Savencia vs Sunlait
Sunlait veut trouver une issue pour ses producteurs
Depuis 2020, les relations entre Sunlait et Savencia sont tendues, jusqu’à les conduire devant les tribunaux en raison d’un désaccord sur le prix du lait. En décembre 2023, les producteurs ont perdu. Et aujourd’hui l’industriel laitier fait savoir que la collecte s’arrêtera le 8 mars. Landry Rivière, président de Ouest’lait, veut croire à une sortie de crise. Il attend la décision du comité des règlements des différends commerciaux agricoles, qui pourrait allonger le contrat jusqu’à la fin de l’année.
Depuis 2020, les relations entre Sunlait et Savencia sont tendues, jusqu’à les conduire devant les tribunaux en raison d’un désaccord sur le prix du lait. En décembre 2023, les producteurs ont perdu. Et aujourd’hui l’industriel laitier fait savoir que la collecte s’arrêtera le 8 mars. Landry Rivière, président de Ouest’lait, veut croire à une sortie de crise. Il attend la décision du comité des règlements des différends commerciaux agricoles, qui pourrait allonger le contrat jusqu’à la fin de l’année.
En décembre 2023, l’arrêt de la Cour d’appel de Caen concernant l’affaire opposant Sunlait à Savencia a laissé un goût amer aux producteurs de lait. Effectivement, cette Cour d’appel a infirmé le jugement du tribunal de Coutances qui était favorable aux producteurs. Autrement dit ces derniers ont été déboutés.
Des médiations conventionnelles
Pour autant, les adhérents de l’AOP Sunlait ne veulent pas baisser les bras d’autant plus que le contrat initial avec le transformateur s’arrête le 8 mars 2024, c’est-à-dire très prochainement. Avant que la Cour d’appel n’ait lieu, Sunlait avait accepté une médiation conventionnelle. Elle n’a pas abouti. En décembre 2023, une nouvelle médiation conventionnelle avait été proposée. « Et nous l’avons refusée parce qu’elle se veut privée, et par conséquent, nous ne pouvons pas faire état des éléments qui sont discutés dans le cadre de cette médiation », explique Landry Rivière, président de l’OP Ouest’lait. Mais dès le 15 décembre, seulement 10 jours après le jugement de la Cour d’appel de Caen, les producteurs ont saisi le médiateur des relations commerciales agricoles, médiation publique, dans le but simplement de faire respecter la les lois Egalim. Là encore, le travail de médiation n’a pas pu avoir lieu.
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Vers une prolongation du contrat
Dès le 2 janvier 2024, les producteurs de lait ont décidé de saisir le comité de règlement des différends commerciaux agricoles (CRDCA), une instance créée en octobre 2021, ayant la possibilité d’imposer une décision aux parties, Sunlait et Savencia. « Ce que nous souhaitons, c’est prolonger le contrat jusqu’à la fin de l’année 2024 pour nous permettre de discuter plus sereinement », indique Landry Rivière. « Nous avons espoir que le CRDCA soit favorable à notre demande, parce que le prolongement du contrat rendrait service aussi bien aux producteurs qu’à Savencia qui a besoin de lait », fait remarquer le président de Ouest’lait. Pour rappel, Sunlait fournit 600 millions de litres de lait à Savencia dont 351 millions par Ouest’lait qui compte 540 adhérents du Calvados, de l’Ille-et-Vilaine, de la Manche, de la Mayenne et de l’Orne.
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Des relations difficiles
Depuis le début, Sunlait et ses organisations de producteurs ont toujours voulu maintenir la discussion avecleurs adhérents. Aujourd’hui, en situation de crise, la communication reste essentielle pour expliquer les avancées, rassurer les producteurs et tenter de trouver des solutions. Landry Rivière espère que l’industriel laitier accepte de revenir autour de la table pour discuter et construire un nouvel accord. « Pendant plusieurs années, nous avons signé de belles choses avec Savencia », avance Landry Rivière. Alors, il veut y croire encore. « Nous ne sommes plus en contentieux. La donne n’est plus la même. Nous devons prendre en compte le délibéré ainsi que le fait que nous sommes dépendants de Savencia car il n’y a pas suffisamment de débouchés pour compenser. On espère que le transformateur puisse être dans un rôle d’apaisement », confie-t-il.
Trouver une solution
Si Ouest’lait et Sunlait plus largement, ont le soutien de leurs adhérents, les responsables sont conscients des tensions qu’il peut y avoir sur le terrain. « Mon objectif est de rester dans la même dynamique de cohésion pour permettre à Savencia de rediscuter avec nous. Il n’est pas question de faire exploser Ouest’lait ni Sunlait », martèle Landry Rivière. «Les producteurs adhérents se voient proposer de poursuivre en contrat individuel ou via une autre OP. Ce n’est pas la solution, tout comme ce n’est pas une solution de bloquer tout projet de développement. C’est toute la filière laitière qui en pâtit », affirme-t-il.
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Résister aux pressions
Aujourd’hui, Savencia voudrait avancer en collectant le lait sans que les producteurs soient adhéreants à Sunlait. « Or, l’OP est avant tout l’outil des producteurs. Déstructurer l’OP, c’est s’en prendre aux producteurs », confie Landry Rivière. « Notre cohésion finira par payer. Il nous faut continuer à résister à l’ensemble des pressions. Nos adhérents reconnaissent le rôle de notre organisation. Elle est là pour servir des intérêts communs. Pour nous, responsables, l’intérêt collectif restera au-dessus des visions individuelles et personnelles. Savencia comme les OP doivent se poser pour construire l’avenir », conclut-il.
Tous les regards politiques sont tournés sur cette situation. Il en va du rôle des OP, de la contractualisation obligatoire depuis 2011 et des lois Egalim.