Cidre "Cotentin", dernière ligne droite pour l'AOP
L’AOP se rapproche petit à petit pour le cidre « Cotentin ». La présidente du syndicat de promotion, Marie-Agnès Hérout, productrice à Auvers (Manche) vise la fin novembre pour un nouveau passage en commission.
L’AOP se rapproche petit à petit pour le cidre « Cotentin ». La présidente du syndicat de promotion, Marie-Agnès Hérout, productrice à Auvers (Manche) vise la fin novembre pour un nouveau passage en commission.
Les travaux sur 2014 ont été denses pour le syndicat cidre Cotentin. Affinage de l’aire géographique, inventaire des pommiers, expertise des sols, sans oublier l’aspect bocager des parcelles. Tout a donc été passé au crible par la cohorte d’experts mandatés (Géologue, pédologue, géographe, etc.) “Nous sommes dans l’agriculturel, autrement dit nous défendons à la fois une production et un patrimoine” explique Marie-Agnès Hérout. Une satisfaction, “au bout de 16 ans de travail, nous voyons le bout du tunnel. Désormais, tout est lié à la validation et à l’homologation du cahier des charges, logiquement en novembre prochain”. Dès 1999 Marie-Agnès Hérout, accompagnée de quelques producteurs lançait la démarche, suite à la sortie des AOC (version française de l’AOP) du cidre du Pays d’Auge et du Poiré du Domfrontais.
Exigences sur la qualité
L’assemblée générale, se déroulant vendredi dernier (manoir des Veys,Manche) a été axée avant tout sur les travaux pratiques ; autrement dit la dégustation, sous la houlette de Certipaq, organisme certificateur associatif spécialisé dans les signes d’identification de la qualité à l’origine. Pour le profane, et c’est peut-être le principal problème pour faire connaître un produit de qualité, les cidres se ressemblent tous. Erreur, tout comme les vins cette production a une diversité de crus parfois aussi éloignés que le Bordeaux du vin d’Alsace. “Nous sommes très exigeants sur cette qualité de produit et bien sûr sur les critères de fabrication, à commencer par une gazéification naturelle. Le cidre Cotentin se distingue aussi par sa couleur qui se situe entre le jaune paille et le doré et à̀ la dégustation par un équilibre où prédominent les saveurs amè̀res”. L’objectif affiché est clair, pas question de faire des tonnages faramineux, mais jouer la carte de la restauration et du haut de gamme. D’ailleurs le nombre de producteurs-transformateurs de l’association est peu élevé, huit à ce jour, auquel s’ajoute un jeune en cours d’installation. “Des producteurs, non transformateurs, nous apportent leurs fruits en fonction des variétés spécifiques indiqués dans le cahier des charges”. Une gamme de fruits qui évoluera jusqu’à la rédaction du cahier des charges définitif. “Globalement, nous avons 60% de variétés purement locales et 40% de secondaires (locales et régionales légèrement acidulées)”.
Avoir des pommes, les transformer, sortir un très bon cidre, c’est une chose, mais les vergers, eux, sont la base de tout. “Ce fameux cahier des charges précise bien qu’il faut au moins 30% d’arbres haute-tige pour la mise en œuvre des cuvées”.
La dernière ligne droite semble bien amorcée pour le cidre Cotentin. “Depuis deux ans, nous fonctionnons comme si nous étions déjà en AOP, ce qui prouve tout de même le sérieux de notre démarche”. Dernière phrase de Marie-Agnès Hérout qui en dit long sur les ambitions de la filière. “Si nul n’est prophète en son pays, il existe bel et bien un marché mondial du cidre de qualité avec des cavistes qui exigent le meilleur, tout comme dans la production viticole”.