Un serial voleur kidnappe 8 taurillons
Christophe Launay l’a vraiment mauvaise. Cet éleveur de Sacey (sud-Manche) a été la victime d’un drôle de casse. Idem pour l’EARL Martin, située à Montigny.

Sacey ? Située entre Antrain et Saint-James, l’archétype de la petite commune rurale sans réels problèmes de délinquance. Voici peu, Christophe Launay, 45 ans, installé en individuel (porcs et bovins) a été victime d’un cambriolage. Cette fois, pas de matériel parti dans la nature mais quatre taurillons en cours de finition. Plus fort encore, selon les premières pistes, c’est un autre agriculteur, installé à une dizaine de kilomètres, qui a fait le “casse”, ou plutôt les “casses”. Le voleur en question n’a pas hésité à piquer, dans la foulée, sur Montigny (non loin de Saint-Hilaire du Harcouët), quatre autres taurillons. C’est d’ailleurs grâce à l’un des associés de cette autre exploitation visitée que le présumé coupable a été arrêté. “J’ai vu la bétaillère s’éloigner vers 5 h 30. Le numéro était visible, je l’ai noté”. Pas de chance cette fois pour le kidnappeur, il tombe en panne quelques kilomètres plus loin, sur la route de Saint-Martin de Landelles. La gendarmerie, lancée à sa poursuite, l’arrête alors qu’il se cache dans les bois.
Opération bien rodée
Interrogé quelques jours après les faits, Christophe Launay est toujours en colère. “Je n’ai rien vu, mais quelqu’un de ma famille a entendu un tracteur vers 5 h 30”. Le mode opératoire semble bien rodé. Selon les explications de Christophe et vu la configuration des lieux, il est quasiment impossible de voler les taurillons sans un repérage minutieux. Le bâtiment se trouve à 400 mètres du corps d’exploitation. Deux entrées, mais une seulement cachée par une haie. “Lorsque je suis allé soigner mes bêtes, d’emblée j’ai constaté qu’il restait de l’aliment : anormal. J’ai compté les taurillons du lot (31 en tout) et j’ai dû me rendre à l’évidence après vérification des boucles : quatre manquaient à l’appel”. Même en cours de finition (550 kilos/pièce), le manque à gagner est conséquent. “6 000 € au bas mot”. Le voleur, lui, a tout bonnement stationné sa bétaillère à l’entrée du bâtiment et s’est servi dans la première case. “Pour moi, explique Christophe Launay, il est peu probable qu’il ait opéré en solitaire. Les taurillons, ça bouge. Il faut une certaine expérience pour les trier et charger”. La brigade de Pontorson est aussitôt avertie. “Ils ont pris des photos ; c’est là que l’on a aperçu nettement les traces de bétaillère. La gendarmerie m’a rappelé le lendemain, vers 10 h, pour m’avertir que les taurillons avaient été retrouvés sur la commune de Carnet, à 12 kilomètres”.
A 12 h, Christophe Launay et ses parents arrivent sur l’exploitation du présumé coupable. “On l’a vu de loin, dans la camionnette de gendarmerie. Nous avons aussi remarqué un sac de bagues d’identification. D’ailleurs, les bagues de trois taurillons étaient déjà changées”. Selon nos informations, le voleur en question aurait reconnu les faits. “Un éleveur qui vole un autre éleveur, c’est grave, lâche C. Launay, mes taurillons, je les ai bien récupérés mais en pas très bon état”. Idem pour l’EARL Martin. “Je vais prendre des précautions”. Pas question de sombrer dans l’autodéfense, mais Christophe a son idée pour prendre sur le fait un autre voleur. “Reste que s’il faut mettre des barrières partout, cela ne va plus aller”. Notre homme a d’ailleurs déposé une deuxième plainte, pour réclamer des dommages et intérêts. “En effet, il existe un risque sanitaire. Les taurillons ont été mélangés à d’autres animaux”.