Chasse
« Déclarez les dégâts de sangliers avant qu’il ne soit trop tard »
Lundi 28 septembre, la Fédération départementale des chasseurs de la Manche était chez Christophe Vastel, agriculteur à Saint-Louet-sur-Vire. L’exploitant a déclaré des dégâts de sangliers, les experts sont venus confirmer.
Lundi 28 septembre, la Fédération départementale des chasseurs de la Manche était chez Christophe Vastel, agriculteur à Saint-Louet-sur-Vire. L’exploitant a déclaré des dégâts de sangliers, les experts sont venus confirmer.
Christophe Vastel élève des porcs à Saint-Louet-sur-Vire. Il cultive 68 ha de maïs. Cette année, dans l’une de ses parcelles, il constate les ravages de sangliers. Alors, il remplit une déclaration de dégâts qu’il envoie à la Fédération des chasseurs. Lundi 28 septembre, Olivier Onfroy et Grégoire Fautrat, techniciens à la fédération ; Thierry Chasles, vice-président, étaient présents pour estimer les dégâts sur la culture. « On a toujours des dégâts, mais souvent on ne tombe pas dessus ou on les voit trop tard. Là, je les ai vus, alors j’ai fait une demande d’indemnisation », raconte Christophe Vastel. Cette année, l’agriculteur veut contribuer à alerter les pouvoirs publics : « il y en a marre ».
Avec un drone, ou pas
« Nous conseillons à l’agriculteur de nous envoyer sa déclaration une dizaine de jours avant d’ensiler sa parcelle, pour que nous ayons le temps de passer », disent les techniciens. Une fois la parcelle récoltée, il est trop tard. « Aujourd’hui, nous mesurons avec un drone, c’est une première, apprécie Grégoire Fautrat. D’habitude, nous estimons manuellement les dégâts : on calcule la surface détruite à 100 % dans une zone endommagée. » Les techniciens estiment le rendement de la parcelle et calculent les pertes. Les chiffres établis sont signés par l’expert et l’exploitant à la sortie du champ. Le technicien ajoute que « l’utilisation du drone pour l’expertise est un outil complémentaire à la méthode traditionnelle, surtout pour les gros dossiers. Nous sommes en période de test, mais c’est certainement un outil d’avenir ».
Budget multiplié par deux
La Fédération nationale des chasseurs fournit aux départements une fourchette de prix d’indemnisation. « Nous nous mettons d’accord avec le monde agricole, avance Thierry Chasles. Dans la Manche, nous avons l’habitude d’indemniser avec la fourchette haute, mais pour ça il faut avoir le budget. » Le vice-président alerte sur la croissance de la population de sangliers dans le département. « En 2018-2019, nous avons multiplié par deux le budget indemnités. Il est passé de 150 000 € à 300 000 €. Ça fait beaucoup. » L’indemnisation des dégâts de sangliers est devenue le deuxième budget de la fédération, après les charges de personnels. En cause, « de plus en plus de friches, une année à glands idéale pour la reproduction, des mauvaises habitudes d’agrainage ». Cette année, la Fédération des chasseurs estime à 2 000 le nombre de sangliers à abattre afin que la population soit maîtrisée. « Une population de sangliers peut être multipliée par deux ou par quatre en une année », insiste Thierry Chasles. La fédération cherche à éviter d’entrer dans un système de bagues pour tuer les animaux, mais qui aurait le mérite de rapporter de l’argent pour payer les indemnisations.
Deux messages
Alors il fait passer deux messages. Le premier, pour les chasseurs : « tuez les sangliers pendant la période de chasse, pour que nous évitions les battues administratives. Et que nous n’entrions pas dans un système de bagues. Que les chasseurs soient sérieux et respectent les conventions d’agrainage ». Le second message est pour les agriculteurs : « allez voir vos parcelles et prévenez-nous quand vous avez des sangliers ou des dégâts chez vous ». Thierry Chasles et Christophe Vastel ont aussi en tête la peste porcine africaine, véhiculée par les sangliers et déjà arrivée en Allemagne. Une véritable catastrophe pour la filière.