Viande
Si la Normande m'était contée
Alors que l'assemblée générale de la FQRN se déroule aujourd'hui à Caen, Michel Hamel souhaite une meilleure implication des éleveurs et de l'ensemble de la filière.

Président de la Filière Qualité Race Normande depuis sa naissance en 1992, Michel Hamel, toujours jeune retraité manchois, lance d'emblée un avertissement. "Les chiffres 2013 sont sans appel ; l'activité de la filière a baissé de 30 %". Explication : demande en baisse chez Carrefour due aux prix bas imposés par d'autres groupes de
distribution. Michel Hamel en profite pour indiquer au passage, "les animaux retenus dans la filière ont été payés avec la plus-value habituelle, même si la viande va ensuite dans des circuits de distribution normaux".
Garantie pour l'éleveur
Notre homme défend plus que jamais la race Normande. "Ils sont nombreux à critiquer les filières de qualité. Sans elles, la viande bovine aurait encore plus trinqué voici deux ans encore. Une filière, qu'on se le dise, représente une garantie pour le producteur". Reste qu'il faut encore et toujours, pour les dirigeants de FQRN, reprendre le bâton de pèlerin pour convaincre à tous les niveaux. Une autre difficulté se greffe, l'orientation du schéma de sélection de la race. "Attention, en génétique, à la conformation et à la musculature des animaux proposés, donc au rendement viande. Actuellement les sujets sont trop légers, basés avant tout sur la production laitière. Si on ne rectifie pas le tir rapidement, la Normande va se transformer en Prim'Holstein tricolore". Ce fameux schéma de sélection est officiellement dans les mains de l'OS, mais les unités de sélection mettent régulièrement leur grain de sel dans la réflexion. "La Normande s'est taillé une sacrée réputation sur sa mixité lait/viande", souligne M. Hamel, "à un moment, il faut couper court aux dérives".
L'avenir
Dans la FQRN, il y a les inconditionnels et les opportunistes. "Autre difficulté, la gestion des plannings d'approvisionnement. Les éleveurs en majorité jouent le jeu, mais certains nous livrent par défaut. Je souhaite qu'il y ait plus d'anticipation et surtout une bonne finition des animaux. C'est bien joli de dire que la Normande a une belle filière. Encore faut-il fournir de la qualité, encore de la qualité, toujours de la qualité". Michel Hamel peste aussi après une vache Normande mise à toutes les sauces en terme de communication, même pour l'anniversaire du Débarquement. "Je ne suis pas d'accord ; un peu d'ordre dans toute cette récupération ne ferait pas de mal".
L'avenir, Michel Hamel le voit avec une remise à plat complète de la race. "Il ne s'agit pas de faire d'un côté des Normandes pour la viande et de l'autre des "pros" du lait mais, une fois de plus, jouer sur cette mixité qui nous est enviée. Prenons la fin des quotas laitiers. La race a une sacrée carte à jouer. Économiquement, il vaut mieux avoir une vache à 7 500 kilos en moyenne avec un veau par an, de la protéine et des coûts de production abaissés, basée sur un maximum d'autonomie alimentaire, plutôt qu'un troupeau coûtant les yeux de la tête en achats extérieurs".
Dernier point, toujours avec le groupe Carrefour -le premier à avoir créé des filières qualité en alimentation- la FQRN va s'attaquer à redynamiser la consommation de viande bovine, en race normande de préférence. "Logique, c'est la seule GMS qui accepte de valoriser et de mieux payer la matière première... de qualité".