Thierry Hulmer (président de Littoral Normand) : de la cohérence régionale au cœur d’une harmonisation européenne
llll « L’Europe est un outil à préserver. Elle permet de réguler les modes de production sous ses différents aspects : économique, social, environnemental (...) », évoque Thierry Hulmer. Le président de Littoral Normand invite également les différents acteurs du monde de l’élevage à plus de cohérences au plan régional.
>> A quelques semaines des élections européennes, quel message souhaiteriez-vous faire passer ?
Qu’il est un peu facile et démagogique de toujours taper sur l’Europe. Nous avons besoin de plus et de mieux d’Europe. J’invite donc les agriculteurs à faire preuve de
citoyenneté en allant voter. Me concernant, je privilégierai des candidats modérés.
>> Mieux d’Europe, cela signifie quoi ?
Qu’il faut remettre de la transversalité dans notre fonctionnement en arrêtant de tout vouloir surtransposer avec toujours plus de contraintes franco-françaises. Les normes sanitaires, animales et végétales, doivent être les mêmes pour tout le monde. Nous devons également harmoniser nos règles sociales et fiscales. Tout cela pour contribuer à plus d’équité et diminuer les distorsions de concurrence.
>> L’échelon local n’a-t-il pas besoin aussi d’harmonisation pour être plus efficace ?
Effectivement, les différents acteurs terrain doivent faire preuve de plus de cohérence.
C’est d’autant plus vrai que les troupeaux s’agrandissent et donc que les éleveurs ont de moins en moins droit à l’erreur. Nous devons nous coordonner entre OPA (Organisation Professionnelle Agricole) et profiter des évolutions techniques pour valoriser de nouvelles pratiques. Par exemple, une goutte de lait peut dire beaucoup de choses, il serait dommage de s’en priver. N’ayons pas peur du changement. Il faut d’ailleurs mieux l’anticiper plutôt que de le subir.
>> La notion de bien-être animal est de plus en plus prégnante dans les débats de société. Comment l’abordez-vous ?
C’est une notion que l’on cuisine à toutes les sauces. Il faut certes répondre aux attentes de la société mais ne surtout pas glisser vers une surenchère marketing. Dans le cadre de Seenergi dont nous sommes actionnaires (ndrl : voir encadré), nous travaillons à l’élaboration d’indicateurs mais nous préférons parler de bien-être en élevage que de bien-être animal car il ne faut pas oublier l’humain dans cette approche. Nous nous sommes d’ailleurs retirés de projets qui ne correspondaient pas à nos valeurs.