Une de ces femmes impliquées droites dans leurs bottes
Tombée dans la marmite du syndicalisme toute petite, Sabrina Orain, 36 ans, élue mardi dernier à l’unanimité présidente de l’Union Syndicale d’Isigny-le-Buat exprime ses motivations en tant qu’agricultrice pour s’engager dans la défense professionnelle. Un choix qu’elle ne regrette pas.

>> Pouvez-vous retracer en quelques lignes votre parcours professionnel et syndical ?
Bien que fille d’agriculteur et de militant syndical, j’ai suivi initialement une autre voie. J’occupais un poste à l’extérieur après avoir obtenu un BTS d’assistante de gestion et un certificat de spécialisation de contrôle de gestion. Je me suis installée en 2015 pour remplacer ma belle – mère au sein du Gaec familial. Nous avons ensuite investi dans un poulailler avec l’objectif de consolider l’emploi du salarié de l’exploitation. Nous voulions nous libérer du temps pour la gestion de l’outil et nous épanouir dans notre vie privée et professionnelle. Ce métier me permet d’être autonome et libre de mes choix professionnels.
>> Est- ce que c’est plus difficile de s’impliquer syndicalement quand on est une femme ?
Avec mon mari les choses ont été claires et assumées dès le départ. Nous avons tous les deux la volonté de développer notre outil en nous répartissant les rôles dans la gestion de l’exploitation. Tout le monde a sa place dans le syndicalisme y compris quand on est une femme. C’est le caractère et la volonté qui permet de s’imposer dans un milieu agricole taxé de machisme mais qui a heureusement évolué. Le syndicalisme est un enrichissement personnel. Mon expérience dans une autre activité professionnelle me permet d’avoir un regard différent sur l’activité agricole.
>> Que diriez-vous à des agricultrices qui n’osent pas s’engager dans le syndicalisme ?
Les agricultrices comme toutes les femmes chefs d’entreprise ont leur place dans la société. Nous ne sommes plus des faire-valoir ou de simples collaboratrices. On a notre destin en main et on est aussi légitime pour manager des équipes syndicales. L’investissement dans le syndicalisme permet aussi aux agricultrices de ne pas rester isolées sur leurs fermes. Entre agricultrices, on se comprend très vite car on vit et ressent des émotions identiques. On est le pilier nécessaire à l’équilibre des exploitations.