[EN IMAGES] Le sous-préfet de Lisieux à l'écoute du Gaec Leroux, entre lait et lin
À l'initiative de la Chambre d'agriculture du Calvados, le sous-préfet de Lisieux, Guy Fitzer, s'est rendu sur l'exploitation de la famille Leroux, jeudi 10 avril. À Courtonne-les-Deux-Églises, la ferme doit se remettre en question constamment afin de perdurer et de sécuriser son revenu.
À l'initiative de la Chambre d'agriculture du Calvados, le sous-préfet de Lisieux, Guy Fitzer, s'est rendu sur l'exploitation de la famille Leroux, jeudi 10 avril. À Courtonne-les-Deux-Églises, la ferme doit se remettre en question constamment afin de perdurer et de sécuriser son revenu.
Chez les Leroux, je demande le père, la mère, les filles et le gendre. Thierry, Cécile, Camille, Emmanuelle et Clément Beltoise se partagent les tâches à la ferme de la Fontaine à Courtonne-les-Deux-Églises.
Avec 340 ha de surface, dont 93 ha d'herbe, ils élèvent une centaine de vaches Normande, dont le lait est collecté et valorisé en AOP par Graindorge (Lactalis) pour fabriquer le fameux livarot.
C'est sur cette exploitation en polyculture élevage que le sous-préfet de Lisieux, Guy Fitzer, a fait le déplacement jeudi 10 avril 2024. Sur invitation de la Chambre d'agriculture du Calvados, il a visité la ferme avec un enthousiasme non dissimulé. "Je suis ravi d'être parmi vous pour comprendre les préoccupations du terrain et voir en macro quels sont les enjeux du secteur", a-t-il introduit.
Lire aussi : Lait AOP : " il ne faut pas diminuer le prix "
Une ferme qui évolue
Thierry, 61 ans, a grandi ici. Naturellement, il a repris en 1986 la ferme familiale. Sa femme l'a rejoint officiellement dans l'aventure en tant qu'associée en 2006. De 55 vaches laitières à 100 désormais, "petit à petit, nous nous sommes développés jusqu'à la crise laitière en 2009 qui m'a mis un gros coup au moral", se remémore-t-il.
Mais la passion des Normandes était trop forte. "C'est une vache complète, calme et équilibrée. J'aime le travail de génétique, d'ailleurs aujourd'hui nous faisons une transplantation d'embryons", enjoint-il au sous-préfet.
En 2020, il est rejoint par Camille, en charge des 16 ha de pommiers basses tiges en agriculture biologique, et son conjoint Clément Beltoise, sur la partie grandes cultures. Emmanuelle, installée depuis le 1er avril 2024, gère l'atelier laitier.
Lire aussi : Robot et pâture, un bon combo pour la Normande ?
Tenter le lin
Afin de diversifier le revenu et de rebondir après la crise laitière de 2009, le Gaec s'est lancé dans le lin depuis quelques années. Au départ, avec 10 à 15 ha, Clément Beltoise mise désormais sur 40 ha.
"Un marché de niche" qui rapporte - "mais jusqu'à quand ?", interroge Jean-Yves Heurtin, président de la CA14. La ferme de la Fontaine a investi dans un retourneuse avec l'exploitation voisine.
Lire aussi : À la coopérative linière Cagny : le lin d'hiver prend largement les devants
Lenteur administrative
Dans l'optique du futur départ en retraite des parents, le Gaec a choisi d'investir dans deux robots de traite Lely qu'ils installeront début 2025. "Le robot, c'est un vrai moyen de conserver l'élevage sur notre territoire", explique Clément Lebrun, vice-président de la CA14 à destination du sous-préfet.
Cependant une problématique se pose. Les parcelles sont séparées par une route départementale. Il faut donc construire un boviduc pour garantir l'accès indépendant des vaches aux paddocks - au nombre de 20 au total. "On nous oppose qu'il faut un an d'attente, les cartes ne sont pas à jour et indiquent que la nappe phréatique est à un mètre sous la route. Ce qui est impossible vu la ferme en contrebas. L'étude pour actualiser ces cartes coûte 17 000 € sans garantie de pouvoir faire les travaux derrière", résume Emmanuelle Leroux.
"Quand on sait que nous serons déficitaires en lait en 2028 en France, il est grand temps de se remuer. [...] Ce dont nous avons le plus besoin, ce sont des clauses miroirs, sans quoi on assassine notre agriculture française", alerte à son tour Thierry Leroux, agacé par les incohérences administratives.
Une revendication entendue par le sous-préfet, lequel s'est notamment engagé à suivre le dossier du Gaec avec la Dreal et le conseil départemental. "On ne peut pas se priver de la technologie juste pour une histoire de boviduc", surenchérit Clément Lebrun. "Il faut se concerter, discuter et avancer", admet Guy Fitzer.
Lire aussi : [EN IMAGES] Le préfet se met à l'herbe lors d'une visite dans le Bessin