Une logistique au service d'une agriculture productive
Agrial a inauguré, vendredi dernier, sa plateforme logistique de Sarceaux (près d'Argentan-61). Espérance de fonctionnalité : 50 années avec en point de départ 230 magasins à alimenter répartis sur 7 départements.
"Cet investissement s'inscrit dans un grand plan de modernisation de l'outil agricole Agrial". Dans son allocution, Arnaud Degoulet, son président, a évoqué "ruralité, territoire et proximité". Un triptyque qui constitue le fondement de la politique de développement de la coopérative. Agrial grandit. Intérieurement en augmentant les droits à produire de la ferme régionale, et au-delà, à l'instar de sa politique laitière. Extérieurement, à travers des relais de croissance comme ses 230 magasins agricoles et surtout, à 80 %, à destination du grand public. Mais ce développement ne sera durable que si l'agriculture, et ses actes de production, le sont tout autant. "Je ressens des tensions agricoles", a insisté Arnaud Degoulet auprès des élus et du représentant de l'Etat.
Territoire agroalimentaire
L'outil est beau, l'outil est grand, l'outil est performant. Chacun, vendredi dernier, s'est félicité de l'aboutissement d'un projet qui a su fédérer les énergies des collectivités territoriales, locales et de l'Etat. Su aussi surmonter les peaux de bananes environnementale et foncière. Premier défenseur, Laurent Beauvais, président de Région et surtout président de la CDC (Communauté De Communes), qui a mis en avant "l'attractivité territoriale d'Argentan qui avait subi de très graves dégâts économiques et, derrière, sociaux. Grâce à l'agroalimentaire, la reconstruction économique de ce territoire est en route". Avant de conclure : "la Normandie de demain sera un partenaire de premier plan pour que cette société, Agrial, continue son développement".
"Des paroles à l'acte politique, ont suggéré certains coopérateurs en aparté et à demi-mot. Le Conseil régional axe sa politique agricole principalement sur le bio et les circuits courts. Pas question d'opposer les genres mais cette plateforme logistique ne peut fonctionner, et donc être durable, que si notre agriculture reste productive". Il en est vrai de l'amont. Il en est tout autant vrai de l'aval. Comment demain faire fonctionner les laiteries ou les abattoirs régionaux, plus globalement tous les outils de transformation, si la production agricole normande recule? "Pour mettre en conformité le discours avec les actes, le Conseil régional doit nous donner des signes forts", commente un agrialiste convaincu.
Réponse peut-être avec les arbitrages qui seront rendus dans le cadre de la gestion des fonds du 2éme pilier de la PAC.
La SAFER plébiscitée
Présents à cette inauguration, Jean-Pierre Fontaine et Stéphane Hamon (président et directeur général de la SAFER Basse-Normandie) ont sans doute bu du petit lait. Parfois décriée, elle a joué un rôle important dans l'aboutissement de ce projet. La maîtrise foncière de la SAFER a permis de limiter l'impact de ce projet sur les exploitations agricoles. Rôle que n'ont pas manqué de souligner Laurent Beauvais et Ludovic Spiers. "Il fallait trouver un terrain. Certains ont cru qu'Agrial avait un caprice mais nous nous sommes dit que, compte tenu des contraintes réglementaires actuelles et futures, il fallait prendre une réserve foncière. C'est pour cela que nous avons acquis 42 ha mais comme nous n'avions pas besoin de toute cette surface, nous avons remis en culture 25 ha autour de la plateforme. Pas question de gâcher des terres agricoles". Au moment où le directeur général prononçait ces mots, à côté, le ronronnement de l'ensileuse se faisait entendre!
Positionnée au centre du territoire de la coopérative, et en bordure de l'axe autoroutier Caen- Le Mans, cette plateforme permet de centraliser et stocker sur un lieu unique l'ensemble des produits de jardinerie, bricolage, matériaux destinés au grand public et les produits d'agrofourniture (semences, produits de protection des plantes...) destinés aux agriculteurs. Ces produits sont vendus au travers d'un réseau de 230 magasins qui jalonnent le territoire de la coopérative : enseignes Point Vert, Point Vert Le Jardin et La Maison Point Vert. La plateforme de Sarceaux répond à un besoin nouveau lié à une augmentation des volumes à traiter suite à l'extension du territoire de la coopérative au cours des dernières années, et au développement des parts de marché. Elle remplace quatre anciens sites logistiques qui n'étaient plus adaptés à l'activité d'aujourd'hui (seule la plateforme de Brécey dans la Manche poursuit son activité à destination des agriculteurs) et va contribuer au maintien d'une offre compétitive et d'un service de proximité pour les adhérents. Elle est implantée sur un terrain de 15 ha dont 3,5 ha couverts. Une première tranche de 20 000 m2 couverts consacrée au stockage des produits pour le grand public a été mise en service en juillet 2013. La deuxième phase de travaux consacrée à l'activité agricole (15 000 m2 couverts) s'est achevée en juillet 2014. Le montant global de l'investissement est de 20 MEUR. Sa réalisation a été rendue possible grâce à une étroite concertation avec la SAFER et la communauté de communes du pays d'Argentan, qui ont oeuvré positivement pour la mise à disposition du terrain et la réinstallation des exploitants agricoles concernés par l'opération. Le pôle logistique de Sarceaux emploie aujourd'hui plus de 100 personnes, dont 27 issues des anciennes plateformes d'Argentan et Coutances, et a généré l'embauche de plus de 70 personnes, dont 8 en emplois d'avenir.