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Un conflit qui altère notre santé

Chaque semaine les difficultés vécues par Bruno, un des associés. Episode 9.

“Comment j’ai fait pour en arriver là ?”
“Comment j’ai fait pour en arriver là ?”
© Photo réseau OT-GRH

Depuis plusieurs semaines, Bruno, agriculteur dans le département de la Manche, nous fait part de son expérience de vie en société. Le personnage de Bruno est fictif mais son témoignage s’inspire de faits réels rencontrés quotidiennement dans les sociétés agricoles. Dans ce neuvième article, Bruno témoigne sur un conflit vécu au sein de la société et les répercussions que ce conflit a eu sur l’état de santé des associés.“Avec mon frère Michel nous avons connu un conflit majeur. C’était au moment où nous avons eu nos divergences sur le projet du GAEC”. Malheureusement cette situation délicate décrite par Bruno, associé imaginaire, peut s’observer au sein d’une société et souvent le dénouement est fatal pour la société et altère la santé des associés. Malgré les difficultés engendrées par cette situation, Bruno et Michel ont réussi à limiter les dégâts.

Des répercussions sur l’exploitation

La tension avec mon frère était extrême. Il n’y avait plus aucune communication entre nous. Le peu que nous échangions se faisait sur un mode agressif. Nous étions devenus tellement à cran qu’un jour nous avons “pété les plombs”. Nous en sommes venus aux mains pour une broutille. Je m’en rappelle très bien. Il s’agissait d’une histoire de pulvérisateur mal nettoyé. Heureusement ma fille, Aurélie, était dans les parages et elle nous a séparés. Mais que nous étions tombés bien bas ! Notre comportement avait des répercussions sur l’exploitation. Nous étions beaucoup  moins efficaces. Il n’y avait plus aucune solidarité entre nous. Les résultats techniques et économiques commençaient à s’en ressentir.

Des répercussions sur mon état de santé

Et je ne parle pas des effets sur ma santé avec une dégradation de mon état psychologique et physique. J’étais complètement stressé. Je m’irritais pour la moindre chose. Je ne dormais plus la nuit. J’en suis venu à consommer des somnifères alors que je n’avais pris aucun médicament depuis 20 ans. Malgré cela, au réveil j’étais fatigué et sans aucun enthousiasme. Tous mes propos étaient devenus pessimistes. Plus rien n’allait. Ma femme se faisait du souci.

Des répercussions sur l’état de santé de mon frère

Du coté de mon frère, cela n’allait pas mieux. Par son épouse Céline, j’ai appris que Michel s’était réfugié dans le mutisme. Il n’arrivait plus à se concentrer et par moments, il oubliait immédiatement ce qu’elle lui disait. Il n’avait plus aucune confiance en lui. Nous avions eu une inversion de personnalité. Mon frère sanguin était devenu muet et moi d’habitude très discret je n’arrêtai pas de me plaindre.

Un Noël très difficile

Le point culminant fut atteint lors des fêtes de fin d’année. Nous avions l’habitude de fêter Noël chez notre mère. Mon frère est un vrai “boute-en-train”. Dans les diners de famille, il faisait le pitre et racontait des histoires drôles. Les enfants étaient toujours subjugués. Cette année-là : rien ! Pas un mot, ni à moi, ni aux autres convives. De mon côté, je ne respirai pas non plus la joie de vivre. Notre comportement a rejailli sur tous. La journée fut gâchée. A 17 h, tout le monde était parti. Le soir, ma mère, en pleurs, téléphonait pour savoir ce qui se passait. Ce fut un électro-choc. Nous avons décidé de réagir.

L’appel à un médiateur

La situation était si dégradée que nous avons fait appel à un médiateur pour renouer le dialogue entre nous. Nous avons passé avec lui plusieurs séances. Lorsque nous avons fait le constat qu’il était impossible de continuer le chemin ensemble il nous a accompagnés pour que nous puissions nous séparer avec un minimum de dommages en termes financiers mais également humains. Nous avons fortement apprécié son intervention basée sur la confidentialité, la neutralité et le non-jugement des personnes. Il avait réussi à gagner notre confiance.

Finis les pépins physiques et psychiques

Comme par enchantement, tous nos pépins physiques et psychologiques ont disparu. Et pourtant, de mon côté, sur les aspects financiers, la séparation a été difficile avec la soulte à verser à mon frère et l’installation de ma fille. De même, j’avais un peu mal moralement car je considérai cet éclatement du GAEC comme un échec. Il a fallu que je fasse mon deuil. Mais le stress était beaucoup moins important que durant notre phase de conflit. Avec le recul, je ne regrette rien, bien au contraire. Que se serait-il passé si nous n’avions pas trouvé cet accord avec mon frère ? Je n’ose pas l’envisager.

Un plaisir à se rencontrer

Chez moi ou chez Michel, ainsi que dans notre entourage proche cette séparation n’a laissé aucune amertume et aucune rancœur. Je continue à être en très bons termes avec mon frère et nos familles ont plaisir à se voir lorsqu’elles se retrouvent. Le seul regret que nous ayons est ne pas avoir plus anticipé. Nous avons réagi lorsque la situation était devenue pratiquement ingérable. Si nous avions pris les choses en main plus tôt, les morceaux auraient été plus faciles à recoller.


Article réalisé avec la participation financière du Conseil général de la Manche et du CasDAR

Les conflits : savoir les gérer

Il ne peut y avoir de société sans désaccord, voire différend ou conflit. Apprendre à les gérer est essentiel pour la pérennité du groupe. Pour éviter d’éventuelles tensions internes, il est essentiel que chaque associé puisse exprimer ses besoins, ses émotions, ses désaccords. Si ce travail de purge n'est pas fait régulièrement, l'associé ne se rend pas disponible pour avancer.

Mais également savoir les anticiper

En cas de tensions, il est essentiel de ne pas attendre et d'intervenir au plus vite. Plus la situation est prise en amont, plus le lien est facile à recréer. Les conséquences financières et humaines au sein de la société, pour ses membres et leur entourage, sont alors réduites.


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Réseau Organisation du travail - Gestion Relations Humaines des Chambres d’agriculture de Normandie
- Fabrice Renard pour le Calvados Tél : 02.31.70.25.38.
- Isabelle Bennehard pour la Manche Tél : 02.33.79.43.80.
- Marie-Laurent Dubreuil pour l’Orne Tél : 02.33.31.48.12.
- Céline Marochin pour la Normandie Tél : 02.31.47.22.84.
- Madeline Nicolas pour la Seine-Maritime Tél : 02.35.59.47.64.

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