Sylvie Lehugeur : agricultrice pour une meilleure qualité de vie
llll Sylvie Lehugeur est installée en Gaec avec son mari et un voisin. Les associés ont toujours misé sur la production laitière. Devenue agricultrice pour faciliter sa vie de famille, Sylvie Lehugeur porte un nouveau regard sur la profession. Elle est candidate à la Chambre d'agriculture.

>> Pouvez-vous présenter votre exploitation ?
Je suis installée en Gaec avec mon mari Éric et Olivier Gaudin, notre voisin, qui nous a rejoints en 2009. Nous produisons 1 100 000 l de lait, en race Prim'Holstein, livrés à la coopérative Agrial. On compte 150 ha de cultures : blé, orge, colza, maïs.
>> Avez-vous toujours su que vous seriez agricultrice ?
Pas du tout ! Je n'aurais même jamais pensé me marier avec un agriculteur. Je n'avais pas, quand j'étais jeune, une image positive du milieu, je pensais qu'avec ce métier on n'avait pas de vie de famille. J'étais agent hospitalier à Argentan. Je me suis mariée avec Éric en 1985. Nous avons adopté une petite fille en 1991. Il me fallait du temps pour m'occuper d'elle. Alors j'ai quitté l'hôpital, je me suis associée avec mon mari et mes beaux-parents et j'ai pris une disponibilité d'un an. Renouvelée deux fois. Finalement, j'ai une meilleure qualité de vie que lorsque je travaillais à l'hôpital.
>> À quoi ressemblait votre exploitation quand vous vous êtes installée ?
La ferme a beaucoup changé. Il y avait davantage de prairies, que nous cultivons désormais en céréales. Nous avons toujours gardé en tête d'augmenter la production laitière : entre 2009 et aujourd'hui, nous sommes passés de 60 à 100 vaches. Le niveau de l'étable a progressé. En 2013, nous avons robotisé la traite. À la fin des quotas, nous avons augmenté notre référence.
>> Quel outil souhaiteriez-vous transmettre ?
Un outil facile en termes de conditions de vie. Les deux robots ne sont pas saturés, les repreneurs pourront augmenter la production laitière. Nous n'avons pas de successeur, ni nous ni notre associé. Éric et moi avons 54 ans, Olivier 58 ans. Soit il part tout seul, soit nous partons tous les trois. La transmission est notre projet d'étude en 2019, nous allons faire estimer la ferme.
>> Pourquoi êtes-vous candidate à la Chambre d'agriculture ?
Des gens nous ont accompagnés, nous ont aidés pour qu'on en soit là où on est. Il faut prendre la relève. Avant, je n'avais pas une bonne image de la profession. Alors j'aimerais contribuer à ce que tout le monde ne pense pas comme moi à l'époque. Nous avons besoin de personnes qui s'investissent pour que notre agriculture ne meure pas.
>> Que dites-vous pour convaincre votre voisin d'aller voter ?
D'abord que voter est un devoir. Des personnes se sont battues pour qu'on ait le droit de vote.
Ensuite, que nous devons défendre nos idées, nous devons avoir des représentants légitimes à la Chambre d'agriculture.
>> Quels sont les thèmes qui vous tiennent à coeur ?
J'ai participé à l'élaboration du planning du vacher de remplacement.
Les conditions de vie, permettant de se dégager du temps, sont importantes. J'aimerais, dans ce sens, participer au projet de création du groupement départemental d'employeurs.
J'aime aussi les nouveautés, aussi bien sur le plan technologique qu'environnemental.
>> Y a-t-il un autre sujet que vous aimeriez aborder ?
J'aimerais que les femmes soient davantage représentées dans les prises de responsabilités.
Les choses évoluent, mais on s'aperçoit dans les campagnes que les choses peuvent encore progresser.