Sébastien Amand : "nous avons parlé d’une seule voix"
Questions à Sébastien Amand, vice-président de l’organisation de producteur Normandie Centre Lactalis.
L’accord signé mardi montre bien la complémentarité entre les OP et le syndicalisme. Est-ce un bon signe pour l’avenir ?
Sébastien Amand : Tout d’abord je tiens à remercier les organisations syndicales Fdsea et JA et leurs adhérents qui ont participé aux actions depuis une dizaine de jours, et notamment le travail réalisé à Laval par la Fdsea et les JA de Mayenne. La mobilisation des producteurs a été exemplaire tant dans son ampleur que dans sa tenue. Il y a eu un vrai travail d’accompagnement des syndicats envers les organisations de producteurs. Cette complémentarité entre les syndicats sur le terrain et les représentants des OP en négociation a porté ses fruits. D’ailleurs, les deux seules fois où nous avons réussi à faire avancer Lactalis dans le bon sens c’est ensemble. D’abord en 2011 avec la contractualisation. Et c’était déjà à Laval. Puis, cette année, avec cet accord.
On a aussi remarqué la cohésion des OP Lactalis entre elles…
S. A. : Oui, il s’agit là aussi d’une belle avancée. Nous avons parlé d’une seule voix. Je rappelle que les OP ont été créés avec une représentation territoriale. Du coup, chacune avait un peu, voire trop, tendance à défendre ses intérêts territoriaux, sans vision globale face au même industriel. Là, nous ne sommes plus dans une opposition. Cela doit servir de leçon. Egalement pour les relations entre syndicats et OP. Du côté syndical, certains regardent parfois les OP comme des structures concurrentes, et réciproquement. Or, sans l’appui technique et juridique des syndicats, les OP ne sont rien. La cohésion des organisations de producteurs n’a révélé aucune faille et le travail mené de concert par les OP et le syndicalisme, chacun à sa place, a été décisif dans ce résultat.
Passé l’accord de mardi, que va-t-il ou doit-il se passer ?
S. A. : Nous avons ramené les prix de Lactalis dans la moyenne nationale. C’est déjà un premier pas et non un accord au rabais, comme je l’ai lu aujourd’hui. Il nous faut désormais défendre ce que l’on vient d’obtenir et continuer d’être actifs sur le terrain. Nous devons travailler ensemble, OP et syndicats, pour définir un projet de ce que sera la future contractualisation avec Lactalis. Ce qui vient de se passer doit logiquement ouvrir une période de relations plus constructives entre les producteurs et Lactalis. Cela dit, je n’ignore pas les difficultés qui subsistent dans les exploitations et que d’autres productions sont confrontées à d’énormes difficultés : viande bovine, grandes cultures. Cet accord ne suffira pas à renflouer les exploitations laitières en difficulté, mais j’espère qu’il nous aidera à passer le cap difficile que nous vivons.