Secrétaire d'Etat à la biodiversité
Bérangère Abba : « Garder une âme agricole et d’élevage »
Lundi 11 octobre 2021, la secrétaire d’État à la biodiversité, Bérengère Abba, était en déplacement dans la Manche. Trois points d’étape rythmaient sa journée : la réserve naturelle du domaine de Beaugillot à Sainte-Marie-du-Mont, la brigade d’intervention contre les espèces exotiques envahissantes à Saint-Lô et le barrage de Vezins. Des lieux où la profession agricole a rappelé l’importance de l’agriculture.
Lundi 11 octobre 2021, la secrétaire d’État à la biodiversité, Bérengère Abba, était en déplacement dans la Manche. Trois points d’étape rythmaient sa journée : la réserve naturelle du domaine de Beaugillot à Sainte-Marie-du-Mont, la brigade d’intervention contre les espèces exotiques envahissantes à Saint-Lô et le barrage de Vezins. Des lieux où la profession agricole a rappelé l’importance de l’agriculture.
C’est tout d’abord au nord du département de la Manche, à la réserve naturelle du Domaine de Beauguillot, au cœur de la baie des Veys que la secrétaire de la biodiversité, Bérengère Abba, s’est arrêtée. Une réserve qui va être soutenue dans le cadre du plan de relance à hauteur de 516 648 € pour 646 000 € de travaux. Des travaux qui permettront de sauvegarder l’intégrité des milieux naturels, améliorer les fonctionnalités écologiques du site, valoriser le patrimoine naturel, revoir la politique d’accueil sur l’ensemble du site et connecter la réserve et ses cheminements avec les circuits existants du territoire.
Dans les jours à venir, le nouveau périmètre de cette réserve naturelle nationale devrait être inscrit.
Le calendrier a glissé
Après s’être rendue sur le chantier de la brigade d’intervention contre les espèces exotiques envahissantes à Saint-Lô, notamment contre la crassule de helms, Bérengère Abba a achevé sa visite officielle sur le site du barrage de Vezins. Elle y a confirmé le report de la vidange hydroélectrique de la Roche-qui-boit, sur la Sélune à Ducey. « Le calendrier pour la vidange a glissé du fait de la crise sanitaire. Il était prévu au printemps 2021. Les travaux n’ont pas pu se faire dans les délais impartis. Aujourd’hui, nous avons eu une vraie alerte sur l’impact de cette vidange en termes de sédiments qui en cas de fortes crues liées aux épisodes hivernaux pouvaient impacter les milieux », précise Bérengère Abba.
Pas de problème de financements
Qu’en sera-t-il pour les prochains hivers ? « Nous aurons trouvé les solutions », répond-elle. Des projets lui ont été remis en main propre même si la préfecture les avait déjà, notamment le projet de cheminements dans la vallée portée par la Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie. « Il n’y a pas de blocage, il n’y a pas de problèmes de fonds », assure la représentante du gouvernement. L’ensemble de ces opérations est évalué à 56 millions d’euros. « Des budgets importants qui ne comprennent pas que l’arasement des barrages et la renaturation, mais l’accompagnement d’acteurs, de porteurs de projets, d’agriculteurs pour toute activité, des activités de tourisme de loisirs ou des activités agricoles. Si les projets sont mûrs, on leur trouvera des moyens », insiste-t-elle, en ciblant des crédits dédiés à la transition écologique. Et face aux projets présentés, Bérengère Abba note qu’un « certain nombre font consensus parce qu’ils ont été dessinés par les élus, les habitants. On va déclencher les financements dans les mois qui viennent », garantit la secrétaire d’État.
Préserver la polyculture élevage
Qu’en est-il de l’agriculture ? « Il nous faut garder une âme agricole et d’élevage dans ces territoires », défend Pascal Férey, président de la Chambre d’agriculture de la Manche. Cela se traduit par le maintien de la présence de la polyculture élevage là où elle existe, son rétablissement là où elle n’existe plus. Si rien de concret n’a été acté, le responsable de la chambre consulaire reconnait avoir eu l’écoute de Bérengère Abba. « Elle a été attentive à nos doléances. Et on a le concours des élus », poursuit-il. Elus locaux, acteurs du territoire et agriculteurs devraient ainsi continuer à avancer ensemble sur ces projets.
Parallèlement à la visite officielle, la FDSEA de la Manche avec la Chambre d’agriculture et les Jeunes agriculteurs, ont rencontré Pierre-Edouard Guillain, conseiller écosystèmes terrestres chasse et forêt. Un point important a été abordé, celui de la gestion de la tourbière de Baupte et ses conséquences sur l’activité agricole. « La situation et le devenir du site et ses alentours vont gravement impacter les exploitations agricoles concernées », rappellent Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA de la Manche, Marc Lecoustey, secrétaire général de la Chambre d’agriculture de la Manche et Luc Chardine, président des Jeunes agriculteurs de la Manche. « Les niveaux d’eau sont déjà supérieurs à ce qu’ils étaient les années précédentes. Des parcelles importantes ont d’ores et déjà été inondées », poursuivent-ils.
Le rapport relève bien le caractère prioritaire du « chantier agriculture », avec deux préconisations : penser à l’avenir des éleveurs concernés par la remontée des eaux, et constituer une réserve foncière. Sur les 300 ha concernés par cette remontée des eaux, 99 % sont des prairies. Et la pression foncière est d’autant plus difficile à prévoir que ce territoire abrite des installations de jeunes.
Des récoltes difficiles
Cette année, faucher, faner et récolter le foin n’a pas toujours été possible, mettant à mal les stocks des éleveurs. « Il nous paraît donc indispensable de prendre en charge dès maintenant les coûts d’achats de fourrages pour les exploitants déjà impactés par la montée des eaux », défendent les responsables agricoles. Reste également la sécurisation des deux AOP (camembert et crème d’Isigny). « La première des priorités est de s’assurer que le cahier des charges puisse être respecté par chaque exploitation agricole et surtout le maintien des surfaces en herbe pour l’alimentation du troupeau », indiquent les responsables agricoles, qui ont trouvé un conseiller « ouvert au dialogue, constructif et à l’écoute ». Désormais, ils veulent faire partie des groupes de travail pour que la dimension agricole soit bien prise en compte.