FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre)
Thomas Pelletier (FNPFC) : “les clignotants de la filière cidricole sont au vert”
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a tenu parole. Il est allé, le 24 janvier dernier , à la rencontre de la filière cidricole. Thomas Pelletier, président de la FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre) revient sur cette rencontre.
Quand on fait venir un ministre sur le terrain, c’est pour lui faire découvrir la réalité d’une filière mais c’est aussi pour qu’il apporte des réponses à des questions préalablement posées. A ce titre, la visite de Stéphane Le Foll a-t-elle été rassurante ?
Tout d’abord, signalons que cette visite, une première fois repoussée, illustre la reconnaissance du ministre de l’Agriculture vis-à-vis de la filière cidricole. Une petite filière certes, mais une filière qui a toute sa place sur l’échiquier agricole et agroalimentaire hexagonal.
Ensuite, et pour répondre à votre question, “oui” Stéphane Le Foll nous a apporté des réponses rassurantes. C’est notamment le cas à travers le procès d’intention fait par des transformateurs privés allemands, italiens et espagnols. Ils reprochent, à la filière fruits et légumes transformés, son organisation en OP (Organisation de Producteurs) évoquant une distorsion de concurrence. Ils ont gagné en première instance mais nous avons fait appel. Appel avec le soutien des Etats membres concernés et du ministre français de l’Agriculture.
Quel serait le risque ?
Que la filière cidricole soit exclue de l’OCM (Organisation Commune des Marchés) Fruits et Légumes. Ce qui signifierait pas d’accès aux aides à l’investissement, à la promotion, à l’organisation de la mise en marché (Ndrl : voir encadré). Les deux OP existantes (AGRIAL et Val de Rance) en pâtiraient et, au-delà, les producteurs de pommes à cidre.
Le ministre s’est également prononcé pour la fusion des 2 interprofessions cidricoles, ça va aussi dans le bon sens ?
Il a assumé ses responsabilités. Au regard de la taille de notre filière, que les pouvoirs publics échange avec un interlocuteur unique n’est pas dénué de bon sens. A nous de nous organiser sous un dénominateur commun sans renier les spécificités des uns et des autres. Cela passe par un dialogue serein et qui demande du temps.
Une des volontés souvent réaffirmée par ce gouvernement, c’est le pluralisme syndical. Vous avez aussi évoqué ce sujet ?
Oui, mais c’est un faux problème au sein de la filière cidricole. La FNSEA, historiquement, a fait le choix de croiser ses adhérents avec les productions. C’est ainsi que la FNPFC est devenue une AS (Association Spécialisée) du syndicalisme majoritaire. Mais nous ne recevons pas les instructions de Xavier Beulin.
Au sein de nos différentes instances cidricoles, nous ne ciblons pas en fonction de l’étiquette syndicale. Certains sont non syndiqués, d’autres sont adhérents à la FNSEA, à la Coordination rurale ou à la Confédération paysanne. Nous mélangeons des bios et des conventionnels, des artisans et des industriels, des normands et des bretons (...), c’est notre diversité avec des gens engagés qui compte. Le risque demain, si le gouvernement souhaite légiférer sur ce point, c’est que des fauteuils soient occupés par défaut. Qu’un représentant de tel ou tel syndicat se retrouve à assumer une responsabilité dont il ne veut pas mais que la loi lui oblige. Le pluralisme “oui”, le dogmatisme “non”.
Je ne vois pas où est le danger ?
Imaginez une négociation âpre entre transformateurs et producteurs et, au sein du collège “producteurs”, des chaises vides par manque de motivation de ceux censés les occuper, on va fausser le rapport de force et finalement affaiblir la représentativité des producteurs. Nous avons donc alerté le ministre sur ce risque sans obtenir de réponses bien nettes.
Quelles sont d’ailleurs les différences d’approche de défense de la filière entre les principaux syndicats ?
Mais je ne connais pas la politique cidricole que défendent la Coordination rurale ou la Confédération paysanne.
Quelle image de la filière avez-vous fait passer au ministre ?
