Assemblée générale de la FDSEA de l'Orne
« Toute activité humaine dépend du foncier »
La FDSEA a organisé son assemblée générale, lundi 2 mars, à la halle aux Toiles à Alençon. Plus de 200 personnes ont assisté à la table ronde, sur le thème : le foncier, objet de toutes convoitises. Marché sociétaire, développement économique, loi foncière, friches ... voilà les sujets abordés et ce qu'en disent les participants.
La FDSEA a organisé son assemblée générale, lundi 2 mars, à la halle aux Toiles à Alençon. Plus de 200 personnes ont assisté à la table ronde, sur le thème : le foncier, objet de toutes convoitises. Marché sociétaire, développement économique, loi foncière, friches ... voilà les sujets abordés et ce qu'en disent les participants.
Les transmissions sociétaires
Emmanuel Hyest, président de la FNSafer et de la Safer Normandie : « le nombre d'habitants dans le monde augmente et, avec lui, la demande en foncier. Tout le monde reconnaît qu'on en gaspille. 75 à 80 % des transferts de terres sont vertueux. Il faut intervenir sur les 20 % hors-jeu. Dans cinq ans, les regroupements seront faits, on n'installera pas un jeune sur un modèle à 1 500 ha. Il faut une loi foncière rapidement ».
Henri Bies-Péré, vice-président de la FNSEA, chargé du dossier foncier : « l'État trouve des vertus à l'agriculture familiale, mais il est moins pressé pour mettre en place une réglementation qui empêche les structures de devenir intransmissibles ».
Jean-Louis Belloche, président de la Chambre d'agriculture de l'Orne : « nous réalisons un travail de fonds pour installer les jeunes. Dans l'Orne, on compte 80 à 85 installations par an. Le comité départemental des organisations agricoles (CDOA) examine 500 dossiers par an ; 25 sont refusés suivant un schéma déterminé par la profession. Les schémas sociétaires laissent un trou dans la raquette ».
Jérôme Nury, député ornais : « le foncier est un sujet majeur pour tous, d'abord pour les agriculteurs, mais aussi pour le développement d'un territoire. Il existe un outil économique pour le portage immobilier industriel. Mais pas en agriculture ».
Les documents d'urbanisme
Jérôme Nury : « nous devons avoir un but commun de faire évoluer notre territoire grâce à l'industrie, l'économie, les entreprises. Les agriculteurs doivent être partenaires ».
Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA : « l'agriculture ne s'oppose pas aux projets qui apportent un avenir et de l'emploi. Les plans d'urbanisme sont créés pour de nombreuses années, la réflexion est menée sur le long terme. Je n'aime pas qu'on ajoute de la consommation de terre dans de courts délais, qu'on ajoute des zones humides supportées par les agriculteurs ».
Jean-Baptiste Goutte, vice-président JA Orne : « le foncier est source de placement, l'installation des jeunes est compliquée ».
Jean-Louis Belloche : « la CDPENAF* donne un avis favorable ou pas sur les projets, qui sont amenés à être rediscutés. Nous remettons du bon sens ».
Henri Bies-Péré : « l'élaboration des PLUI prend en compte les équipements publics et collectifs, l'habitat. Il prévoit aussi des zones à protéger : zones agricoles, de méthanisation, d'élevage... il faut être vigilant. La loi sur l'économie verte a un objectif zéro artificialisation. Comment reconstruire alors dans les zones à l'abandon ? »
Emmanuel Hyest : « la première consommation de foncier est l'habitat. Il faut une volonté politique d'accompagnement de rénovation urbaine. Pour sauver une école, il faut du locatif et pas du neuf. Nous devons être intraitable : la défense du foncier agricole n'est pas quelque chose de corporatif, mais l'affaire de tous ».
Les friches
Jean-Baptiste Goutte : « il n'y a rien de pire que de voir des friches. Il faut d'abord recycler les outils de production avant de délocaliser les entreprises. Faire en sorte qu'elles restent dans les zones industrielles ».
Jérôme Nury : « nous devons faire face à une grande compétition en Europe et dans le monde. Il existe des outils pour revitaliser les centres-villes, mais on ne peut pas empêcher les citoyens de vouloir un jardin ».
Anne-Marie Denis : « nous voyons de plus en plus de friches dans l'Orne. Il y a un important travail à faire pour simplifier l'accès à ces friches, habitables ou industrielles, grâce à un accompagnement financier ».
Emmanuel Hyest : « nous devons en finir avec la course au moins-disant. Existe-t-il un sujet où la France est compétitive sur le marché mondial ? »
La gestion de l'eau
Henri Bies-Péré : « les gestionnaires d'eau potable ont une volonté de mainmise sur les aires de captage. Le législateur a été jusqu'au bout. Les préfets autoriseront - ou pas - les gestionnaires à préempter ».
Emmanuel Hyest : « on peut contractualiser des pratiques agricoles, contre indemnisation, avec le gestionnaire de l'eau. On ne peut pas se battre contre l'intérêt général de l'eau ».
Alimentation locale et ceinture verte
Henri Bies-Péré : « les plans alimentaires territoriaux (PAT) s'écrivent avec la Chambre, les délégués locaux, le syndicalisme, les acteurs du territoire. Les politiques municipales pour installer des maraîchers n'ont jamais fonctionné ».
Jérôme Nury : « nous avons intérêt à travailler sur ce sujet pour les enfants de nos concitoyens. La plateforme Agrilocal 61 rencontre des problèmes de logistique ».
Anne-Marie Denis : « je suis pour le PAT, nous avons ce qu'il faut dans l'Orne, à l'exception des légumes qui se trouvent dans le département voisin. Les collectivités utilisent l'argent des agences de l'eau et de nos impôts pour acheter des terres agricoles et développer des fermettes non viables économiquement et qui créent des distorsions de concurrence. Je ne le supporte pas. Dans l'Orne, nous ne devons pas avoir honte de ce que nous produisons »