Traquer les anomalies dans les restaurations collectives
Le 31 juillet, ils étaient huit agriculteurs de la région de Coutances à se déplacer dans les enseignes de restaurations collectives afin de vérifier la provenance des produits. A chaque fois, les portes leur ont été ouvertes et le dialogue s'est installé.







Les agriculteurs de la Manche ont répondu à l'appel de la FNSEA et des JA. Dans le secteur d'Avranches et de Coutances, ils ont rencontré des responsables de restauration collective afin de vérifier la provenance des produits.
Dans le secteur de Coutances, les agriculteurs ont privilégié les lieux touristiques. Le point de rendez-vous est donné au Sénéquet, centre de vacances situé à Blainville-sur-Mer, qui accueille pendant l'été de nombreux touristes, fournit 200 repas par service.
Des preuves sur papier
A leur arrivée, le directeur adjoint, Christophe Mézière, explique leur fonctionnement. «Les appels d'offres sont gérés au niveau du siège d'Aix-en-Provence. Nous avons des fournisseurs référencés avec qui nous travaillons ». Dont acte. Mais les agriculteurs veulent avoir des preuves : bon de livraison, étiquette. « Les paroles restent des paroles » note un des éleveurs. Le directeur adjoint revient avec des bons de livraison, et notamment de fruits. Certains sont français mais d'autres arrivent d'Espagne, de Belgique. Quant à la viande, « elle n'est pas locale" reconnaît la directrice, Marie-Caroline Jeanne. « Nous travaillons beaucoup en congelé, et pas toujours français ». Pour autant, le centre de vacances affirme « faire un effort en terme de produits locaux ».
Jouer la carte française
Il se fournit à Gouville pour le pain, à proximité pour les produits de la mer. « Dites-le à vos vacanciers. Jouer avec l'image de la Normandie nous rend service à nous aussi » assure l'agriculteur. « Il faut que nous jouions français » note Pascal Fauchon. Une idée à laquelle la direction du Sénéquet adhère. « Nous sommes dans cette démarche. Mais nos vacanciers n'ont pas le budget qui nous permet de monter en gamme hors saison, c'est différent. Mais nous ne sommes pas insensibles à ce qui se passe dans le milieu agricole. Nous sommes tous de la région et connaissons des agriculteurs » indique Marie-Caroline Jeanne.
Si l'échange est resté cordial, les agriculteurs préviennent. « Nous sommes venus vous voir et nous avons l'intention de revenir ». Cette fois-ci ils sont prévenus, et les éleveurs du Coutançais souhaitent que la direction et le centre d'achat soient informés de leur visite. Chose qui sera faite.
Des visites surprises
Les agriculteurs ont poursuivi leur chemin jusqu'au centre de vacances de Gouville-sur-Mer, Les sables d'or, géré par la Ligue de l'enseignement. Si la directrice adjointe, Gwenaëlle Chauvière, s'est dite surprise de cette visite, elle leur a pour autant ouvert les portes des cuisines, mettant à contribution le cuisinier, lui demandant des bons de livraison.
Mais là encore, c'est l'économat central situé à Saint-Lô qui réalise les commandes pour les centres du département. Par conséquent, elle n'a pas la main sur les commandes. Et si elle voulait acheter les produits au marché, encore faudrait-il avoir le temps et les financements nécessaires. Reste que le centre s'approvisionne dans la ferme de Romain Unvoi installé sur la commune.
Pour autant, les bons de livraison ne font rien apparaître d'anormal. Mais là encore, les agriculteurs ne s'interdisent pas de rencontrer l'économat de Saint-Lô pour marteler leur message.
Les opérations de contrôles vont se poursuivre pour remonter l'ensemble de la filière et traquer les anomalies.