Celle d’une filière dynamique qui a retrouvé le sourire. 2013 est une bonne année pour le cidre avec une augmentation du chiffre d’affaires au niveau de la distribution de + 6 % et de + 1,5 % en volume. Les grandes surfaces gagnent donc de l’argent avec notre production. A nous de rester vigilants pour en récolter aussi les fruits.
Comment expliquer cette réminiscence ?
Plusieurs facteurs ont joué. Tout d’abord la politique de communication de l’interprofession. Depuis 4 ans, nous n’avons pas dérogé à notre ligne de conduite. Nos messages répétés sont dé-sormais entendus par les consommateurs.
La capacité d’innovation des transformateurs a également pesé. Je pense au cidre rosé qui occupe 5 % de part de marché. Je pense aussi à de nouveaux contenants qui attirent une nouvelle clientèle...
N’oublions pas non plus les efforts qualitatifs et le renforcement de la professionnalisation au sein des filières IGP (Indication Géographique Protégée) Bretagne et Normandie, leaders du marché avec 50 % des ventes.
2014 devrait aussi être une bonne année. Après le SIA, se tiendront les JEM (Jeux Equestre Mondiaux) ?
Concernant le Salon International de l’Agriculture à Paris, nous serons présents sur le stand de France Agrimer. Tous les jours, 5 producteurs seront là, auprès des parisiens et autres, pour faire déguster les produits de la pomme à cidre.
Ensuite, se tiendront en Basse-Normandie les JEM, un évènement international médiatisé auprès de millions de téléspectateurs. Notre volonté est donc de donner un maximum de lisibilité au cidre même s’il n’est pas toujours aisé d’associer le sport avec une boisson alcoolisée, le fut-elle faiblement. Nous serons cependant sur tous les sites impliqués, soutenus en cela par l’UNICID et les partenaires régionaux.
La filière cidricole s’inscrit donc à nouveau durablement dans le paysage ?
Je le pense sincèrement. Les problèmes de débouchés sont vraisemblablement derrière nous. Il y a des signes qui ne trompent pas : plus de 1 000 nouveaux hectares chez AGRIAL, une centaine du côté de Val de Rance, une trentaine chez
Fournier (61), une dizaine chez Préaux... C’est un marqueur de confiance en l’avenir.
Un mot pour conclure sur la récolte 2013 ?
Elle est dans la moyenne de ces 10 dernières années et s’est caractérisée par sa longueur : du 10 septembre au 20 décembre. A cause du froid au printemps et de l’absence de fortes chaleurs cet été, les variétés tardives ont bien été tardives. Ce qui d’ailleurs a faciliter le travail des usines.
Soutien financier dans le cadre de l’OCM
La filière fruits et légumes bénéficie d'un soutien financier dans le cadre de l’Organisation commune des marchés, régie par le règlement du Conseil (CE) 1234/2007 OCM Unique et le règlement d’application de la Commission (UE) 543/2011 OCM Fruits et Légumes. Les fonds opérationnels sont définis par année civile.
Objectifs
Les programmes opérationnels (PO) sont des projets d’entreprise établis sur 3 à 5 ans destinés à :
- assurer la programmation de la production et son adaptation à la demande, notamment en quantité et en qualité,
- concentrer l’offre et mettre sur le marché la production des membres de l’organisation de producteurs,
- optimiser les coûts de production et régulariser les prix à la production, ainsi qu'à améliorer la planification de la production, améliorer la qualité des produits, développer la mise en valeur commerciale des produits, promouvoir des produits, qu’ils soient frais ou transformés, mettre en œuvre des mesures en faveur de l’environnement et des méthodes de production respectant l’environnement, notamment l’agriculture biologique, prévenir et mieux gérer les crises.
Bénéficiaires
- Les Organisations de Producteurs (OP) reconnues,
- Les Associations d’Organisations de Producteurs (AOP) reconnues.
La demande de reconnaissance se fait auprès du Ministère en charge de l’Agriculture.
Les OP ont la possibilité de déléguer une partie ou la totalité de leur programme opérationnel (PO) à une AOP.
En savoir plus
http://www.franceagrimer.fr/filiere-fruit-et-legumes/Aides/OCM-fruits-e…