Visite présidentielle : des soucis autant techniques qu'humains
En marge de la visite de François Hollande, les FDSEA de la Manche et du Calvados avec les Jeunes Agriculteurs, ont rencontré le conseiller agricole du Président de la République.Les syndicalistes ont évoqué des problèmes autant humains que techniques sur fond de crise agricole.

Jeudi 3 novembre, le chef de l'Etat était en déplacement dans la Manche et le Calvados (Lire en page 3). A Carentan, il a visité le chantier de la nouvelle usine des Maîtres Laitiers du Cotentin. A Caen, il s'est rendu sur le site du GANIL (Grand accélérateur national d'ions lourds). Les syndicats des deux départements concernés ont donc saisi l'occasion de rappeler les difficultés du monde agricole. Sébastien Amand, président de la FDSEA 50, a insisté sur la problématique des zones sensibles. Le syndicat souhaite notamment la reconduction des anciennes zones ICHN. Le problème des aides liées aux MAEC a également été évoqué. En cause : le décalage de 2 à 3 ans entre l'engagement MAEC de l'agriculteur et le versement des aides.
Assouplissement du plan d'entreprise pour la DJA
De leur côté, les Jeunes Agriculteurs de la Manche ont demandé un assouplissement des règles DJA pour éviter que les jeunes soient pénalisés... Une déchéance de DJA est à craindre. « Les jeunes se sont engagés à respecter un projet d'entreprise sur 4 ans. C'est compliqué de le respecter avec la crise. Dans la Manche, ça représentait 60 dossiers. Cette année, le chiffre pourrait augmenter avec 160 dossiers qui arrivent à terme », explique Antoine Maquerel.
Un plan de soutien qui n'oublie pas les céréaliers
Pour le Calvados, Patrice Lepainteur n'oublie pas les grandes cultures. Le président de la FDSEA 14 a donc réitéré son souhait de soutenir l'ensemble des exploitations. « Il y a eu un PSE en 2016. Aujourd'hui, nous avons besoin d'un PSA (Plan de Sauvetage de l'agriculture) ».
Une lettre pour décrire un stress au quotidien
Auprès du conseiller de François Hollande, Patrice Lepainteur souhaitait exprimer l'aspect humain de la crise agricole et ses conséquences sur les familles des agriculteurs. « C'est toujours compliqué d'en parler, mais le nombre de suicides dans la profession augmente. On en compte un tous les deux jours au plan national. Nous sommes également inquiets de voir que les cellules comme Agriaides ne sont pas débordées. C'est le signe que les agriculteurs se renferment », explique le président de la FDSEA 14.
Un témoignage de mère et d'épouse
Pour illustrer le quotidien d'une famille d'agriculteur; Nathalie Lepeltier, installée dans le Bessin, a donc témoigné dans une lettre adressée au Président de la République. « Comme vous le savez, nos conditions de vie sont devenues intenables. Nous devons faire face à des investissements obligatoires dans le cadre des mises aux normes. Nous ne comprenons pas une législation qui change et nous étouffe. Et nous ne maîtrisons pas les prix. C'est en tant que femme, mère et épouse que je m'exprime. Comme toutes les agricultrices, je me dois de préserver ma famille. (...) Aujourd'hui, en plus du temps qui nous manque, en plus du travail qui nous incombe plus souvent qu'à nos maris (négocier avec nos fournisseurs, avec nos banques), c'est le stress qui nous ronge. Ce stress est lié aux difficultés financières (...) Nous voulons exercer notre métier sans honte, sans morosité et sans tout ce stress qui conduit trop de nos collègues au suicide ».