Agriculture biologique
Vaches allaitantes et conversion à l’agriculture biologique
Le Grenelle de l’Environnement a fixé des objectifs ambitieux concernant l’agriculture biologique, à savoir : 6 % des surfaces en bio en 2012, 20 % en 2020, 20 % de repas bio en restauration collective d’état en 2012.

Plusieurs dispositifs d’aide visent à inciter à la conversion ou à soutenir les agriculteurs actuellement en bio et les collectivités locales accordent des aides à l’investissement et à l’accompagnement. Dans le même temps, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique se développe.
Au regard de ces évolutions, il n’est pas étonnant que les éleveurs allaitants s’interrogent sur l’opportunité de produire sous le signe de qualité agriculture biologique.
Respecter le cahier des charges
Dans la plupart des cas, les pratiques des éleveurs allaitants herbagers conventionnels sont, proches de celles inscrites dans le cahier des charges de l’agriculture biologique. Cependant, la conduite du système fourrager sans engrais chimique ni produit phytosanitaire de synthèse et la nécessité de tendre vers l’autonomie alimentaire, obligent à faire évoluer le système d’exploitation.
La suppression de la fertilisation azotée minérale peut générer une baisse de productivité des prairies et par conséquent une réduction du chargement. Celle ci peut être limitée si la conduite des prairies est améliorée. La mise en place d’un pâturage tournant, la pratique de récoltes précoces, l’allongement des périodes de pâturage, la valorisation des fumiers et le chaulage raisonné des sols permettent d’optimiser la productivité des prairies.
Par ailleurs, compte tenu du prix élevé des concentrés bio et de la nécessité de vendre des animaux finis, y compris en hiver, il est préférable de disposer sur l’exploitation de céréales et éventuellement de protéagineux. Les concentrés fermiers produits permettront de couvrir les besoins de finition des animaux de boucherie et des vaches dès que la qualité de l’herbe ou des récoltes n’est pas suffisante. A ce titre, l’évolution récente de la réglementation conditionnalité sur le retournement des prairies permanentes pourrait contrarier cette recherche nécessaire d’autonomie alimentaire.
Concernant les pratiques sanitaires et vétérinaires, celles des éleveurs conventionnels sont assez proches de celles autorisées par le cahier des charges. Cependant, les agriculteurs bio privilégient la mise en place de mesures préventives.
Une meilleure valorisation des produits
Economiquement, compte tenu du niveau modeste des revenus en production allaitante, il est légitime que, à l’occasion de la conversion, les producteurs recherchent une amélioration de leur revenu.
Outre la mise en place des recommandations techniques précédentes qui visent à maîtriser les coûts, il est nécessaire d’aller chercher les plus-values sur les animaux de boucherie. Après les deux premières années de conversion, les plus values accordées par les filières bio structurées sont de l’ordre de 0.50 € par kilo de carcasse. Cette plus value est nécessaire pour compenser l’incidence de la baisse de production. C’est pourquoi, à l’occasion de la conversion, il est recommandé de commercialiser les vaches de réforme finies et éventuellement de finir des bœufs et des génisses de viande. Or, à surface constante, passer de naisseur à naisseur engraisseur de bœufs et génisses nécessite de diminuer le nombre de vaches allaitantes. Cette diminution ne doit pas conduire à la perte de PMTVA.
Le passage à l’agriculture biologique est aussi à étudier sous l’angle des aides. Pendant les cinq premières années de conversion, une “mesure agri-environnementale conversion à l’agriculture biologique” (MAE-CAB) de l’ordre de 100 € par hectare de prairies permanentes et 200 € par hectare de cultures, aide les éleveurs à mettre en place le nouveau système de production et compense l’absence de plus values sur les deux premières années de conversion. Au delà des cinq années, la réforme de la PAC va instaurer à compter de 2010 une aide aux surfaces en agriculture biologique de l’ordre de 80 € par hectare de prairies. Il est aussi à noter que les agriculteurs bio bénéficient après la MAE CAB d’un crédit d’impôt porté à 4 000 €.
En période de croisière, c’est l’addition des plus values sur la viande vendue et des primes à l’agriculture biologique qui permet d’envisager une amélioration du revenu.
Outre ces considérations techniques et économiques, répondre aux demandes sociétales concernant l’environnement et la qualité des produits, se démarquer par un signe officiel de qualité reconnu, conduire un projet personnel innovant, sont pour ceux qui sont sensibles à ces considérations, une évolution personnelle intéressante.
Jean-Claude DORENLOR
Chambre d’Agriculture de la Manche
www.manche.chambagri.fr