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Zones défavorisées : des difficultés mises en relief

L’Orne et le Calvados partagent la même problématique sur les zones défavorisées. Les FDSEA avec les Jeunes Agriculteurs des deux départements ont donc invité l’administration à un périple au cœur de secteurs difficilement exploitables. L’occasion de constater quelques aberrations. La plaine de Caen est devenue une zone défavorisée; tandis que la vallée de l’Orne et les environs de Carrouges sont oubliés

L’Union Européenne impose de redéfinir les communes classées en zones défavorisées. Ces dernières remplacent les anciennes zones ICHN. Mais le projet de carte sortie ne pouvait que surprendre le monde agricole. La plaine de Caen y apparaît désormais en zone défavorisée. A contrario, la vallée de l’Orne ou le secteur de Carrouges sont oubliés ! Vu de Paris ou de Bruxelles, ça ne choque pas. Sur le terrain, c’est forcément dur à digérer. Xavier Hay, céréalier au sud de Caen, est le premier surpris. « En plaine, nous n’avions rien demandé », résume-t-il.
Le 1er décembre, FDSEA-JA de l’Orne et du Calvados ont donc véhiculé les représentants de l’administration. Le temps de cette «ballade», les syndicalistes reprennent  en choeur les difficultés agricoles du secteur.
10 heures, le convoi s’élance de Croisilles. Sur la ligne de départ : des représentants des DDT et DDTM de l’Orne et du Calvados. Tous prennent place dans un minibus. Bonnet vissé sur la tête, Jean Cézard monte devant. Avant même de démarrer, le directeur régional de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) est déjà conscient de certaines aberrations des dernières publications. Le terrain est partiellement déminé, à défaut d’aplanir les tensions. Le dénivelé ne manquera pas.

Un itinéraire très accidenté
Le parcours fait la part belle aux petites routes sinueuses et aux chemins. La beauté du spectacle pourrait presque faire oublier l’enjeu. Avec plus de 150 km parcourus en dépassant rarement les 40 km/h, l’administration peut admirer le paysage. Et afin de mieux illustrer le quotidien des éleveurs, plusieurs haltes ponctuent le trajet. Sur ce territoire, les agriculteurs font face à des contraintes naturelles liées au sol, au climat, aux parcellaires plus ou moins morcelés, à la pente. Avec ce relief accidenté, la vallée de l’Orne et le secteur de Carrouges accueillent des fermes de petite taille. « L’agriculture, parfois seule activité économique restant sur ces terres, est génératrice d’emplois. La perte des soutiens tels que l’ICHN et les aides à l’installation majorées auraient nécessairement un impact dans tous les secteurs directement en lien avec l’activité agricole. Des soutiens doivent compenser les déficits de compétitivité et rémunérer les externalités positives engendrées », estime Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA 61. Des propos confirmés par Christine Dumont, agricultrice et présidente du comité d’expansion de la vallée de l’Orne : « Les friches sont ici maîtrisées, car les agriculteurs ont été soutenus ». 

Bruxelles veut des critères objectifs et mesurables
Dans ce contexte, la dernière carte des zones défavorisée semble ubuesque. Y voir apparaître la plaine de Caen impose à Jean Cézard de se montrer pédagogue... « C’est vrai qu’il y a des choses contre-intuitives », concède-t-il. Afin de réaliser la carte des zones vulnérables, plusieurs critères sont en effet additionnés. Les caractéristiques physiques des sols sont d’abord recensées. Ni l’administration ni la profession ne disposent de détails sur la méthode utilisée. C’est pourtant cette « première couche » qui fait basculer la plaine de Caen. Ensuite, le taux de chargement est observé.  Celui-ci doit être inférieur à 1,4 UGB par hectare. Enfin, le produit brut standard ne doit pas excéder 1850 €/ha. « Les zonages actuels datent des années 70. L’Europe demande donc un nouveau classement selon des critères objectifs et mesurables. Nous pouvons encore modifier la carte », explique le DRAF. Pour y réintégrer la vallée de l’Orne, Jean Cézard a déjà la solution. Les calculs actuels portent sur les petites zones agricoles. En intégrant le bocage virois, la moyenne de la Suisse Normande avait mécaniquement augmenté. « En travaillant à l’échelle du canton ou de la commune, la vallée de l’Orne répond bien aux critères des zones défavorisées ». 

Des critères à trouver pour le secteur de Carrouges
Reste l’épineux dossier du secteur de Carrouges. Ici, un changement d’échelle ne suffit pas. Le pourcentage d’herbe ou le chargement non plus.  « Pour classer en zone défavorisée, il nous faut des chiffres qui reflètent une réalité du terrain. Nous avons besoin de paramètres scientifiques mesurables. Nous devons cibler les endroits les plus difficiles, l’enveloppe budgétaire n’augmentera pas », souligne Jean Cézard. Le nombre de jours de gel, La profondeur de terre et son impact sur la production de l’exploitation, la pluviométrie, le nombre d’habitants au km2, la distance par rapport aux commerces sont autant de critères à étudier. La question de la plaine de Caen demeure également. Considérer le rendement pourrait permettre de la sortir des secteurs à aider. « Je préfère plutôt voir les marais du Bessin en zone défavorisée », conclut Patrice Lepainteur.
Jean Cézard est venu. Il a vu. Il a semblé convaincu. L’administration doit simplement trouver la formule magique pour que les cartes collent  à la réalité du terrain. Car sans soutiens autour de Carrouges ou dans la vallée de l’Orne, les éleveurs ne seront pas toujours irréductibles.

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