Stéphane Travert, député de la Manche, et ancien ministre de l'Agriculture
Vers de nouveaux états généraux de l'alimentation ?
En réponse à la crise agricole qui s'est faite entendre ces derniers jours, Stéphane Travert, député de la Manche, et ancien ministre de l'Agriculture, a formulé des propositions dont l'organisation de nouveaux États généraux de l'alimentation. L'idée fait son chemin.
En réponse à la crise agricole qui s'est faite entendre ces derniers jours, Stéphane Travert, député de la Manche, et ancien ministre de l'Agriculture, a formulé des propositions dont l'organisation de nouveaux États généraux de l'alimentation. L'idée fait son chemin.
La rentrée du député Stéphane Travert, ancien ministre de l'Agriculture entre juin 2017 et octobre 2018, est marquée par la crise agricole. Si celle-ci est née dans le sud de la France, "elle a fait tache d'huile à la fois dans tout l'Hexagone et de nombreux pays européens", rappelle Stéphane Travert. Si les demandes et les causes sont différentes, il y a un dénominateur commun à savoir "la sur-administration qui contraint les agriculteurs dans leur exercice", poursuit-il.
Des actions positives dans la Manche
Dans la Manche, les actions ont été organisées sur les routes, face aux industriels laitiers, ou encore dans les enseignes de la grande distribution. Elles ont été levées le 1er février 2024, après les dernières annonces de Gabriel Attal, Premier ministre. "La Manche s'est mobilisée plutôt par des actions positives, notamment des contrôles dans les grandes surfaces", reconnaît le député.
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Des actions qui ont été plutôt bien perçues par la population. Il se dit ne pas avoir été surpris par l'ampleur du mouvement "parce qu'en fin d'année, sur l'ensemble du territoire de la France, les agriculteurs avaient déjà alerté en retournant les panneaux des entrées des communes", rappelle-t-il. Dans la Manche, il y en a eu plus de 600.
Stéphane Travert s'est attardé aux réglementations concernant par exemple l'entretien des haies ou encore le curage des cours d'eau, exigé à la main. Pour lui, "c'est totalement incompréhensible, c'est de l'esclavagisme " dénonce-t-il. Le député veut "une agriculture qui protège, qui produit". Et il a fait différentes propositions auprès du Premier ministre, tout comme du président de la République. Il suggère de refaire une session des États généraux de l'alimentation après le Salon de l'agriculture pour remettre tous les acteurs de la filière autour de la table, ainsi que leurs engagements. "La loi Egalim a été mise en place pour une meilleure répartition de la valeur. Cela doit être le cas", prévient-il. La seconde proposition porte sur les plans de filières. "À la fois le Covid et la guerre en Ukraine ont rebattu les cartes", rappelle-t-il. Mais pour lui, "il faut que les filières puissent avoir de la perspective et faire de la prospective." Stéphane Travert porte ses mesures jusqu'au plus haut sommet de l'État. Ses propositions font leur chemin.
Des réponses à deux échelles
Si les annonces qui ont été faites à deux reprises, à savoir le 26 janvier, puis le 1er février, ont conduit à la levée de la majorité des blocages en France, Stéphane Travert reconnaît qu'il y a des réponses apportées à la fois à l'échelle nationale et européenne. Il s'étonne d'ailleurs du silence du commissaire européen à l'agriculture.
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Nul doute que l'agriculture sera au cœur de la campagne électorale en vue du renouvellement du parlement européen, le 9 juin prochain. Mais le député espère avant tout de la cohérence européenne, rappelant le refus de la France de signer l'accord de libre-échange avec le Mercosur. "La France veut montrer l'exemple parce qu'il est important d'éviter la concurrence déloyale. Ce n'est pas aller vers moins de normes mais faire mieux."
Des réponses avant le Salon de l'agriculture
Depuis plusieurs jours, les échanges, les réunions, les débats se multiplient pour que le Salon international de l'agriculture qui débutera le
24 février puisse se dérouler dans les meilleurs conditions. "Il va falloir des réponses bien avant parce que le Salon de l'agriculture est avant tout une vitrine et une caisse de résonance. Le timing est court, mais le Premier ministre a déjà su trouver des solutions urgentes. Il en va de la souveraineté alimentaire de notre territoire, sans perdre de vue l'ambition environnementale", conclut-il.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau est auditionné ce mercredi 7 février à 17 h 30 par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale sur les réponses du gouvernement, à la crise agricole et leur mise en application.
Vers un retour au gouvernement ?
Si aujourd'hui, le gouvernement a mis en place une nouvelle équipe, elle devrait être complétée d'ici la fin de la semaine. Stéphane Travert est-il prêt à rejoindre ce gouvernement ? "Je n'ai pas vocation à y retourner", répond-t-il. Mais si son téléphone sonne "on verra", sourit-il.