Lait bio
[EN IMAGES] Le préfet se met à l'herbe lors d'une visite dans le Bessin
Le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, continue de battre la campagne normande. Après la visite de la coopérative linière de Cagny, jeudi 15 février, puis d'Isigny Sainte-Mère, vendredi 16 février 2024, c'est dans une exploitation laitière à Lingèvres, lundi 19 février 2024, qu'il a chaussé les bottes.
Le préfet du Calvados, Stéphane Bredin, continue de battre la campagne normande. Après la visite de la coopérative linière de Cagny, jeudi 15 février, puis d'Isigny Sainte-Mère, vendredi 16 février 2024, c'est dans une exploitation laitière à Lingèvres, lundi 19 février 2024, qu'il a chaussé les bottes.
Battre le fer tant qu'il est chaud ! Après plusieurs semaines de manifestations, les syndicats agricoles ont bien compris l'importance de maintenir la pression et surtout de multiplier les échanges avec les représentants de l’État à l'approche du Salon de l'agriculture 2024.
C'est pourquoi la FDSEA du Calvados et les Jeunes agriculteurs ont convié le préfet à la visite d'une exploitation laitière située à Lingèvres (Bessin). Lundi 19 février 2024, Stéphane Bredin a donc chaussé les bottes sur les terres de Samuel Biderre, éleveur investi et passionné d'herbe.
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Situation
Lorsqu'il a repris la ferme familiale, Samuel Biderre s'est lancé avec un outil "polyvalent et conventionnel", explique-t-il en introduction de sa visite. Pour autant et avec la crise du lait en 2015, "on perdait de l'argent", confie-t-il. Avec un maillage bocager développé - ici, un linéaire de 19 km de haies, soit 145 m/ha - produire des céréales s'avère mission quasi impossible dans ce sol fait d'argile à silex.
C'est pourquoi l'éleveur de Prim'Holstein, de Brunes des Alpes, de Kiwis - race rustique issue d'un croisement entre la Jersiaise et la Frisonne-Pie Noire, originaire de Nouvelle-Zélande - et de Normandes a choisi de se convertir en agriculture biologique en 2020 et de tout miser sur l'herbe. "Nous avons un terroir qui permet de produire de l'herbe pour un maximum de lait", juge-t-il.
Avec un troupeau de 170 vaches, il produit environ 800 000 litres de lait par an et il emploie un salarié à plein temps - le second vient de partir - ainsi qu'un apprenti et il fait appel au service de remplacement.
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Des aides supprimées
Avec cette visite, la FDSEA et les JA ont souhaité montrer au préfet la fragilité d'un système qui coche pourtant toutes les cases de l'autonomie, la durabilité et la performance. Jean-François Bar, président de la section bio de la FDSEA, alerte : "l'aide au maintien à l'AB a été supprimée".
Chez Samuel Biderre, les aides PAC représentent 20 % - dont 6 % d'aide au maintien à l'AB - du chiffre d'affaires. L'aide au maintien à l'AB Collecté par la coopérative Isigny Sainte-Mère, il est rémunéré sur la base de 510 €/1 000 l en bio, contre environ 450 €/1 000 l en conventionnel. "Le marché est plombé, il stagne. Ce qui me choque c'est que, plutôt que de donner une enveloppe bio nationale, il faudrait mieux aider les restaurants et les cantines à appliquer Egalim", suggère-t-il.
Et le préfet de reconnaître : "Selon les collectivités, c'est extrêmement variable. Sur Caen, le Crous avec ses 35 000 étudiants respecte déjà les cahiers des charges. [...] C'est une histoire de négociations de contrats historiques, et non pas qu'une histoire de volonté." "Quand on met un pied en avant, on en fait deux en arrière à cause des contraintes", déplore Samuel.
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Deux heures
D'autres sujets tels que les difficultés d'accès à des aides pour la remise en herbe et Maec, à la valorisation du bois de haie ou encore les problématiques de parasitisme (strongles par exemple), de pression des sangliers, de stress lié à la tuberculose bovine - l'éleveur s'apprête à faire sa prophylaxie - et d'endettement ont été évoqués pendant plus de deux heures. "Il faut qu'on ait plus de souplesse", enjoint Xavier Hay.