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Suisse ou USA : comment vivent-ils sans quotas laitiers ?

Certains pays produisent du lait sans quotas. Comment font-ils ? L’État intervient-il d’une autre façon ? Avec quelle organisation économique des éleveurs ?

Dans le monde laitier, la liberté de produire est la règle, le contrôle de la production par les pouvoirs publics est l’exception (Europe, Canada). Alors comment font-ils tous ces pays pour produire du lait sans quotas laitiers ? Quels enseignements en tirer ? Réflexions à partir de l’exemple suisse et l’exemple américain.

La Suisse sort des quotas
La Suisse a mis fin officiellement en mai 2009 à 32 années de contingentement de la production laitière par les Pouvoirs Publics.
La politique agricole suisse est assez proche de la politique européenne : l’essentiel du soutien à l’agriculture passe maintenant par des paiements directs, basés sur la surface.
Les 28 000 éleveurs laitiers suisses livrent leur lait à deux circuits distincts : 60% de la production est livrée à des industriels laitiers et 40% de la production est transformée dans des fruitières artisanales (comparables aux fruitières de Franche-Comté), petites coopératives locales.
Le prix du lait suisse est environ un tiers supérieur au prix européen.

La Confédération helvétique a préparé la sortie des quotas
L’État suisse a soigneusement organisé la fin des quotas. Dès 2006, les éleveurs avaient la possibilité de sortir de manière anticipée du contingentement et la plupart l’ont fait.
L’État suisse a exigé la signature d’un contrat entre l’éleveur et l’acheteur. Il s’agit d’un contrat d’au moins 1 an, les données du contrat sont publiées dans une banque de données publique.
L’État suisse a aussi imposé une transparence des prix et des volumes à tous stades de la filière.
Depuis 2 ans, tous les éleveurs se sont aussi regroupés en 38 organisations de producteurs qui discutent avec les industriels laitiers.
Le syndicat des éleveurs gère une enveloppe financière, financée par une contribution des éleveurs, pour écouler la production excédentaire.

Un pool national des éleveurs
La production a augmenté de 5% en 2008, ce qui a fait baisser les prix.
Les négociations entre éleveurs et transformateurs ont été très tendues.  Aujourd’hui, le regroupement des organisations de producteurs dans un “pool laitier national” est en discussion, ou en tout cas une diminution du nombre des 38 organisations de producteurs.

Les USA : une régulation complexe
Le système des quotas laitiers n’existe pas aux USA. Toutefois, l’intervention des pouvoirs publics demeure importante et multiple.
Créés en 1937, les 11 offices régionaux du Ministère de l’Agriculture, les Milk Marketing Orders (MMO), régissent les rapports entre les producteurs et les transformateurs de lait. Les MMO remplissent deux fonctions principales : fixer le prix minimum du lait payable chaque mois par les transformateurs aux producteurs de la région concernée, à partir des cotations de gros des produits laitiers. Deuxième fonction : Pratiquer une péréquation des prix payés pour les différents débouchés. La valeur des achats par les transformateurs est mise en commun et gérée par l’administrateur du MMO. Ainsi, chaque éleveur, dans un bassin de commercialisation, reçoit le même prix.

Les coopératives laitières participent à la régulation
Aux États-Unis, les coopératives laitières contrôlent 86 % de la collecte. On dénombre 193 coopératives laitières en 2005 comprenant 60 800 membres. La plus importante des coopératives laitières est la Dairy Farmers of America qui collecte 28 % du lait des États-Unis. La plupart des coopératives ne font que collecter le lait et le livrer aux laiteries. Grâce aux négociations avec les transformateurs, les coopératives obtiennent des prix supérieurs aux prix minima réglementaires.
En cas d’excédents, 2 actions des coopératives sont financées par une taxe prélevée auprès des éleveurs : un soutien aux exportations et un système d’abattage des vaches laitières et d’indemnisation des éleveurs. Un tel programme a été enclenché au printemps 2009 pour abattre 1% des vaches américaines. Devant le marasme du marché, il va être reconduit.

Des prix du lait aux USA très volatiles
Les éleveurs américains doivent vivre avec des fluctuations extrêmes du prix du lait : Entre 2006 et 2007, le prix moyen aux USA a augmenté de 49 % ! En 2009, la chute devrait être de l’ordre de 34 % !
La volatilité a des avantages en matière de réactivité : en 2007 & 2008, les industriels laitiers américains ont pu prendre des marchés à l’international, à l’Europe, notamment.

Un rôle central des organisations d’éleveurs
Les éleveurs suisses ou américains vivent sans quotas laitiers. Dans les 2 cas les pouvoirs publics, s’ils ne fixent pas les volumes de production des éleveurs, ont une action régulatrice importante :
• Par les mécanismes de protection aux frontières, d’aides à l’export ;
• Par un filet de sécurité d’achat de produits d’excédents (beurre-poudre)
• Par l’imposition d’une transparence à tous les stades de la filière ;
• Par des aides directes aux éleveurs.
Dans ces deux pays on observe le rôle central que joue l’organisation économique des éleveurs. Coopératives ou organisation de producteurs regroupent l’offre de lait des éleveurs et négocient avec les industriels laitiers.
D’autres pays fonctionnent sous un régime encore plus radical d’une coopérative unique, comme FONTERRA en Nouvelle-Zélande. Plus près de nous, les éleveurs Danois ont construit une coopérative unique et les Néerlandais sont en train de fusionner leurs deux coopératives en une seule. Après 2015, la gestion des volumes par les pouvoirs publics européens sera remplacée chez eux par une gestion interne à la coopérative.

Croissance de l’élevage laitier dans le Far West américain
• Les 62 000 éleveurs laitiers américains sont répartis aux 2 extrêmes du continent. Le Nord-Ouest des USA présente des exploitations de taille comparable à celles de l’Europe du Nord (90 vaches), avec une alimentation à base d’herbe. On observe un développement de la production laitière dans l’Ouest des USA : Cette région (Californie, côte pacifique, Montagnes rocheuses) marque sa différence avec des étables de plus grande taille (706 vaches en 2006) avec une alimentation sèche et une large utilisation de l’hormone laitière. Leurs coûts de production sont plus faibles que les systèmes traditionnels (de l’ordre de 25% en 2005), mais la fermeté des prix céréaliers depuis quelques années diminue leur rentabilité. Leur croissance rapide s’effectue vers des produits à faible valeur ajoutée et exportables (poudres).

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