A voir sur France 5 : au nom de mon mari
Après « Cash investigation » consacré à la crise laitière sur France 2 le 16 janvier, France 5 diffuse un documentaire sur le monde agricole et ses difficultés le 31 janvier à 20 h 50. Les héroïnes sont des femmes d’agriculteurs ou agricultrices, les Foulards noirs. Elles ont ouvert les portes de leur quotidien, parce qu’elles n’ont « plus rien à perdre ». Rencontre.

lll Astrid, Charlène, Stéphanie, Ludivine (…) sont les Foulards noirs. Agricultrices ou femmes d’agriculteurs, elles ont décidé de lutter pour leurs conditions de vie, pour la survie de leur mari, de leur famille et de la profession. « Dénoncer notre quotidien, nous faire entendre et manifester contre de telles conditions », martèlent-elles. Armées de leurs tracteurs, les quatre filles, et d’autres du collectif, ont sillonné les rues de Bayeux, de Caen et du Calvados plus généralement pendant la crise laitière. À force de scander leur slogan, elles ont fini par se faire entendre de la réalisatrice Anne Gintzburger. La journaliste et productrice voulait faire un reportage depuis longtemps sur le quotidien des femmes du monde rural. Elle a donc contacté Charlène. Le courant est passé, explique-t-elle. « J’étais assez méfiante, puis nous l’avons rencontré et j’ai tout de suite senti qu’elle ne trahirait pas le message qu’on lui soufflait. Et en effet, pendant le tournage, nous n’avons jamais surjoué. » Mais si après la rencontre, les quatre femmes sont enthousiasmées par le projet, et à cette idée de se faire entendre, une fois encore, leur voix pour faire bouger leur quotidien, leurs hommes ont la pudeur de l’agriculteur. « Ils ne voulaient pas montrer leur problème, ils n’ont pas été habitués à les exposer… C’est aussi le message que l’on veut faire passer. Accrochez-vous, vous n’êtes pas seul, nous sommes tous dans la tourmente ! »
Un documentaire à ne pas manquer
Et comme souvent, les femmes ont su se faire entendre. Anne Gintzburger est donc venue filmer le quotidien des quatre femmes deux ou trois jours chaque mois durant l’année 2016. Le film a déjà été diffusé, en avant-première, sur grand écran en Bre-
tagne. « Nous nous sommes vraiment retrouvés dans le documentaire. Et quand la lumière s’est allumée, tout le monde pleurait, nous a applaudis, nous a remerciés. C’était drôle parce que finalement nous n’avons pas fait grand-chose », raconte encore Charlène. Cerise sur le gâteau, c’est Catherine Deneuve qui a prêté sa voix au film. « En 2016, l’actrice avait décerné son prix Lumière aux agriculteurs. Nous lui avions écrit pour la remercier, et elle a voulu nous rencontrer », explique encore Charlène. « Nous nous sommes donc retrouvées dans un salon très chic de la capitale, et elle nous a demandé ce qu’elle pouvait faire pour nous aider et elle nous a proposé de poser sa voix sur le documentaire gratuitement. Un beau cadeau ! »
Alors même si le quotidien est toujours aussi sombre, ces petits moments illuminent un peu la vie de ses héroïnes. Avant de prévoir d’autres actions avec le collectif, elles espèrent évidemment une prise de conscience du grand public et surtout des politiciens. « Nous n’avons aucun retour depuis 2015, alors il est grand temps qu’ils se bougent, cela devient urgent », vocifèrent-elles. Filmer leur vie était un acte militant. Le diffuser aussi. Le documentaire sera projeté le 29 janvier à 20 h au cinéma Le Melies à Bayeux. Les Foulards noirs seront dans la salle. « C’est difficile de se voir sur grand écran, cela ne nous rappelle pas que des moments joyeux », soupire la membre des Foulards noirs. Mais toutes seront présentes pour animer ensuite un débat. À leurs côtés, leurs enfants et leurs maris. Tous très fiers de ce que leurs femmes ont accompli en leur nom, pour leur profession…
Et le film sera également diffusé sur France 5, mercredi 31 janvier dans l’émission « Le Monde en face » à 20 h 50.