moyen de la tonne de blé vendue pour la récolte 2022, ce dernier passe de 271,2 à 313,2 €/t soit une augmentation des dépenses de 42 €/t. Pour faire face à cette hausse des intrants, le prix, si la tendance déflationniste se maintenait, ne serait plus suffisant. De 304,6 €/t, le prix moyen annuel perçu par notre échantillon passerait à 240 €/1 000 l (sur la base des prix euronext nouvelle récolte 2023 connue au 30/03/2023 - prix payé producteur) entraînant une baisse des recettes d’environ 65 €/t. Le point d’équilibre prévisionnel n’est donc plus couvert par le prix de vente et la trésorerie chute de + 34,6 €/t pour la récolte 2022 à -73,2 €/t pour la récolte 2023.
Malgré une tendance actuelle à la baisse du coût des intrants et alors que, de tous bords, le politique s’empare de la cause de la défense du pouvoir d’achat, le risque de voir apparaître un « effet ciseaux » semble donc se confirmer pour la récolte 2023. Bien sûr, cette moyenne cache de grandes disparités entre les cultivateurs suivant leur système de production, leur futur rendement par hectare et selon le groupement à laquelle ils livrent leurs céréales. Plus que jamais, l’heure est à la mise en place d’outils d’analyse de gestion prévisionnelle pour piloter son exploitation. Parlez-en à votre centre de gestion.