Pascal Férey, Président de la FRSEA Basse-Normandie
Une réforme de la PAC a étaler dans le temps
Après le compromis européen sur la réforme de la PAC, l’heure des arbitrages nationaux va arriver. De là découlera l’application française de la nouvelle PAC. Et son application en Basse-Normandie. Le point avec Pascal Férey, président de la FRSEA.

Comment abordez-vous cette échéance capitale ?
Avec inquiétude et une certitude. L’inquiétude tient dans la compétition entre régions très marquées par les productions végétales et les régions marquées par l’élevage exclusivement à l’herbe. Je crains que notre région d’élevage aux exploitations nombreuses et de faibles dimensions en fasse les frais. La certitude, c’est que personne ne va gagner avec cette réforme, nous avons tous à perdre, plus ou moins.
Pourquoi ?
Parce que le budget, même s’il a été bien défendu, est en baisse. Nous n’avons pas l’assurance que les crédits du premier pilier seront complétés. Et puis le nombre d’hectares éligibles va augmenter. Donc, comparé aux montants perçus en 2013, nous recevrons tous moins d’aides directes.
Le ministre évoque une boîte à outils dans laquelle la France peut faire ses choix. Quels sont les vôtres ?
Ils sont de faire en sorte que notre région perde le moins possible, en mase globale. Mais les simulations démontrent aussi que, quelques soient les choix que l’on fait, les incidences sont variables à l’intérieur-même de la région, d’une exploitation à l’autre. Nous prônons une évolution étalée dans le temps pour laisser aux agriculteurs le temps de s’adapter. C’est pourquoi nous demandons une convergence partielle, limitée à 60% du droit à paiement de base (DPB). Nous demandons aussi un calcul du paiement au titre du “verdissement” qui soit proportionnel aux aides historiques, sans quoi la marche sera trop haute pour nombre d’entre nous. Enfin nous demandons un périmètre de convergence qui soit régional. Les textes européens le permettent, nous ne sommes pas obligés d’aller vers une convergence nationale. Une convergence à l’échelle normande serait un premier pas significatif. Enfin, une bonne mesure de soutien à l’élevage serait de coupler une aide à la tête d’animal ruminant.
Vous ne parlez pas de la redistribution sur les 50 premiers hectares ?
Si. Nous avons fait partie de ceux qui ont demandé cette possibilité afin de soutenir l’élevage à travers les hectares fourragers. S’il s’agit de tous les hectares, quelque soit la culture, la mesure perd de son intérêt. D’autre part, elle ne peut être mise en place que si elle s’accompagner d’une définition du statut d’agriculteur. Je ne vois pas l’intérêt de sur-doter les surfaces mises en valeur dans des systèmes alternatifs. Une telle mesure doit être réservée à ceux qui exercent ce métier pour en vivre, non à des fins de loisir.
On vous aussi entendu sur le deuxième pilier, c’est assez nouveau. Qu’en attendez-vous ?
Nous nous intéressons toujours au deuxième pilier. Il se trouve qu’il est aujourd’hui au cœur du débat. Nous avons que le revenu des agriculteurs passera par leur capacité à moderniser leur outil de production et le deuxième pilier doit être un vrai moyen d’accompagnement de cette modernisation. D’autre par, la prime à l’herbe disparaissant, les crédits qui lui étaient affectés vont être intégrés aux compensations de handicaps naturels (ICHN). Cela exclu de fait de nombreux exploitants qui bénéficiaient de la prime à l’herbe. Il faut donc revoir les critères d’accès aux ICHN parce les zones montagneuses ne sont pas les seules à devoir affronter des handicaps, les zones humides, les zones pierreuses, les zones accidentées, même au niveau de la mer….connaissent des handicaps qui méritent d’être compensés.