Blé tendre
Une récolte 2008 abondante qui fait baisser les prix
Estimée à environ 37 Mt pour 2008 par l’Office des grandes cultures, l’abondance attendue de la récolte française de blé tendre génère une baisse des prix sur les marchés. Le retour des niveaux de prix record de 2007-2008 est peu probable.

L'Office des grandes cultures (ONIGC) a publié dans une note datée du 7 août ses nouvelles estimations de récolte 2008 de blé tendre. Elles se substituent à celles avancées par le dernier Conseil spécialisé céréales de l'office du 12 juillet. Elle va dans le sens d'une progression, d'ailleurs attendue. La récolte de blé tendre, annoncée en juillet entre 36,3 et 36,6 millions de tonnes (Mt), est portée désormais à « environ » 37 Mt, l'un des meilleurs scores enregistré au cours de la dernière décennie. La moisson est réalisée à 80 % et la prévision est plausible.
Résultat, conjointement à l'abondance des disponibilités sur l'ensemble du marché mondial (le Conseil international des céréales (CIC) a revu à la hausse de 4 Mt ses prévisions de récolte planétaire, au niveau record de 662 Mt), on assiste depuis plusieurs semaines à une tendance généralement baissière des prix sur les marchés à terme, à laquelle n'échappe pas le marché physique français dont la cotation à l'issue de la première semaine d'août se situe à 180 euros la tonne pour du blé standard rendu Rouen, contre 216 euros l'an dernier à la même époque. Il est donc peu probable que l'on approche les niveaux de prix de la dernière campagne qui avaient culminé à plus de 280 euros, dans un contexte exceptionnel de déficit de la production mondiale.
La récolte française, si elle se confirme, aura été obtenue sur une surface de plus de 5 millions d'hectares, en hausse de 200 000 ha par rapport à 2007, et avec un rendement moyen national de 73 q/ha, soit 9 quintaux de mieux que l'an dernier.
Rendements hétérogènes
Ce rendement moyen souffre cependant d'une grande hétérogénéité. Il va de 53 à 70 q. au sud de la Loire, à 80-90 q. au nord de la Seine. Les régions proches de la Manche et de la Mer du Nord, les Pays de Loire et Midi-Pyrénées enregistrent des hausses de rendement par rapport à l'année dernière, pouvant atteindre 14 q/ha. Une certaine déception en Champagne néanmoins, « mais la qualité est au rendez-vous », selon les experts d'Arvalis (Institut du végétal), qui ont participé, pour la partie qualitative de la moisson, à l'enquête de l'ONIGC. Les taux d'humidité à la récolte sont corrects, entre 12 et 14,5 %. Les teneurs en protéines sont comprises entre 10,5 et plus de 12 % selon les régions. Les poids spécifiques, souvent inférieurs à 76 kg dans le sud, atteignent des niveaux satisfaisants dans le nord, souvent supérieurs à 76 kg, voire à 80 kg dans les régions plus au nord. Enfin, il n'y a pratiquement pas de germination sur pied.
La moisson de blé tendre 2008 serait donc non seulement abondante mais de qualité. Ce dernier argument est important pour imposer notre blé sur le marché international, où il devra affronter la redoutable concurrence ukrainienne et russe qui jouera elle aussi l'abondance mais pas la qualité (beaucoup de blé fourrager). Actuellement, les prix du blé français ne sont pas concurrentiels sur le marché mondial, mais les sorties sont importantes à destination de nos clients traditionnels : le Maroc, l'Algérie surtout, et l'Afrique noire, leur proximité compensant les coûts de fret.
La récolte céréalière européenne en hausse de 16 % en 2008
Selon les dernières prévisions annuelles de la Commission européenne, la récolte de céréales de l’Union européenne devrait cette année connaître une hausse de 16 % par rapport à 2007 et de 9 % en comparaison de la production moyenne sur les cinq dernières années. Attendue à 301 Mt en 2008, la récolte gagnerait 43 Mt par rapport à celle de 2007, une progression qui s’explique par des conditions climatiques favorables et une augmentation du taux d'occupation des sols. Comparées à celles des cinq dernières années pour les différentes cultures dans les 27 Etats membres de l’UE, les prévisions de rendement sont les suivantes : blé tendre : 5,6 t/ha (+4,8 %) par rapport à la moyenne sur 5 ans), blé dur : 3,1 t/ha (+12,8 %), orge : 4,4 t/ha (+5,7 %), maïs grain : 6,9 t/ha (+9,5 %), colza : 2,9 t/ha (-2,1 %), tournesol : 1,6 t/ha (+1,7 %), pomme de terre : 26,5 t/ha (-1,1 %), betterave sucrière : 70,3 t/ha (+19 %).