Elevage allaitant
Rechercher l’autonomie alimentaire
Bien qu'ils connaissent aujourd'hui un léger tassement, les prix des matières premières restent élevés. Dans ce contexte, la recherche de l'autonomie alimentaire est la première réponse à apporter. Pour réduire les achats de concentrés, l'éleveur allaitant dispose de 2 leviers principaux : maîtriser la conduite des pâtures et adopter un rationnement hivernal précis des animaux.


Une conduite performante des pâtures
Pâturée, ensilée, fanée, l'herbe est le fourrage le plus adapté au cheptel allaitant. Bien exploitée, sa valeur énergétique est bonne et l'équilibre azote-énergie est parfait. Des prairies bien suivies assurent de bonnes croissances des veaux, une reprise d'état des vaches et la constitution de stocks hivernaux de qualité. Dans l'absolu, une conduite performante des pâtures permet pratiquement de se “passer” de concentré. C'est techniquement exigeant mais économiquement payant. Ce n'est cependant possible que si le système en place est cohérent, à savoir que la période de vêlage choisie tient compte du contexte pédo-climatique de l'exploitation.
En fin de gestation et sur la dernière moitié de lactation, les besoins des vaches allaitantes sont faibles. Un foin de bonne qualité récolté au stade floraison sur la dernière quinzaine de juin permet de les couvrir. Par contre, en début de lactation et surtout en période de reproduction, les recommandations augmentent fortement. Il faut alors disposer d'un foin précoce du début juin ou d'un ensilage fait sur la dernière quinzaine de mai. Un stock de très bonne qualité est aussi nécessaire pour les primipares compte tenu de leur faible capacité d'ingestion et de leurs besoins élevés.
Le choix de l'autonomie est plus difficile à tenir dans le cas des vêlages d'automne et de début d'hiver, et dans le cas des races à capacité d'ingestion limitée telles que les Blondes d'Aquitaine et les Limousines.
La récolte d'un fourrage conforme aux besoins des vaches permet, par rapport à un fourrage de qualité médiocre, une économie de 125 à 350 kg de concentré par vache, selon la période de vêlage.
Une alimentation hivernale raisonnée
La production d'une vache allaitante se limite à un veau qui va consommer environ 1 500 litres de lait. Par ailleurs, la vache a la capacité d'alterner des phases de “sous alimentation” et des phases de reconstitution de réserves corporelles. Cette capacité sera plus ou moins exploitée, selon les périodes de vêlages choisies dans l'élevage.
De façon très précise, l'INRA a défini les besoins des vaches selon la race, le poids, le stade physiologique, la période de vêlage, la production laitière. Ces recommandations prennent en compte l'état corporel des vaches à la rentrée en stabulation. Rentrer une vache en bon état, c'est 150 à 200 kg de concentré économisés sur l'hiver. Cela souligne l'intérêt de bien conduire les pâtures pour assurer la reconstitution des réserves corporelles des vaches à l'herbe.
Pour coller au plus près des besoins des vaches, il est nécessaire de faire des lots selon les besoins alimentaires des vaches.
Les vaches à faibles besoins : vaches gestantes en bon état, vaches en début de lactation vêlées en fin d'hiver, vaches en milieu et fin de lactation vêlées en fin d'été.
Les vaches à besoins plus élevés : primipares, vaches rentrées maigres, vaches en période de reproduction, vache en phase de finition.
L'allotement permet de réserver les meilleurs fourrages aux vaches qui ont le plus de besoins, et les plus médiocres, aux autres. Il permet aussi d'ajuster, au plus juste, les apports de concentré s'ils sont nécessaires.
L'activation de ces deux leviers, qui conduisent à améliorer l'autonomie alimentaire de l'élevage allaitant, peut générer une amélioration de la marge de l'ordre de 100 € par vache allaitante.
Jean-Claude DORENLOR
Chambre d'Agriculture
de la Manche
jdorenlor@manche.chambagri.fr
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