Un « bio outil » à Creully (14) pour la céréale AB régionale
Depuis le début de la semaine, la Coopérative de Creully (14) réceptionne ses premières bennes de céréales bio, de l’orge en l’occurrence, dans son nouvel outil rénové inauguré samedi dernier.
lll « Pourquoi un silo bio ? Comme nous le répétons régulièrement, notre vision du dossier silo est purement technique. Nous ne faisons pas de politique ».
Dans ses propos introductifs, Pascal Desvages, président de la Coopérative de Creully (14), a replacé l’agriculteur au cœur du dispositif. « C’est la demande de nos adhérents qui guide nos choix. Proposer aux agriculteurs sociétaires désireux de s’orienter en agriculture biologique, un silo dédié, nous paraissait évident au même titre que de continuer à investir pour nos adhérents en production conventionnelle via notre plan silo 2015-2025. L’agriculture est multiple et toutes les opportunités de commercialisation sont bonnes. Nous nous refusons à opposer les différents modèles de production. Les circuits courts ont toute leur place et notre implantation locale régionale trouve là tout son sens. » C’est donc une porte et un service bio qu’entend proposer la coopérative sans remettre en cause pour autant la vocation exportatrice de l’agriculture française.
Dans ce cheminement, la coopérative a croisé Agronat (Burcy-14) qui devient son premier client.
Agronat collecte des céréales issues de l’AB pour une entreprise bretonne. Ne disposant pas des moyens nécessaires pour développer un outil suffisamment dimensionné, les volumes collectés par cette société dans le Calvados, la Manche et l’Orne seront commercialisés à Creully.
Un partenariat Agronat/Creully
« Avec Agronat, représenté par son gérant Antoine Jeanne et toute son équipe, nous nous sommes rencontrés pour la première fois au printemps 2017. Très rapidement, les valeurs professionnelles partagées, centrées autour de l’agriculteur, mais aussi les valeurs humaines communes, nous ont permis une construction conjointe de ce projet, a souligné Stéphane Carel, directeur de la Coopérative de Creully. Antoine a développé depuis plus de trente ans une expertise qu’il a su mettre au service de la filière AB de notre région et dont les adhérents de la coopérative vont pouvoir bénéficier. Sa volonté d’apporter à ses clients des solutions répondant aux évolutions actuelles de ce métier, et la possibilité d’approvisionner localement son outil de nutrition animale a concrétisé la réalisation de ce partenariat. Agronat est ainsi le premier client de la coopérative en produits issus de l’agriculture biologique. »
Autre partenaire de cette réalisation, la Chambre d’Agriculture du Calvados avec qui une convention a été signée permettant d’accompagner les agriculteurs en amont de leur conversion, dans leur réflexion et dans leur réalisation de leur projet AB.
3 000 t aujourd’hui 7 500 t à terme
L’outil, d’une capacité première de 3 000 t mais pouvant être portée à 7 500 t, représente un investissement de 1 563 295 € dont 568 254 € (40 %) subventionnés par l’Agence de l’Eau (lire ci-contre). Mais Pascal Desvages de « regretter que d’autres instances, comme le Conseil départemental ou le Conseil régional, ne participent pas au travers de subventions au financement de notre plan silo. L’emploi local généré par nos investissements répétés mérite sûrement un peu plus d’attention ».
568 254 € de l’Agence de l’Eau
« Sur les cinq dernières années à l’échelon du territoire de l’ex Basse-Normandie, l’Agence de l’Eau Seine Normandie a distribué 20 M€ aux agriculteurs sur la production ou la conversion en AB (Agriculture Biologique). Mais, à partir d’aujourd’hui et pour les six années qui viennent, nous allons aussi subventionner les outils pour aider au développement des filières à bas niveau d’intrants », a précisé Frédéric Chauvel, directeur de l’Agence de l’Eau Seine Normandie. C’est donc grâce à ce nouveau dispositif que l’établissement public a subventionné à hauteur de 568 254 € l’investissement de la Coopérative de Creully. Et si l’Agence dispose de quelques moyens pour financer des opérations en faveur de la qualité de l’eau, c’est par le biais d’une redevance payée par le consommateur, notamment le consommateur d’Ile de France, située dans le périmètre de l’Agence. Et Frédéric Chauvel de préciser également, qu’outre la prairie permanente, « le chanvre et la luzerne sont également éligibles à une aide ».