Mère – fille : une transmission en toute complicité
[EN IMAGES]« Je marche dans les pas de ma maman »
Du haut de ses 17 ans, Flavie Thomas a fait partie des dix finalistes au concours des Miss et misters agricoles junior qui a eu lieu en fin d’année 2023. Si elle n’a pas remporté le titre, elle a tout de même fait passer des messages, notamment sur la place des femmes en agriculture. Un message porté aussi par sa maman, Karine. Rencontre avec ces deux femmes, complices et déterminées.
Du haut de ses 17 ans, Flavie Thomas a fait partie des dix finalistes au concours des Miss et misters agricoles junior qui a eu lieu en fin d’année 2023. Si elle n’a pas remporté le titre, elle a tout de même fait passer des messages, notamment sur la place des femmes en agriculture. Un message porté aussi par sa maman, Karine. Rencontre avec ces deux femmes, complices et déterminées.
A 17 ans, Flavie Thomas a la tête sur les épaules. L'agricole n'était pas son domaine de prédiction. Elle aurait imaginé être coiffeuse, infirmière… Mais le confinement a eu raison de sa vocation. « Ce fut une révélation », lâche la jeune fille. Effectivement, en période de COVID, elle a chaussé les bottes plus que d'habitude. Et elle a décidé de faire son stage de 3e dans une entreprise d’alimentation animale. Très rapidement, elle a compris qu’elle voulait être au contact des animaux.
On respecte notre voisinage
Pourtant à l’école primaire, elle a plutôt souffert du regard des autres vis-à-vis de la profession de ses parents. Le fait d'être pied d'une ville touristique n'a pas été propice à un regard bienveillant. Pourtant, ses parents, Xavier et Karine sont très attentifs à ceux qui les entourent. " On respecte notre voisinage et on veut qu'on ait une bonne image de nous. On est propre et carré », assure Karine.
Faire sa place
Pour Flavie, sa maman lui ouvre la voix. « Tout ce que fait Maman, je peux le faire », sourit la jeune femme. Et pourtant Karine n’est pas une fille d’agriculteurs, mais elle savait qu’elle voulait être au contact des animaux. « C’est venu tout naturellement » et aujourd’hui elle se dit « plus à l’aise avec une clé de 17 que faire mes carreaux ». Alors au fil des semaines, des mois, elle transmet à sa fille en toute complicité tout comme son papa, Xavier. « Une fille n’est pas là que pour traire. Elle peut être aussi sur un tracteur », note Flavie qui s’empare aussi souvent que possible du volant « parce qu’on me laisse de plus en plus de place », précise-t-elle.
Valoriser la production
Aujourd’hui, Flavie est en terminale CGEA au lycée agricole de Coutances, établissement que sa maman a fréquenté pour ses études. Et au cours de ses stages, elle a pu voir un autre système que celui qui est à la maison. À l’EARL de Larture (100 vaches laitières, 114 ha), dirigé par Xavier et Karine, tout est automatisé avec des robots de traite. « On est autonome. On fait les inséminations, les échographies, on gère les vêlages, les fièvres de lait, les pattes… », précise Karine. Un vrai lieu d’apprentissage pour Flavie, tout comme son frère Maxime du haut de ses 11 ans. « Je peux paraitre exigeante mais j’essaie de la briefer au mieux, de lui montrer le maximum de choses pour éviter le danger…. », note Karine. Alors aller dans une autre ferme où « il faut pailler à la main, s’approprier une salle de traite », est donc une nouvelle expérience. Cela ne lui pose pas de problème. Pour son bac pro, elle a trouvé une ferme qui lui fait confiance, le GAEC de l’Oiserée à Saint-Planchers. « Ce qui me plaît c’est être dehors, faire du tracteur, d’être avec les animaux », précise la jeune fille, qui a déjà imaginé son parcours. L’objectif est de poursuivre par un BTS Acse en alternance et un CS lait. « Je vais aller travailler à l’extérieur et ensuite m’installer avec papa et maman », dit-elle avec un regard complice envers Karine, avec l’idée de faire un atelier de transformation pour valoriser la production, étant au pied d’une ville touristique.
Partie un mois en Irlande
Même si Flavie n’a que 17 ans, elle n’hésite pas à franchir des frontières. Elle est partie un mois en stage en Irlande dans une exploitation de 230 vaches laitières, trois robots et un système tout herbe. Ses professeurs lui ont proposé de partir parce qu’elle avait un bon niveau en anglais et une capacité d’adaptation. « J’étais fière pour elle », souligne Karine parce que 16 ans il n’y a pas forcément beaucoup de jeunes qui ont l’opportunité de partir. C’est une nouvelle expérience pour elle.
Miss agricole : parmi les 10 premières
Active sur les réseaux sociaux, elle cherche avant tout à communiquer sur son quotidien et sur sa passion de l’élevage. C’est pour cette raison qu’elle a participé aussi au concours de Miss agricole dans la catégorie junior. Et elle a terminé parmi les 10 premières. Son portrait diffusé sur la page Facebook des Miss et Mister agricole a suscité par moins de 48 commentaires, 286 partages et plus de 1 500 likes. « Je l’ai fait pour m’amuser et pour montrer aussi que la femme a sa place dans l’agriculture. Ce n’est pas qu’un métier d’homme. ». Et dans sa formation, « on est plus de filles que de garçons », précise-t-elle.
Engagée au sein des JA Granville Bréhal
L’année dernière, Flavie avait également participé au concours des olympiades des salariés agricoles. Et elle l’avait terminé première féminine du concours. Aujourd’hui elle a intégré les Jeunes agriculteurs des cantons de Granville et Bréhal, une toute nouvelle équipe qui s’est mise en place en fin d’année 2023.
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Et là aussi elle a trouvé sa place au milieu d’une trentaine de personnes. « On est une bonne équipe. Et on souhaite montrer une bonne image de l’agriculture, des jeunes,… », indique-t-elle. Pour les fêtes, « on a installé des bonhommes de paille sur les bords des routes. C’était une bonne action », reconnait la jeune fille. Là aussi Flavie marche dans les pas de sa mère parce que Karine a été investie au sein des JA comme présidente du canton. « Ma maman un exemple pour moi », conclut Flavie.